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Une déclaration qui aura fait couler beaucoup d’encre. Dans un entretien diffusé le dimanche 28 mai 2023 par Radio J, la Première ministre a décidé de s’attaquer à l’extrême droite en désignant le Rassemblement national comme "héritier de Pétain".
"Je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement national. Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes. Alors maintenant, le Rassemblement national y met les formes, mais je continue à penser que c'est une idéologie dangereuse", a-t-elle explicité auprès de nos confrères.
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Ces déclarations n’ont pas manqué de faire réagir d’un côté comme de l’autre de l’Hémicycle, saluées par la gauche et condamnées par l’extrême droite. Mais factuellement, peut-on dire que ce parti est réellement l'héritier de la France de Vichy ?
Le Rassemblement national : un parti "héritier de Pétain" ?
Le Front national naît le 5 octobre 1972. Parmi les fondateurs du parti, on compte bien évidemment Jean-Marie Le Pen, le visage de la formation politique. Mais à ses côtés, on trouve également d’anciens miliciens pétainistes tels que François Brigneau ou Léon Gaultier. Mais la formation compte aussi des personnalités telles que Pierre Bousquet, collaborationniste notoire et ancien Waffen-SS de la division Charlemagne.
En devenant présidente du Front national, Marine Le Pen Souhaite marquer une rupture avec les idées de son père. En 2015, elle décide d’exclure son père du parti puis, en 2018, elle renomme le parti Rassemblement national. Mais pour beaucoup, cette rupture de façade n’a apporté aucun changement à l’idéologie nationaliste qui reste à la racine de la formation d’extrême droite.
Interrogée sur le changement de nom du parti, Elisabeth Borne a de son côté confirmé, toujours au micro de Radio J, "je n'ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu'ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu'un changement de nom ne change pas les idées, les racines".
Si ces déclarations ont fait réagir à droite comme à gauche, c’était aussi le cas au sein même de l’Elysée. Emmanuel Macron a ainsi décidé de recadrer la Première ministre après ces propos.
"On ne combat pas l'extrême droite avec les mots des années 90", a jugé Emmanuel Macron
"Il faut combattre l’extrême droite mais on ne la combat pas avec les mots des années 90 et des arguments moraux, ça ne marche plus." Pendant le Conseil des ministres, le président de la République n’a pas mâché ses mots à l’égard de sa Première ministre, selon ses propos rapportés par un ministre à franceinfo.
Emmanuel Macron estime en effet qu’il est désormais nécessaire de combattre le Rassemblement national "sur le terrain de l’efficacité". "Les millions de Français qui votent pour le RN ne sont pas tous des fachos. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle que ce sont des fascistes.", a-t-il expliqué.
De son côté, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a tenu a apporté publiquement son soutien à la cheffe du gouvernement après ce recadrage en règle. "Le RN a une histoire et la première ministre est parfaitement fondée à rappeler cette histoire", a-t-il expliqué sur France Inter comme le rapporte Le Figaro, précisant qu’on peut "rappeler parfaitement, comme l'a fait la première ministre, l'histoire du RN tout en combattant le parti sur ses propositions et ses idées".
Il insiste même en précisant que cela prend d’autant plus face à un parti qui possède "plus de 80 députés, une force politique dans notre pays et dont pourtant aucune des solutions ne fonctionne, ne peuvent être efficaces".
Mais après ces déclarations, la place d’Elisabeth Borne à Matignon est-elle remise en question pour le chef de l’Etat ?
Emmanuel Macron : Elisabeth Borne a-t-elle toujours sa confiance ?
Après la polémique provoquée par ses propos, Emmanuel Macron est revenu, lors de son déplacement en Slovaquie ce mercredi 31 mai, sur ses déclarations. Il a ainsi réaffirmé "toute sa confiance" à Elisabeth Borne, comme le rapporte BFMTV.
Cependant, il a tout de même maintenu son discours de la veille en affirmant qu’on "ne peut plus battre l'extrême droite dans notre démocratie simplement avec des arguments historiques et moraux. […] D'abord parce que cette extrême droite s'est transformée, et ensuite parce qu'elle a beaucoup d'électeurs aujourd'hui qui ne votent pas pour cette histoire, mais parce qu'ils se disent "au fond, on n'a pas encore essayé cela, et ce qu'ils nous proposent paraît séduisant."
A ses yeux, pour lutter contre l’extrême droite, il est nécessaire de répondre par du "concret". Il faut ainsi "réindustrialis[er] le pays, [dire] la vérité sur les comptes publics, et men[er] des réformes parfois impopulaires".