L’hexane : ces aliments qui contiennent des polluants

C’est un mot que vous n’avez sans doute jamais lu sur une étiquette et pour cause : il n’est pas obligatoire de le mentionner. Pourtant, ce solvant utilisé depuis des décennies par l’industrie agroalimentaire pourrait bien faire partie de votre alimentation. Issu de la pétrochimie, l’hexane sert principalement à extraire de l’huile à partir de graines. 

Mais son utilisation inquiète car il est reconnu comme neurotoxique et perturbateur endocrinien pour l’homme, sous forme inhalée ou à fortes doses dans l’alimentation, indique 60 Millions de Consommateurs. “En septembre, l’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) a estimé nécessaire de réévaluer ce composé chimique, précise Brigitte Le Magueresse, directrice de recherche à l’université Lyon 1. Car l’exposition alimentaire s’avère plus fréquente que supposé auparavant.”

Des produits inattendus touchés

Selon une enquête de Radio France, publiée le 24 mai dernier, ce produit chimique a été détecté dans de nombreux aliments vendus dans le commerce. Et pas uniquement dans ceux pour lesquels son usage est autorisé. Des résidus ont aussi été trouvés dans des produits que l’on pensait à l’abri de toute contamination industrielle. “La cellule investigation de Radio France a obtenu des analyses montrant la présence de résidus d’hexane dans plusieurs échantillons alimentaires. Sur 54 produits testés, par le centre commun de mesures de l’université de la Côte d’Opale à Dunkerque et un autre laboratoire privé, 25 contenaient des résidus d’hexane”, indique l’enquête de nos confrères. 

Une législation dépassée ?

Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que tout cela est, pour l’instant, parfaitement légal. Les seuils de résidus autorisés n’ont pas été révisés depuis près de trente ans, et aucune règle n’encadre la présence de ce polluant dans certains produits d’origine animale. De plus, les industriels ne sont pas tenus de mentionner son usage sur l’emballage, contrairement aux additifs ou conservateurs.

Pourtant, les effets sur la santé inquiètent. En 2009, l’Anses a classé le “n-hexane”, molécule principale de l’hexane, parmi les potentiels perturbateurs endocriniens. L’agence recommandait aux femmes enceintes de limiter leur exposition par inhalation, notamment via les peintures, colles ou aérosols. Mais aucune mise en garde n’était formulée concernant l’alimentation. Cinq ans plus tard, en 2014, l’agence française publiait un nouveau rapport rappelant le caractère neurotoxique et reprotoxique du “n-hexane”, autrement dit, ses effets nocifs sur le système nerveux et la fertilité.

L’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) a annoncé qu’une réévaluation complète de sa toxicité était en cours. En attendant, une proposition de loi a été déposée pour exiger plus de transparence.

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