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Entretien sans langue de bois. Durant 2h30, ce vendredi 4 décembre 2020, Emmanuel Macron a répondu aux multiples questions des trois journalistes du média en ligne Brut. Faits d’actualité, sujets préoccupant la jeunesse, particulièrement touchée par la précarité en raison de la crise sanitaire… Le président de la République a dévoilé de nombreuses mesures.
S’il estime que le terme de "violences policières" est devenu un slogan, il ne nie pas le fait qu’"il y a des policiers qui sont violents" et "qu'il faut sanctionner". Les caméras-piétons seront d’ailleurs généralisées en juin pour la police nationale.
Macron : une plateforme de signalement de discriminations provoque la colère des forces de l'ordre
Concernant l’article 24 de la loi sur la "sécurité globale", il a assuré que "demain, les journalistes et les citoyens pourront continuer à filmer et diffuser les images des forces de l'ordre".
Le chef de l’État a également promis le lancement d'une plateforme nationale de signalement des discriminations. Elle sera gérée dès janvier prochain par l'Etat, le défenseur des droits et des associations dont la Licra.
"Aujourd'hui, quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (...) On est identifié comme un facteur de problème et c'est insoutenable", s’est insurgé Emmanuel Macron.
Selon la plus récente étude publiée en 2017 par le Défenseur des Droits Jacques Toubon, 80% des personnes correspondant au profil de "jeune homme perçu comme noir ou arabe" ont été contrôlés ces cinq dernières années, contre 16% des autres individus interrogés. "Soit une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés", détaille le Défenseur des droits.
La création d'une plateforme a toutefois immédiatement suscité l'indignation chez les forces de l'ordre.
C'est inacceptable d'avoir entendu ça", a déclaré sur BFMTV Denis Jacob d'Alternative Police – CFDT. "On ne peut pas laisser croire, quand on est chef de l'Etat, qu'il y aurait quelque chose d'institutionnalisé autour d'un contrôle ciblé des personnes."
Pour protester, le syndicat Alliance appelle les policiers à ne plus procéder au moindre contrôle d'identité.
Parmi les autres thèmes évoqués (crise sanitaire et campagne de vaccination, aides exceptionnelles pour les jeunes, mesures contre la précarité menstruelle…) le président de la République a aussi parlé de sa position actuelle concernant l’élection présidentielle de 2022.
Présidentielle 2022 : "Peut-être que je ne pourrai pas être candidat"
À un an et demi de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron "ne prévoit rien". "On a vécu des choses absolument imprévisibles", concède-t-il en alléguant la crise sanitaire. Il "n’exclut rien" non plus.
Pourrait-il renoncer à se présenter en raison d’une forte impopularité ? "Peut-être que je ne pourrai pas être candidat", a-t-il indiqué en songeant à l'hypothèse d'un fort rejet de son action politique par les Français, à la fin de son quinquennat. "Parce que les circonstances l'exigeront", a-t-il ajouté. Que cela signifie-t-il ?
Macron : "Je devrai faire des choses dures dans la dernière année"
"Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année (...), qui rendront impossible le fait que je sois candidat", a-t-il développé. Selon le chef de l’État, une déclaration immédiate l'empêcherait de prendre ces possibles "décisions impopulaires".
"Si je me mets dans la situation d'être candidat, je ne prendrais plus les bonnes décisions", ni de "risques" pour "répondre à l'exigence du moment". "On vit quand même des temps qui sont assez inédits", a-t-il rappelé, pour tenter de se justifier.
La grogne sociale va-t-elle alors s’accentuer dans les mois à venir en vue de nouvelles mesures restrictives ou de réformes ?