Hôpital et traitement des patients : les choix cornéliens qui attendent les médecinsAFP
L'épidémie qui frappe la France est rude et le personnel soignant s'attend déjà à ne pas pouvoir gérer l'afflux de malades. Les autorités alertent : faudra-t-il choisir quels patients seront traités et lesquels ne le seront pas ? Le ministre de la Santé assure que non.
Sommaire

La décision vient d'en haut. En effet, la direction générale de la santé vient de recevoir un texte enjoignant les hôpitaux à choisir avec attention les patients qui disposeront ou non d'un lit. Lundi 16 mars 2020, dans la soirée, les autorités recensaient 146 décès et plusieurs milliers de personnes contaminées par le coronavirus Covid-19, rappelle Le Parisien. Sur le plateau de France Inter, Jérôme Salomon tirait récemment la sonnette d'alarme. "La progression de l'épidémie est inquiétante, la situation se détériore très vite, le nombre de cas double tous les trois jours", a-t-il expliqué.

Pour lutter contre la propagation de la maladie, Emmanuel Macron a décidé de mettre la France sous cloche pour au moins quinze jours, à compter du mardi 17 mars 2020, à midi pétante. Cependant, rapporte Le Monde, cela pourrait ne pas suffire à endiguer le problème auquel est confronté le personnel soignant. "Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Quand on aura une pression énorme pour admettre des patients qui attendront à la porte, la question va se poser franchement", détaille Bertrand Guidet, chef du service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Saint-Antoine de Paris. Il fait partie de celles et ceux qui ont rédigé le texte de consignes communiqué aux soignants, précise le journal de référence.

Intitulé "Priorisation de l'accès aux soins critiques dans un contexte de pandémie", il a été distribué aux autorités compétentes le mardi 17 mars, au lendemain de l'allocution du président de la République. C'est lui qui édicte les critères à prendre en compte au moment de faire le choix de garder ou non un patient atteint du Covid-19. Une éventualité à laquelle il faut se préparer, mais qui inquiète de toute évidence le monsieur Coronavirus du gouvernement.

"Ce serait catastrophique de devoir en arriver à trier des personnes", a en effet déclaré Jérôme Salomon, qui évoque sans ambages les problèmes de place disponible en réanimation. En bonne logique, détaille le quotidien du soir, les médecins devront s'appuyer sur le "score de fragilité", qui permet de classer les personnes souffrant du coronavirus selon l'état de santé qui était le leur avant qu'ils ne soient contaminés. Une question demeure, cependant : dans quel cas un malade peut-il espérer bénéficier d'un lit ?

Coronavirus : disposerez-vous d'un lit si vous tombez malade ?

"Tout malade est soigné. On ne laisse personne à l'extérieur d'un hôpital", tranche d'entrée de jeu le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, invité sur le plateau de LCI. La question, explique-t-il, "c'est jusqu'om vont les soins accordés à des malades dont l'état est critique".

Certains cas, parmi les plus désespérés, pourraient donc ne pas être traités comme ils auraient pu l'être hors période d'épidémie. Problème de ressources, certes, mais aussi de matériel, comme c'est d'ores et déjà le cas en Italie, autre épicentre européen de la pandémie.

Coronavirus : les cas qui inquiètent le ministre de la Santé

"5% des patients peuvent présenter des formes sévères avec réanimation, avec ce qu'on appelle un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). C'est un phénomène réactionnel à l'infection virale qui aggrave l'état clinique et qui nous pousse à plonger les patients dans le coma pour les aider à respirer. Ce SDRA a un pourcentage de mortalité extrêmement élevé. Il va frapper en particulier des personnes âgées, porteuses de fragilités avec des maladies chroniques sous-jacentes, voire des maladies aiguës sous-jacentes. Parfois, ce sont des personnes qui ont d'autres infections et dont l'infection par le coronavirus va précipiter l'état clinique", alerte le ministre, qui décrit certains des cas les plus graves. Ceux-là, explique-t-il, pourraient ne plus être traités exactement de la même façon qu'en temps normal, si les efforts actuellement mobilisés ne sont pas suffisant pour endiguer la pandémie.

Et pour cause, souligne-t-il en prenant l'exemple de "quelqu'un qui a 95 ans, avec des troubles respiratoires graves dont on sait que le risque de mortalité est immense". Hors période d'épidémie, il aurait été tentant d'offrir "24 à 48h de plus aux proches" en envoyant ce patient vers les services de réanimation. Or, dans une situation comme celle constaté actuellement et qui nécessite une mise sous cloche du pays, "il y a une très forte tension dans les services de réanimation" et, mécaniquement, "c'est une question que vous ne pouvez parfois plus vous poser", détaille Olivier Véran.

Et lui de reconnaître: "Lorsque vous voyez d'autres malades plus jeunes, qui ont moins de comorbidité, moins de fragilités, et qui sont à risque de présenter le même type de complication respiratoire, évidemment que cela peut peser dans votre décision".

Pour protéger le personnel soignant qui pourrait se retrouver confronter à ce genre de dilemme, le ministre a annoncé la création dans chaque établissement d'une "cellule éthique de soutien". Il n'a pas manqué de rappeler qu'il ne s'agissait pas d'une sélection, au sens "où on dirait on peut sauver un patient mais on n'a pas le temps ni la place".

Coronavirus : que faut-il faire si vous présentez des symptômes ressemblant à ceux de la maladie ?

Plusieurs symptômes du coronavirus correspondent aussi à ceux rencontré en cas d'état grippal classique, rappelle Cnews. En cas de doute, il importe donc de surveiller certains éléments :

  • Fièvre, supérieur à 37,5°C
  • Toux sèche ou grasse
  • Problèmes respiratoires et sentiment d'oppression ou de douleur au niveau de la cage thoracique
  • Frisson, fatigue inhabituelle ou maux de têtes

Si la situation s'avère angoissante, il faut alors contacter le 15 (numéro de téléphone du Samu) et éviter toute forme de contact, y compris avec son médecin traitant ou les urgences hospitalières.

Les autorités compétentes ont ouvert un numéro spécifiquement dédié aux questions relatives au coronavirus Covid-19 pour éviter tout surchargement de la ligne. Il s'agit du 0800.130.000.

Pour ne pas prendre de risque, même en période de confinement, pensé à vous lavez les mains régulièrement. Le gel hydro-alcoolique peut s'avérer très utile. S'il vous sortir, munissez vous de votre attestation et pensez à maintenir les distances de sécurité réglementaires (au moins un mètre) entre vous et les autres personnes que vous pourriez être amenés à croiser.