Pourquoi les parents de Sébastien Lecornu sont-ils placés sous protection policière ?
C’est une mesure dont peu avaient connaissance jusqu’à sa révélation par Le Parisien. Depuis le 22 septembre, les parents de Sébastien Lecornu sont placés sous protection policière continue. Trois agents leur sont dédiés : un chauffeur et deux officiers du Service de la protection (SDLP).
Ce dispositif s’applique 24h/24, 7j/7, comme le précise le quotidien. Si le service presse de Matignon n’a pas commenté, Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, a affirmé que “cette protection était justifiée par des raisons objectives de sécurité”. Reste à savoir si cette justification est unanimement partagée.
Un niveau de menace jugé faible
Avant d’être mise en œuvre, cette protection a été soumise à une évaluation par l’UCLAT, l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste. À l’issue de cette analyse, les parents du Premier ministre ont été classés T4, soit le plus bas niveau de menace sur une échelle de quatre, comme le précise le quotidien.
Cette catégorie concerne des personnes peu exposées au risque, mais à qui l’on accorde parfois un dispositif de protection. Selon Le Parisien, plusieurs sources policières estiment que cette protection est “indue ou de confort”, particulièrement dans un contexte de surcharge des effectifs du SDLP.
Une contradiction avec la ligne politique du Premier ministre ?
La polémique prend une autre tournure lorsqu’on se souvient que Sébastien Lecornu lui-même avait promis de s’attaquer aux protections indues. Une semaine avant la mise en place du dispositif pour ses parents, le quotidien révélait qu’un décret allait réduire les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.
“On ne peut pas demander aux Français des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas”, déclarait Sébastien Lecornu en septembre dans la presse régionale. Cette réforme, prévue pour janvier 2026, limitera l’usage d’un chauffeur et d’un secrétariat particulier à dix ans après un passage à Matignon.
Les protections T4, un système à bout de souffle
Pour les syndicats policiers, la catégorie T4 est depuis longtemps un problème. “I y a beaucoup de complaisance”, dénoncent plusieurs représentants interrogés par Le Parisien. Certains agents estiment que ces missions tiennent “plus d’un service Uber, voire du majordome”.
En d'autres termes, les protections de niveau T4 sont souvent vues comme des abus de confort plutôt que comme des nécessités de sécurité. Et dans un contexte où les effectifs sont épuisés par les événements exceptionnels comme les JO 2024, chaque affectation fait débat au sein du SDLP.
La création prochaine du Parquet national anticriminalité organisée risque de solliciter davantage les unités de protection. Les policiers doivent donc arbitrer entre missions urgentes, risques avérés et demandes politiques. Dans ce cadre, la protection des parents du chef du gouvernement suscite l’incompréhension.
En décembre dernier, le sénateur Bruno Retailleau avait proposé de supprimer les missions T4, jugeant qu’elles n’avaient plus leur place dans un système de sécurité déjà sous pression. Pourtant, elles perdurent, comme dans le cas de la famille Lecornu.