Portrait de Gérald Darmanin, le ministre dont Emmanuel Macron devrait se méfierAFP
Mardi 7 juillet 2020, Gérald Darmanin fait son entrée au ministère de l'Intérieur. Chantage, trahison, accusations de viol… Portrait de cet homme qui attire les foudres de l'opposition.
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L'annonce du remaniement ministériel du 6 juin 2020 a été marquante en France. Parmi les nouvelles nominations, celle de Gérald Darmanin au poste de ministre de l'Intérieur a fait couler beaucoup d'encre. L'ancien ministre chargé de l'Action et des Comptes publics, désormais installé à la place Beauvau, a été la source de vives critiques et de méfiance. Traître, maître chanteur ou encore suspect dans des affaires de viol, les différents portraits dressés par l'opposition - mais pas seulement - ne sont pas très flatteurs. Pourquoi ce choix ministériel est-il si controversé ? 

Gérald Darmanin : un ministre qui a "les gènes de la trahison"

Selon Christian Jacob, président des Républicains, ce remaniement ressemble davantage à un jeu de chaises musicales qu'à une véritable transformation gouvernementale. Dans les colonnes du Parisien, il exprime son scepticisme quant à l'orientation politique de Darmanin, soulignant que celui-ci est membre de La République en Marche, et non du parti de droite. "Si j'étais le président, je m'en méfierais, parce que le ministre de l'Intérieur a les gènes de la trahison !", regrette-t-il. Le choix de Darmanin au ministère de l'Intérieur semble donc être en contradiction avec la volonté affichée précédemment par Emmanuel Macron de poursuivre une politique sociale et environnementale.

A propos de Gérald Darmanin, mais aussi de Roselyne Bachelot et de Brigitte Klinkert, il ajoute : "Aujourd'hui, ces ministres sont d'abord des opportunistes (...) Le président est allé chercher une personnalité ou deux qui avaient besoin de reconnaissance, c'est tout". Ainsi, le nouveau locataire de Beauvau s'attire les foudres de son ancien parti, Les Républicains.

Ailleurs, le nouveau ministre de l'Intérieur essuie les critiques des socialistes.

Gérald Darmanin, le "fils spirituel" de Nicolas Sarkozy

Olivier Faure, député socialiste, déplore lui aussi ce virage à droite. Dans un tweet, il qualifie ce remaniement de "caprice". 

D'abord membre de l'Union pour un mouvement populaire puis des Républicains, Gérald Darmanin adhère à La République en marche en 2017. Son entrée au gouvernement est donc fortement remarquée, notamment par les médias. Vincent Trémolet de Villers lance "Cap à tribord !" dans un éditorial du Figaro, et n'hésite pas à rappeler les liens de l'ex maire de Tourcoing avec Nicolas Sarkozy, allant jusqu'à le nommer "l'un des fils spirituels de l'ancien président". 

Renaud Pila, éditorialiste pour LCI, a également rapproché les deux hommes politiques de droite.

Le 8 juin 2020, Emmanuel Macron s'était entretenu avec l'ancien président à propos du remaniement. Marion Mourgue, reporter pour Le Figaro, écrit notamment : "En Macronie, tous les chemins mènent désormais à Nicolas Sarkozy".

Gérald Darmanin : accusé de viol, harcèlement et chantage sexuel

En 2018, Gérald Darmanin a été accusé de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance pour des événements survenus en 2009. Un an plus tard, il a bénéficié d'un non-lieu. Cependant, en juin 2020, la cour d'appel de Paris a ordonné la réouverture de l'enquête, à la suite d'un appel de la plaignante, nous informe Le Monde.

Sophie Patterson-Spatz était à l'époque chargée de mission à l'UMP. Elle aurait demandé à l'actuel ministre de l'Intérieur son aide, afin de faire annuler une condamnation de 2004 contre un ancien compagnon. En échange de cette faveur, Gérald Darmanin l'aurait sommée d'avoir une relation sexuelle avec lui. Une habitante de Tourcoing l'accuse elle aussi de chantage sexuel, affirmant que l'ancien maire aurait requis des faveurs sexuelles en échange d'un logement. Fatima Ouassak, porte-parole du réseau Front de mères, appelle à la mobilisation générale contre ce remaniement qu'elle qualifie de "nouvelle violence" faite aux femmes. 

L'Élysée a affirmé à France Info que ces enquêtes en cours n'avaient pas empêché la nomination de Darmanin à son nouveau poste, indiquant que, après une analyse juridique , les services compétents ont conclu qu'il n'y avait pas d'obstacle à sa nomination malgré les accusations en cours.