Remaniement : pourquoi Elisabeth Borne ne quittera pas le gouvernement ©Morissard Aurelien/ABACAabacapress
Le 28 mars 2023, l'intersyndicale a proposé une "médiation" sur la réforme des retraites. L'exécutif a refusé. Quelle solution reste-t-il pour sortir de la crise ? Le départ d'Elisabeth Borne ? Mais Emmanuel Macron a des raisons de la garder en poste. Explications.
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Le mardi 28 mars 2023, l'intersyndicale a demandé à l’exécutif de mettre en place une médiation sur la réforme des retraites pour trouver "une voie de sortie". L’exécutif a immédiatement refusé par l’intermédiaire d’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement : "Nous n’avons pas besoin d'une médiation pour nous parler."

Élisabeth Borne a alors accepté de recevoir les partenaires sociaux en début de semaine prochaine. Mais le sujet des retraites pourrait ne pas être abordé. Désormais, il reste peu de moyens de sortir de cette situation de crise. Un remaniement ministériel serait-il la meilleure solution ?

Le lundi 20 mars, Elisabeth Borne avait déjà frôlé la censure avec une motion votée à 278 voix. Si la réforme des retraites a pu être adoptée, la motion de censure manquée reste dans tous les esprits. Une partie des députés avaient scandé dans l’Hémicycle : "Démission ! Démission !" Est-il temps pour Elisabeth Borne de laisser sa place de Première ministre ?

Réforme des retraites : un remaniement pour sortir de l’impasse ?

Emmanuel Macron s’est opposé, pour l’heure, à un remaniement. Cependant, depuis plusieurs jours, l’hypothèse refait surface à l’Élysée. Au micro de franceinfo, un député Renaissance a déclaré : "Beaucoup considèrent que la situation actuelle a mis Elisabeth Borne dans une impasse".

Pour Guillaume Daret, journaliste pour franceinfo, "son avenir s'inscrit en pointillés parce que beaucoup parient sur un remaniement. Or, un remaniement sans changer de Premier ministre, c'est à peu près comme ne rien faire." Un changement de Premier ministre enverrait un signal fort, tant à la rue qu’aux syndicats et aux partis d’opposition.

Le remaniement pourrait apaiser le climat politique et social tout en élargissant la majorité tant espérée par Renaissance. En effet, un nouveau gouvernement serait l’occasion de nouer des partenariats avec le groupe Les Républicains. Qui pourrait jouer ce rôle d’intermédiaire ?

Premier ministre : Emmanuel Macron craint d’être concurrencé par une personnalité trop forte

D’après le Midi Libre, certains noms circulent déjà quant à la succession d’Elisabeth Borne. Bien que ces hypothèses soient improbables, François Baroin ou Xavier Bertrand sont cités. Une autre figure s’imposerait également dans les coulisses de la majorité : Catherine Vautrin. Le président lui-même aurait déclaré, d’après Le Point, à son entourage : "Vous n’avez pas voulu de Catherine Vautrin, vous m’avez vendu Elisabeth Borne comme la perle rare, et voilà où on en est !"

Toutefois, l’impopularité d’Elisabeth Borne ne serait pas non plus pour déplaire au président. Adepte d’une façon de gouverner très verticale selon Public Sénat, Emmanuel Macron craint la comparaison avec un Premier ministre à la personnalité trop forte. A l’époque du gouvernement Edouard Philippe, le président a déjà été confronté à une perte de popularité au bénéfice de son Premier ministre. Pour cette raison, Elisabeth Borne pourrait être confortée à Matignon. Alors comment apaiser les tensions politiques et sociales ? Un remaniement ministériel pourrait-il suffire ?

Remaniement : tout changer… ou presque

Selon Public Sénat, Emmanuel Macron devrait maintenir en poste Élisabeth Borne, du moins jusqu’aux élections européennes, pour se réserver la possibilité de changer à ce moment de Premier ministre. Un remaniement, en revanche, n’est pas exclure dans les jours à venir. Un sénateur macroniste déclare à Public Sénat : "Il va falloir muscler le gouvernement. Il faut des personnalités politiques qui incarnent vraiment leur ministère."

De son côté, une députée Renaissance acène : "On a un gouvernement assez faible. En dehors de Darmanin, Le Maire, Attal, Dussopt, Veran, on n’a que des ministres qui n’existent pas. C’est plus eux qui affaiblissent la Première ministre, car il ne se passe rien sur des sujets qu’on porte." Un remaniement ministériel permettrait aussi au chef de l’Etat de faire un geste vers Les Républicains et ainsi consolider sa fragile majorité législative. Le nom du député LR du Rhône, Alexandre Vincendet, revient souvent.

Mais, pour l’heure, l’Élysée mise avant tout sur une nouvelle méthode de gouvernance, selon La Dépêche. Emmanuel Macron a demandé à des cadres de la majorité de réfléchir à ce sujet. En outre, un nouveau calendrier parlementaire pourrait être annoncé.

L’Élysée souhaite également amener de nouveaux sujets de débat sur la table afin de faire oublier la réforme des retraites. "L’idée, c’est de lancer des rencontres thématiques autour de ministres et de parlementaires spécialisés sur les thématiques prioritaires identifiées par le Président – école, santé, écologie, réindustrialisation, ordre républicain", rapporte La Dépêche.