Retraite : cette majoration de pension de 10 % bientôt réservée aux femmes ?

Une majoration forfaitaire de 150 euros pour les femmes ?  “Les femmes résidant en France ont une pension de droit direct moyenne (y compris l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus) inférieure de 38% à celle des hommes en 2022”, pointe la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) dans sa récente étude “Les retraités et les retraites” publiée en octobre 2024. 

Dans un rapport publié en mars dernier, la Drees explore une piste de réforme susceptible de transformer en profondeur les règles actuelles. Elle envisage, dans certains scénarios, de réserver la majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus uniquement aux femmes. Cette option, encore en discussion, pourrait avoir des conséquences importantes pour de nombreux retraités.

Une augmentation de 10 % de la pension de retraite 

À l’heure actuelle, le dispositif prévoit une majoration de 10 % de la pension de retraite pour tout assuré ayant élevé au moins trois enfants. Et ce, quel que soit le sexe de l’assuré ou le montant de sa pension. En 2020, ce dispositif représentait un coût total de 8,4 milliards d’euros, soit 2,9 % des pensions de droit direct (hors pensions de réversion). 

Cette mesure, bien que neutre en apparence, bénéficie davantage aux hommes, en raison notamment de leurs pensions généralement plus élevées. “Les masses versées au titre de ce dispositif concernent davantage les hommes, qui sont surreprésentés parmi les retraités aisés”, pointe ainsi la Drees. En effet, la majoration mensuelle perçue par les femmes est de 77 euros en moyenne, contre 136 euros pour les hommes. 

Plusieurs scénarios envisagés

“À l’aune d’objectifs de redistribution vers les femmes ou les plus modestes”, l’étude envisage plusieurs scénarios pour réformer ce système. L’une des propositions consisterait à mettre en place une majoration forfaitaire de 150 euros par mois pour les parents ayant élevé au moins trois enfants  ou plus pour une liquidation de la retraite en 2026. Une telle mesure profiterait davantage aux femmes et contribuerait à réduire, même modestement, l’écart entre les pensions des hommes et des femmes puisqu’elle augmenterait de 0,3% pour les femmes tandis que celle des hommes diminuerait de la même proportion. 

Un autre scénario, plus ambitieux, propose de réserver la majoration aux femmes dès la naissance du premier enfant, avec un taux progressif de 3 %, 6 % puis 13 % en fonction du nombre d’enfants élevés, avec un plafond de 3 000 euros brut par an. Cela permettrait d’augmenter de 3,3 % la pension moyenne à 68 ans des femmes nées en 1978 et entraînerait, en revanche, une baisse de 3 % pour les hommes de la même génération.

Une troisième option envisage un forfait évolutif, fixé à 40, 80 ou 160 euros par mois selon le nombre d’enfants. Ce dispositif serait, lui aussi, exclusivement réservé aux femmes. Les femmes de la génération 1978 gagneraient ainsi 3,9% sur leur pension à 68 ans, les hommes perdant 3% en moyenne. Si cette piste apparaît comme la plus efficace pour réduire les inégalités entre les sexes, elle risquerait toutefois d’avoir un impact significatif sur les finances publiques. Dans un contexte budgétaire tendu, la mise en œuvre d’une telle réforme demeure encore incertaine.