Qui est Maëva B, l'ex-compagne de Salah Abdeslam, incarcérée pour projet d'attentat ?
Maëva B. Ce prénom sans patronyme a fait la une la semaine dernière. La jeune, femme, âgée de 27 ans et qui serait née en 1998 à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne en 1998, s'est fait connaitre suite à une enquête menée par le parquet national antiterroriste, pour "recel d’objet illicite à détenu." Elle a remis au parloir (et l'aurait admis en garde à vue), lors de visites en prison à son ex-compagnon Salah Abdeslam, une ou des clés USB contenant de la propagande djihadiste.
Une jeune femme perdue qui se radicalise
D'après les informations du Parisien, Maëva B. s'était convertie après avoir "été sauvée" par l'islam, avait-elle confié à Salah Abdeslam, après une période de dépression et d'anorexie. Ces fait ont été établis après lecture d'un des nombreux courriers qu'elle échangeait avec l'unique survivant des attentats du 13-Novembre, condamné et incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil à la perpétuité incompressible. Cette correspondance épistolaire aurait débuté en décembre 2018.
Ce sont ses rêves, qui l'auraient poussée à prendre contact avec le terroriste. On peut lire dans une lettre, citée par nos confrères : "Cette nuit, Allah m’a fait rêver de toi, je ne saurais plus te dire quel était ce rêve (…) mais à mon réveil, mes yeux éprouvaient beaucoup de mal à retenir mes larmes, comme si ce qu’il venait de se passer dans mon sommeil m’avait bouleversée. Je ne sais pas pourquoi Notre Seigneur m’a montré cette image dans mon sommeil, seul lui détient ce savoir… Mais elle m’a donné l’envie de t’écrire une nouvelle fois."
Une faille judiciaire dont Maëva B. a profité ?
Le 8 décembre 2018 révèle le quotidien, la jeune femme tente sa chance et écrit directement au juge antiterroriste en charge de l'enquête sur les attentats. Son souhait : rencontrer et apporter à Salah Abdeslam "Un soutien moral et entretenir les liens qui nous unissent dans cette épreuve. Dans l’espoir que vous répondrez favorablement à cette demande, je vous prie de croire, monsieur le juge, à l’assurance de ma considération distinguée." Le juge refuse, car Maëva B. n'est pas une proche de l'ennemi public numéro un, et ne le connaissait pas avant son incarcération.
Le Parisien précise que cette relation à distance avait d'abord une volonté théologique de la part de la jeune femme, qui voulait obtenir des conseils sur la pratique. Et de citer d'autres extraits de courriers dans lesquels elle essayer d'orienter Abdeslam vers la rédemption : "Certains disent que la foi peut être dénuée d’acte mais c’est faux (…) Ce qui est sûr, c’est que le musulman ne peut pas rester en enfer éternellement (…). Qu’Allah nous éloigne de l’enfer." La propre mère du djihadiste approuvait cette "relation", ce dernier se posant en autorité religieuse et lui répondant : "Si tu n’arrives pas à réciter (les sourates) en arabe, tu peux réciter en français. Si tu as une question, ne te gêne pas, si je suis en mesure de répondre, je le ferai."
Pourtant sous surveillance, elle obtient gain de cause
Décrite comme "proche de la mouvance islamiste radicale" par les services de renseignement, Maëva B. va pourtant obtenir ce qu'elle désirait, la correspondance s'étant transformée en histoire d'amour. Malgré une enquête administrative et de sécurité pour s'assurer qu'elle ne représente aucun danger, elle est autorisée à rencontrer Abdeslam en prison courant 2024. Il revenait de Belgique où il avait été jugé pour les attentats de Bruxelles. N'ayant fait appel dans aucun des procès, il était passé du régime de la détention provisoire aux conditions définitives correspondant à sa peine, ce qui lui accordait paradoxalement un peu plus de latitude.
C'est donc lors d'un de ses parloirs que la jeune femme va lui remettre les clés USB - qui n'ont pas été retrouvées - qui contenaient, d'après le Pnat, après analyse de l'ordinateur personnel de Salah Abdeslam, dépourvu de connexion Internet "de nombreux enregistrements sous forme de chemins d’accès à des fichiers audio, images ou vidéos » ayant trait « à la propagande officielle d’organisations terroristes, État islamique ou Al-Qaïda."
Maëva B. et Salah Abdeslam sont depuis séparés
L'affaire a été découverte le 17 janvier dernier par des matons. Maëva B. (qui a même été hébergé par la famille du terroriste en Belgique, où des auditions ont permis de l'identifier) et Abdeslam sont séparés depuis avril 2025. Ils n'ont plus eu de contact depuis, raison pour laquelle lui n'est pas mis en cause pour les faits les plus graves, découverts par les enquêteurs de la Sdat (sous-direction anti-terroriste).
Un attentat en préparation ?
En plus de l'affaire des clés USB, déjà très grave, Maëva B. a été mise en examen et placée en détention pour un projet d'attentat djihadiste. La Sdat, en perquisitionnant son domicile, a mis la main sur des "supports numériques" où figuraient "plusieurs discussions ou recherches relatives à l’élaboration d’un projet distinct d’action violente, sans lien avec Salah Abdeslam."
La jeune femme avait rencontré un homme sur les réseaux sociaux, Lounis S., habitant à Grenoble d'après Le Parisien. Elle s'était marié religieusement, à distance, avec lui. Les deux, décrits comme "très radicalisés", ont contacté et entraîné avec eux une adolescente de 17 ans originaire de Montpellier, avec pour intention de rejoindre un groupe djihadiste ou commettre une action terroriste sur le sol français.
Nos confrères précisent : "Une seconde information judiciaire est ouverte dans la foulée par le Pnat pour 'association de malfaiteurs terroriste en vue de la commission d’un crime d’atteinte aux personnes'." Les deux nouveaux protagonistes ont été mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et mis en détention provisoire. Quant à Maëva B., les enquêteurs indiquent qu'elle a "une fascination pour le djihad."