Riches vs précaires : 20 villes françaises avec les plus grandes disparités sociales
Liberté, égalité, fraternité… Certains points ont encore une marge de progression, il faut se l’avouer ! C’est ce qu’indique Le Rapport sur les inégalités 2025 de l’Observatoire des inégalités, dressant un panorama complet des fractures sociales en France. À travers cinq chapitres (revenus, éducation, travail, modes de vie, territoires) il analyse méthodiquement les écarts en s'appuyant sur les données les plus récentes. Dans cette édition, un palmarès des 20 villes les plus inégalitaires est dressé, dont, fait notable, 15 sont en région parisienne.
Comment expliquer ces disparités ?
Ces disparités s'expliquent par une combinaison de facteurs économiques, urbains et sociaux. Dans de nombreuses communes, notamment en Île-de-France, la concentration de hauts revenus s’accompagne de la présence de ménages modestes, souvent logés dans des quartiers sociaux ou des logements anciens encore abordables. Ce voisinage forcé crée un contraste saisissant entre cadres supérieurs et travailleurs précaires. À cela s’ajoute une flambée immobilière qui exclut progressivement les classes moyennes, renforçant la fracture. Certaines villes, proches de centres d’affaires ou de zones frontalières, attirent une population aisée sans parvenir à faire disparaître la pauvreté locale. En somme, ces écarts traduisent un modèle urbain dual, où la richesse cohabite avec la précarité, sans toujours se rencontrer.
Des politiques locales favorisant les écarts
Autre facteur majeur : les politiques locales d’aménagement et de logement. En effet, dans certaines villes très attractives, les mairies favorisent les programmes immobiliers haut de gamme pour attirer une population aisée, au détriment du logement social ou intermédiaire. Cette logique renforce la "ghettoïsation", car elle repousse les foyers modestes vers les quartiers déjà fragiles, accentuant la ségrégation spatiale. Parallèlement, le manque d’équipements publics dans les zones pauvres (écoles, transports, accès à la santé) creuse encore les inégalités d’opportunités. De nombreuses communes riches choisissent aussi d’assumer une politique d’exclusion discrète : peu de logements accessibles, peu de mixité sociale, peu d’insertion. Ce choix assumé ou non contribue à figer les inégalités territoriales, rendant difficile toute ascension sociale locale. Résultat : les villes deviennent des vitrines à double face, où les écarts de revenus reflètent aussi des écarts de destin.
Quelles sont les 20 villes épinglées par l’Observatoire des inégalités ? Planet fait le point.
Saint-Paul (La Réunion), 20e du classement
Avec un ratio de 4,59, Saint-Paul, à La Réunion, témoigne des profondes inégalités économiques dans les Outre-mer. Les plus pauvres y gagnent moins de 771 €, un des seuils les plus bas du classement, pendant que les riches dépassent 3 541 €. La fracture sociale y est aussi territoriale, entre littoral attractif et hauts enclavés.
Nancy : 19e du classement
Nancy affiche un rapport de 4,61 avec des revenus allant de 829 € à 3 825 €. La ville universitaire est marquée par une forte population étudiante et une dualité entre centre rénové et périphéries moins favorisées. Les écarts y restent importants, même en dehors de la région parisienne.
Clichy : 18e du classement
Clichy, avec un rapport de 4,62, connaît un fort contraste social. Les pauvres y vivent avec 831 €, les riches gagnent au moins 3 843 €. La ville se gentrifie rapidement, mais la cohabitation entre précarité et prospérité crée une tension croissante sur les prix et l’espace.
Courbevoie : 17e du top
Courbevoie présente un rapport de 4,66. Les plus pauvres disposent de moins de 1 102 €, les plus riches dépassent les 5 129 €. À deux pas du quartier d'affaires de La Défense, cette ville concentre des profils très hétérogènes, entre cadres supérieurs et ménages fragiles confrontés à un coût de la vie élevé.
Saint-Denis : 16e du palmarès
Saint-Denis, malgré un rapport de 4,66, enregistre le revenu maximum des plus pauvres le plus bas : 755 €. Les plus riches, eux, gagnent au moins 3 518 €. La pauvreté structurelle y est telle que l'écart relatif masque une réalité sociale particulièrement dure.
Colombes : 15e du top
Avec un rapport de 4,69, Colombes reflète un territoire en recomposition. Les plus pauvres gagnent moins de 934 €, les plus riches dépassent les 4 377 €. Cette commune de la proche banlieue parisienne combine rénovations urbaines, arrivée de CSP+ et maintien de poches de pauvreté.
Meudon : 14e du classement
À Meudon, le ratio est de 4,74. Les revenus des 10 % les plus pauvres plafonnent à 1 128 €, tandis que les plus riches touchent plus de 5 352 €. Derrière l’image d’une commune résidentielle de standing, certaines zones restent exclues du dynamisme économique local.