
Ce samedi 8 février, les obsèques du petit Émile se sont déroulées lors d'un office religieux à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). Après son inhumation à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), Anne et...
Après avoir passé une bonne partie de leur vie à gérer l’éducation des enfants, les parents actionnent le mode passent en mode "off" une fois que leurs enfants deviennent parents à leur tour.
Un rôle qui leur permet de pouponner leurs petits-enfants, tout en les gâtant et en leur faisant des bons petits plats. A la différence des parents, les grand-parents sont beaucoup moins autoritaires et sévères, ce qui explique que bien souvent, les bambins préfèrent passer du temps avec papi et mamie.
La plupart du temps, on observe que les grands-parents ont également un petit-enfant préféré. Un phénomène tout à fait norma l, comme nous l’explique Christian Richomme, psychanalyste, auteur et thérapeute à Paris.
Planet : En général, qui est le petit-enfant préféré ?
Christian R. : Les grands-parents ont toujours un ou deux petits-enfants préférés avec qui ils partagent des intérêts communs. C’est aussi le cas lorsque le grand-parent fait une projection envers l’enfant, en projetant par exemple ses espoirs à travers lui.
En général, le premier et le dernier enfant ont une place différente dans le coeur des grands-parents. Le petit-fils ou la petite-fille préférée peut également avoir un effet miroir sur l’adulte. A ce moment, le grand-parent projette ses attentes sur l’enfant. Dans le cas d’une projection, l’enfant du milieu peut, par exemple, devenir l’enfant préféré.
Cette préférence, les grands-parents essayent de la dissimuler ou de la compenser afin de faire preuve d'équité entre chaque enfant. Il y a également des moments comme pendant les fêtes de famille où les grands-parents peuvent plus facilement régler ce problème, en donnant les mêmes sommes d'argent à Noël par exemple.
Planet : Est-ce que les grands-parents ont toujours eu des préférences parmi leurs petits-enfants ou ce phénomène est-il plus récent ?
Christian R. : Les préférences entre les petits-enfants ont toujours existé. Auparavant, c’était plus catégorique. Il y avait une préférence pour le garçon car c’était celui qui allait garder le nom de famille, celui qui allait porter la famille. Mais aujourd’hui, les filles ont le même rôle que les garçons.
Néanmoins, pour beaucoup de grand-père, il y a encore cette préférence, mais pas chez les grands-mères. Également, un enfant qui a été gardé petit par ses grands-parents va créer une proximité différente et un lien spécial avec eux, par rapport à ceux qui n'ont pas été élevés par ces derniers.
Planet : Comment définiriez-vous une relation saine entre un grand-parent et son petit-enfant ?
Christian R. : Une relation saine entre un grand-parent et l’enfant, c’est lorsqu’on vit dans l’affection et dans une complémentarité avec les parents, et non dans le jugement. On transmet certaines expériences, des valeurs, un mode de vie, mais on ne se retrouve jamais en contradiction avec l'éducation des parents. On est avant tout un soutien pour les parents.
Planet : Un enfant qui se sent "préféré" par ses grands-parents peut-il en tirer des bénéfices, ou cela peut-il l'induire en erreur dans ses relations sociales ?
Christian R. : Cette préférence peut lui donner l’impression d’être très important car il a une valeur supplémentaire, ce qui peut lui donner une certaine confiance en lui, il peut également se sentir comme un enfant roi.
Mais ce rôle de chouchou est parfois très dur à assumer car l’enfant a une obligation de résultat. Il peut aussi éprouver des difficultés à gérer la fratrie (frères, sœurs et cousins) car il sent qu’on a une préférence pour lui. Cette préférence, il peut soit l’utiliser à son avantage, soit il ne va pas très bien le vivre.
Les autres petits-enfants peuvent se sentir moins aimés et développer un sentiment d'infériorité et de rejet, ce qui peut créer des conflits, des frustrations qui peuvent se répercuter à l'âge adulte.
Planet : Comment le fait d'avoir un petit-enfant préféré peut-il influencer la dynamique entre les grands-parents et les parents ?
Christian R. : Il faut que les parents interviennent sans rentrer dans une phase conflictuelle, en montrant que l’enfant est favorisé ou défavorisé. Les parents peuvent trouver que c’est trop ou pas assez, car ils ont un point de vue extérieur. Le rôle des parents c’est de dire qu’ils en font trop pour que le grand-parent puisse se rééquilibrer en donnant des signaux, sans jamais faire de constat.
Parfois les grands-parents veulent plus s’impliquer dans la vie de leur petit-enfant mais les parents font barrage, car il y a des conflits entre les parents et les grands-parents. J’ai même eu une situation extrême où la grand mère a fait intervenir un avocat pour voir ses petits enfants, car il y avait un conflit entre la grand-mère et son fils.
Planet : Que conseillez-vous aux grands-parents pour éviter de faire sentir à certains de leurs petits-enfants qu’ils sont moins aimés ?
Christian R. : Il faut essayer de créer de l'équilibre en reconnaissant soi-même ce biais mais il ne faut pas le montrer aux petits-enfants. Il faut aussi montrer son affection à ses autres petits-enfants, car chaque enfant est unique et l’attention doit être personnalisée car chaque enfant est différent.
Si vous avez un petit enfant préféré, ce n'est pas grave mais il faut en tenir compte. Il faut essayer d'équilibrer vos interactions avec vos petits-enfants. Il faut leur apporter ce dont ils ont besoin, mais pas nécessairement la même chose. Par exemple, on peut leur apporter un soutien en "one to one" ou encore en faisant une activité commune pour créer du lien et montrer à chacun des petits-enfants qu’ils font partie d'un groupe.