La France surveille ces 13 paradis fiscaux

La France, à l'instar de l'Union européenne et de l’OCDE, mène une politique de plus en plus ferme contre les paradis fiscaux. A travers sa liste des Etats et territoires non coopératifs (ETNC), publiée chaque année, elle cible les juridictions qui ne respectent pas les obligations d'échange d’informations fiscales, tolèrent les montages extraterritoriaux opaques et ne garantissent ni transparence ni équité en matière de taxation. L’objectif est clair : encadrer, dissuader et, si nécessaire, sanctionner les transferts illicites de capitaux qui grèvent les recettes publiques.
La dernière mise à jour, intervenue par arrêté en avril 2025 et publiée au Journal officiel début mai, a stabilisé la liste française à treize entités, dont bon nombre figurent aussi sur la liste noire européenne. Ce choix n’est pas anodin : la France applique ainsi la directive européenne lui imposant d'aligner sa propre liste sur celle de l’Union, tout en y ajoutant des contraintes nationales supplémentaires.
L’inscription sur cette liste noire française engage des conséquences concrètes. Les flux financiers en provenance de ces Etats vers la France peuvent être taxés de manière plus lourde : retenue à la source de 75%, obligations déclaratives renforcées… autant de mesures destinées à compenser le manque de coopération fiscale de ces juridictions. Ce choix n’entraîne pas seulement un signal diplomatique fort : elle traduit une volonté d’asphyxie progressive de l’usage des paradis fiscaux, en en alourdissant le coût pour les utilisateurs.
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Un système critiqué par les ONG
Dans ce paysage, de nombreux observateurs, comme l’ONG Oxfam, soulignent les limites du modèle français et européen. Première critique : l’absence des grandes places financières telles que la Suisse, le Luxembourg, les Pays‑Bas ou Chypre, pourtant fréquemment utilisées pour des montages complexes. Ces pays, majoritairement membres de l’Union, échappent automatiquement à une étiquette de paradis fiscal au motif d’un cadre fiscal communautaire, malgré leur rôle prépondérant en matière d'optimisation. Deuxième critique : les critères retenus, centrés sur l’échange d’information et la transparence, occultent d’autres pratiques problématiques, comme les niches opacifiantes ou les législations avantageuses aux sociétés écran.
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Malgré ces critiques, l’extension de la liste française à treize pays marque une inflexion notable. Plusieurs micro-juridictions, longtemps tolérées pour leur opacité, sont désormais sanctionnées : Fidji, Guam, Samoa (les deux versions), Anguilla et Trinité‑et‑Tobago rejoignent désormais la liste. Leur présence contraste avec l’idée reçue selon laquelle seuls quelques paradis de l’Atlantique nord seraient visés. Bien au contraire, la posture est mondiale et touche aussi bien l'Asie‑Pacifique que les Caraïbes.
Cette politique s’inscrit dans une vision à long terme. La France mise sur un effet domino : affaiblir la légitimité fiscale du modèle paradis, réduire l’attrait pour les investisseurs opportunistes et réorienter les capitaux vers les territoires transparents. Elle anticipe aussi la pression internationale sur l’harmonisation fiscale, à travers l’OCDE et l’Union européenne, qui renforcent sans relâche les standards de bonne gouvernance fiscale.
Dans notre diaporama, découvrez les 13 pays inscrits sur la liste.
Antigua-et-Barbuda

Pour être considéré comme résident fiscal à Antigua-et-Barbuda, il suffit de passer au moins 180 jours par an dans le pays, bien que cette durée soit susceptible d'être réduite à 30 jours en 2025, ce qui rend la résidence fiscale très flexible.
îles Turques-et-Caïques

Les îles Turques-et-Caïques étaient sorties de la liste en 2024 avant de la réintégrer en 2025.
Anguilla

Les personnes physiques résidentes et non-résidentes bénéficient d'un impôt zéro, et ce pour les : impôt sur le revenu, les droits de successions ainsi que l'impôt sur la fortune.
Vanuatu

L'Union européenne a reproché au Vanuatu de favoriser le développement de structures off-shores à leurs avantages.
Fidji

L'Europe a déploré un système de taxes préférentielles dangereux aux Fidji.
Guam

Les paradis fiscaux défrayent régulièrement la chronique.
îles Vierges américaines

Le territoire a une politique fiscale tendant à accorder des avantages à des entreprises s'implantant dans le territoire, ce qui conduit à le faire considérer comme un paradis fiscal.