80 à 100 euros chez le généraliste : la proposition choc pour stopper la fraude

Publié par Elise Laurent
le 10/12/2025
Arrêt maladie
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Sur le plateau des Grandes Gueules, le journaliste Olivier Truchot a lancé une idée radicale : faire grimper le prix de la consultation chez le généraliste pour réduire les arrêts de travail jugés abusifs. Une sortie qui divise fortement.
 

Une idée choc pour enrayer les arrêts maladie. Depuis le 1er décembre, la Sécurité sociale teste le contrôle des arrêts maladie par visioconférence dans trois régions (Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Occitanie). Un dispositif censé renforcer la lutte contre les abus, mais déjà critiqué pour ses limites, notamment sa prévisibilité, qui laisserait le temps aux fraudeurs de s’organiser.

En effet, les assurés sont prévenus deux jours avant leur contrôle, recevant mail et SMS pour confirmer l’heure du rendez-vous. Pour Olivier Truchot, cette procédure vide l’outil de son efficacité : un fraudeur peut ajuster son décor ou préparer une mise en scène, loin de la contrainte du contrôle physique. Face à l’explosion des arrêts maladie, le journaliste avance une solution inattendue : porter la consultation chez le généraliste à 80 ou 100 euros. Selon lui, une telle hausse découragerait spontanément les demandes injustifiées et ferait mécaniquement baisser les arrêts, en limitant les abus.

"Pourquoi les arrêts de travail explosent? Tu mets la consultation à 80 ou 100 euros chez le généraliste, et bien t'auras beaucoup moins de monde, ça va calmer tout le monde, les fraudeurs on ne va plus les avoir", a-t-il proposé ce 5 décembre sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC Story.

Une sortie qui scandalise plusieurs intervenants

Autour de la table, cette idée provoque un tollé. Pour l’éducateur Abel Boyi, cette "communication de cow-boy" laisse entendre que la majorité des arrêts seraient frauduleux. Une vision caricaturale, qui occulte la hausse des troubles psychiques et la difficulté d’obtenir des rendez-vous médicaux. Le syndicaliste Bruno Poncet rappelle que les arrêts maladie font perdre de l’argent aux salariés, loin d’être un confort. Pour lui, le vrai sujet reste l’accès aux soins, déjà compliqué et rendu encore plus fragile par les tensions dans la médecine générale et la désertification médicale.

Les limites du contrôle à distance

Pour l’instant, environ 300 téléconsultations de contrôle ont été réalisées dans les régions tests. Selon RMC, 38 % ont conduit à une fin d’arrêt maladie, sans pour autant signifier qu’il s’agissait de fraude : certains patients avaient déjà repris le travail, d’autres ont été déclarés invalides. Les premiers retours montrent surtout qu’il s’agit d’un outil supplémentaire, pas d’un dispositif miracle.

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Le débat intervient alors que députés et sénateurs s’affrontent sur la limitation à 30 jours de la première prescription d’arrêt maladie. Si l’Assemblée nationale avait adopté la mesure, le Sénat l’a rejetée, la jugeant "arbitraire" et susceptible d’engorger les cabinets médicaux. Le contexte est électrique, et la proposition de Truchot s’ajoute à un climat déjà crispé.

Vers un durcissement des contrôles ?

Porter la consultation à 80 ou 100 euros bouleverserait un principe central du système français : l’accessibilité financière aux soins primaires. Les généralistes alertent depuis des mois sur leur surcharge, mais une augmentation aussi brutale, sans compensation, risquerait surtout de pénaliser les patients les plus fragiles.

L’Assurance maladie envisage déjà une extension nationale des contrôles en visio si les tests s’avèrent concluants. Reste à savoir si ces mesures suffiront à freiner la hausse des arrêts de travail.
 

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