Orages : les mois où la foudre frappe le plus en France

Dans l’imaginaire populaire, la foudre évoque un phénomène imprévisible et soudain. Pourtant, des données issues de dix années d’accidentologie humaine en Europe viennent nuancer cette perception. Dans une étude parue dans La Météorologie (n° 116, février 2022), l’encyclopédiste Stéphane Schmitt et l’enseignant prévisionniste à l'École Nationale de la Météorologie Michaël Kreitz se sont penchés sur les accidents dus à la foudre survenus entre 2010 et 2019 en France.
L’analyse a permis de dresser un panorama des mois les plus sensibles aux impacts de foudre : sans surprise, les accidents liés aux orages sont fortement concentrés en période estivale, avec un pic très net en juillet. Ce mois s’impose comme le plus foudroyé de l’année, devant août (22 %) et juin (18 %).
La période mai à août concentre environ 90 % des accidents
Cette surreprésentation estivale s’explique à la fois par une activité orageuse accrue durant l’été, mais aussi par une plus grande exposition des populations : vacances, loisirs de plein air, événements sportifs ou culturels… En croisant les données d’éclairs détectés par les réseaux de surveillance et les horaires des accidents, les chercheurs ont mis en évidence que la majorité des accidents surviennent alors que les orages sont prévisibles, souvent plus d’une heure à l’avance, et que la vigilance jaune était généralement en vigueur. Il s’agit donc moins d’un défaut d’alerte que d’un manque d’évaluation du risque ou d’un relâchement des comportements de prudence.
L’analyse météorologique montre aussi que ces orages ne sont pas les plus intenses : dans plus de 60 % des cas, leur activité électrique était faible à modérée, et leur vitesse de déplacement lente, rendant leur dangerosité difficile à percevoir sur le terrain. Ces caractéristiques expliquent en partie pourquoi certaines victimes ont pu croire à une dissipation du danger, alors même que des éclairs étaient détectés à proximité bien avant l’impact.
Face à ces constats, les auteurs de l’étude appellent à renforcer la sensibilisation au risque orageux, y compris en cas de vigilance jaune, en insistant sur des consignes simples mais potentiellement salvatrices : interrompre toute activité extérieure dès les premiers coups de tonnerre et attendre au moins 30 minutes après le dernier avant de reprendre.
Selon le bulletin, voici le classement des mois comptant le plus d’accidents liés à la foudre en France, entre 2010 et 2019.
Février

Comme en janvier, la foudre frappe très peu en février ; les orages sont quasi inexistants à cette période de l’année.
Janvier

Les accidents liés à la foudre sont extrêmement rares en janvier, avec pratiquement aucun cas recensé durant ce mois d’hiver.
Décembre

Décembre clôt l’année avec une situation similaire à janvier : aucun accident significatif lié à la foudre n’y est observé.
Novembre

Novembre se caractérise par une quasi-absence d’orages, et donc de foudroiements ; les accidents sont inexistants ou très isolés.
Mars

Mars marque timidement la reprise de l’activité orageuse, mais les accidents restent très peu nombreux (<1 %).
Octobre

Les orages deviennent rares en octobre et les accidents liés à la foudre sont marginaux à cette période (~1 %).
Avril

Les premiers orages sérieux de l’année apparaissent souvent en avril, mais les accidents liés à la foudre y sont encore peu fréquents (moins de 5 %).