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Le monde politique peut être particulièrement violent. Les professionnels du domaine se livrent d'ailleurs des combats parfois sans merci… Certains sont même allés jusqu'à sortir les poings.
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Les guerres secrètes des politiques : François Hollande et Olivier Faure

Récemment, le premier secrétaire du PS (Parti Socialiste) n’a pas hésité à charger le quinquennat de François Hollande. Convaincu qu’un inventaire objectif du mandat du dernier chef d’Etat socialiste était indispensable à la reconstruction de la gauche gouvernementale, Olivier Faure n’a pas mâché ses mots. Pour regagner une certaine forme de crédibilité auprès des anciens militants du PS et des différentes formations de gauche, il a évoqué ce qu’il juge être les trahisons du 7ème président de la Vème République : la déchéance de nationalité et la loi travail.

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"En 2012 le contrat passé avec les Français avait pour mot d’ordre ‘le changement c’est maintenant’. Le ‘changement’, sans autre forme de définition, renvoyait à une ambition trop floue et trop large, dont chacun pouvait tirer ses priorités de l’action à mener. Sans projet de société vraiment explicite, sans définition claire des objectifs, chaque réforme a été perçue comme une action isolée et limitée dans ses impacts. Chaque mesure adoptée a été vécue comme le point final de nos ambitions", a affirmé Olivier Faure le 28 janvier dernier. Il a par la suite, égrené le chapelet de ses regrets concernant l’action de François Hollande… "La déchéance est restée comme une blessure profonde. Nous avons entamé le quinquennat avec l’engagement de donner le droit de vote aux étrangers, nous l’avons achevé avec un débat sur la déchéance de nationalité", a-t-il souligné, rapporte Libération.

Une stratégie qui ne saurait plaire à l’ancien locataire de l’Elysée, ou ses défenseurs. "Olivier fait le malin mais il n’a pas intérêt de se planter aux européennes", menace un parlementaire plus proche de François Hollande. Nombre d’entre eux seraient furieux d’après le quotidien marqué à gauche. Parmi ceux-là, Stéphane Le Foll. "Depuis qu’Olivier est à la tête du PS, Le Foll l’étrille, fait tout pour le faire tomber", reconnaît un proche du premier secrétaire général.

Les guerres secrètes des politiques : Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin

C’est un combat qui les a opposés pendant quinze longues années. L’ancien Premier ministre et le président on entretenu une relation particulièrement assassine, dont le point d’orgue a eu lieu en 2011, peu avant la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande.

Le conflit qui a opposé Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin débute en 1995, alors que les deux hommes soutiennent deux candidats opposés. Puis, après l’élection de Jacques Chirac en 2002, leur inimitié s’affirme et prend racine derrière les portes du palais présidentiel. En 2004, Nicolas Sarkozy est mis en cause dans la célèbre affaire Clearstream. A l’époque, rappelle Le Figaro, Dominique de Villepin veut barrer la route de l’Elysée à celui qu’il surnomme "le nain".

Toutefois, l’enquête révèle des falsifications dans la liste des personnalités concernées. Nicolas Sarkozy, qui dénonce une volonté de "l’abattre" est sans concession. Il explique que s’il retrouve "le salopard qui a monté cette affaire, il finira sur un crochet de boucher"… Par la suite, Dominique de Villepin sera lui-même cité dans l’affaire, puis mis en examen un peu après l’élection présidentielle de 2007. Il gagne son premier procès en 2009, alors qu’il était accusé de "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol et d’abus de confiance et complicité d’usage de faux". Il est relaxé en janvier 2010, puis une seconde fois en septembre après un nouveau procès en appel.

Toutes ces déboires judiciaires n’ont pas empêché de Villepin d’occuper le terrain politique. En 2010, il lance son propre mouvement et prend ses distances avec le parti de droite : à ses yeux Nicolas Sarkozy est même l’un "des problèmes de la France".

Après des années de guerre larvée, alors que leurs relations semblent s’être apaisées, de Villepin franchit le Rubicon, assure Le Figaro : il fait campagne contre Nicolas Sarkozy, au risque de faire perdre la droite à la présidentielle…

Les guerres secrètes des politiques : Manuel Valls et Emmanuel Macron

"Franchement, il m’a tout piqué Macron, je vais demander les droits d’auteur", lançait Manuel Valls devant un parterre d’étudiants de l’Essec, en mars 2018. L’ancien premier ministre, qui n’a pour le président de la République que peu d’affect, expliquait alors les raisons de son échec – et de l’échec du quinquennat de François Hollande à l’occasion des "mardi de l’Essec", une conférence-débat organisée à échéance régulière par l’établissement, rappelle La Tribune.

Si la remarque de Manuel Valls fait presque office de plaisanterie, à l’époque où les deux hommes étaient membres du gouvernement le ton était moins léger. La relation entre les deux hommes était nettement plus tendue. D’après Ségolène Royal, qui aborde le sujet dans son dernière ouvrage intitulé Ce que je peux enfin vous dire (ed. Fayard), cette inimitié trouve ses origines alors que le gouvernement présente la loi travail. "C’est au moment des débats sur la loi travail que s’est exacerbée la rivalité entre Manuel Valls et Emmanuel Macron", assure-t-elle.

Elle poursuit avec une anecdote, déjà évoquée dans les colonnes de Planet. L’ancien ministre de l’Economie vient tout juste de prononcer un discours sur la croissance, "en berne", quand il arrive au Palais Bourbon. "Manuel Valls fulmine. Il est déjà dans l’hémicycle. Quand Emmanuel Macron arrive d’un pas léger et prend place à ma droite, le Premier ministre assis à ma gauche l’interpelle et j’entends avec stupéfaction et amusement ceci : ‘Et ta qu .......e, elle est en berne ?’"

Ce n’est pas la première fois que Manuel Valls s’en prend verbalement à Emmanuel Macron qu’il appelle tantôt le "microbe" ou le "jihadiste", comme le rappelle BFMTV. Mais cette fois, le futur président est vexé. "S’il veut la guerre, il l’aura", marmonne-t-il dans sa barbe, raconte d’ailleurs Ségolène Royal.

Les guerres secrètes des politiques : Rachida Dati et Brice Hortefeux

Rachida Dati n’a jamais fait de secret sur le conflit qui l’oppose à Brice Hortefeux. L’ancienne Garde des Sceaux, qui n’hésite pas à qualifier l’ancien ministre de "nazi", de "voyou" ou de "facho" est même allée jusqu’à frapper son collègue, rappelle BFMTV.

"Un jour, devant un ascenseur, je lui dis : ‘Alors le facho, ça va ?’ Il me répond : ‘Ca va, intrigante.’ Là, je me retourne et je lui mets un coup de poing dans la gueule, et il se mange le miroir", a raconté l’eurodéputée à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les deux journalistes du Monde  qui travaillaient sur son portrait.

Pour tenter d’apaiser leurs relations, Nicolas Sarkozy lui-même a du intervenir. "Après, Sarko m’appelle : ‘Qu’est-ce que t’as encore fait ?’ Je lui dis : ‘Il m’a insultée’. Et lui : ‘Arrête de le chercher’", détaille l’ancienne ministre, qui explique ne pas avoir supporté le mot "intrigante".

Les guerres secrètes des politiques : Michel Rocard et François Mitterrand

Ils se sont littéralement haïs. D’après Robert Schneider, auteur de La haine tranquille (ed. Seuil), la guerre interne que se sont menés François Mitterrand et Michel Rocard aurait "rythmé l’histoire de la gauche", rapporte le Nouvel Observateur.

Ce qui n’empêchera pas Michel Rocard de devenir le Premier ministre de François Mitterrand, de 1988 à 1991. Une position qui lui permettra de bloquer, un temps, les ambitions du président de la République.De cette relation fratricide, l’origine remonte à 1979 indique Paris Match. A l’époque, les lignes portées par Mitterrand et Rocard s’opposent au Congrès de Metz. Le mentor de Manuel Valls incarnera, après coup, la "deuxième gauche" et compte bien mettre François Mitterrand en échec. Mais il devra finalement renoncer à se présenter. Ce ne sera d’ailleurs pas la seule fois où il sera contraint de laisser la place au chef du PS.

La guerre intestine se poursuit après la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, en 1988. Quand il nomme Michel Rocard Premier ministre, les deux hommes se détestent plus que jamais. "Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir, mais ils ne se rendent pas compte. Vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers", aurait affirmé François Mitterrand pour expliquer son choix. Michel Rocard sera remplacé en 1991, par Edith Cresson.

Pourtant le combat continue et Rocard est élu premier secrétaire du parti en 1993. Tête de liste lors des élections européennes de 1994, il est largement rattrapé par Bernard Tapie – soutenu en secret par Mitterrand – et doit se rétracter à la suite de son échec.

Les guerres secrètes des politiques : Ségolène Royal et Martine Aubry

La rivalité qui oppose Martine Aubry et Ségolène Royal est, en politique, l’une des plus anciennes. C’est une guerre de 30 ans qu’elles se sont menée l’une contre l’autre, rappelle Le Monde.

Un conflit d’autant plus étonnant que les deux femmes partagent les mêmes valeurs. Mais, d’après le quotidien du soir, "leur caractère, leur style, leurs ambitions et leur conception du pouvoir sont aux antipodes". L’une serait "l’ambitieuse" et l’autre la "légitime".

Cet affrontement connaît son climax en 2008, lors du congrès de Reims. Martine Aubry laisse faire un "tout sauf Royal" qui triomphera de la candidate malheureuse à l’élection présidentielle. En 2011, elle contribue à faire battre sèchement Ségolène Royal.

Plus tard, lors de l’élection de la première secrétaire du parti, Martine Aubry l’emporte sur Ségolène Royal, avec seulement 42 voix d’avance. Un score trop proche pour convaincre la futur ministre de l’écologie qui s’insurge devant ce qu’elle estime être un complot politique, indique Gala.

Les guerres secrètes des politiques : Nicolas Sarkozy et François Fillon

La guerre qui a opposé Nicolas Sarkozy à François Fillon s’inscrit dans la tradition des guerres de chef, régulières à droite de l’échiquier politique. Certaines ont opposé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, d’autres Edouard Balladur et Jacques Chirac ou encore François Fillon et Jean-François Copé…

Dans un récent documentaire intitulé Vè République, au cœur du pouvoir et diffusé le 15 janvier sur France 2, François Fillon est revenu sur l’exercice de sa fonction de Premier ministre pour Nicolas Sarkozy. Il a d’ailleurs parlé de cohabitation, un terme fort de sens, rappelle Marianne.

"Ca fait partie des moments difficiles dans la relation entre Nicolas Sarkozy et moi. Ca fait partie des moments où à deux ou trois reprises, je lui ai proposé ma démission. Les crises passant, le temps passant, on a trouvé un équilibre, qui n’était peut-être pas très visible de l’extérieur, mais qui était un assez bon équilibre", affirme l’ancien Premier ministre devant les micros de France 2. Non sans tacler l’ex-chef de l’Etat… "C’est très difficile d’avoir la sagesse suffisante pour laisser une partie du pouvoir entre les mains du Premier ministre, qui d’ailleurs les a du fait de la Constitution", lance-t-il encore.

Toutefois la guerre Fillon-Sarkozy pourrait peut-être aller plus loin. Beaucoup plus loin, même, d’après François Fillon : l’homme qui ne pouvait pas être président, un documentaire diffusé en février 2018 sur France 5 et dont RTL  relaie les informations. En 2014, le candidat malheureux à la présidentielle de 2017 aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de la présidence, que l’Elysée accélère les poursuites contre Nicolas Sarkozy. "François Fillon était obsédé par l’idée que ces révélations puissent entraîner l’ouverture d’enquête, vis-à-vis de Nicolas Sarkozy", explique Fabrice Lhomme, journaliste d’investigation au Monde.

Une initiative que l’ancien président n’aurait pas trouvé à son goût. Nicolas Sarkozy "réagit très mal, la ligne rouge est franchie", détaille Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique de Paris Match. "Il avait déjà, très peu, sinon pas d’estime pour François Fillon", poursuit-il. "Aujourd’hui, le clan Fillon est persuadé que le clan Sarkozy a joué un rôle non-négligeable dans la sortie des informations sur la famille Fillon", rappelle à son tour Gérard Davet, lui aussi journaliste d’investigation pour le quotidien du soir.