Impôts : ces hausses dissimulées par le gouvernementIllustrationIstock
Depuis 2017, le gouvernement se targue d'avoir diminué la fiscalité des Français. Pourtant, selon la Fondation Ifrap, la baisse des impôts directs ne concerne que trop peu les ménages. Détails.
Sommaire

La relance ne passera pas par des hausses fiscales. Telle est la promesse du gouvernement. Bruno Le maire, qui assure qu’une telle mesure pourrait être contre-productive, se félicite même d’une diminution de 50 milliards d’euros d’impôts sur l’ensemble du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Or, selon une étude de la Fondation Ifrap, les ménages, notamment les plus aisés, n’en ont que peu profité. En auscultant les chiffres disponibles de 2017, 2019 et 2019, les équipes de l’organisme en sont venus à cette conclusion : la fiscalité a bien baissé pour les entreprises, mais pas les impôts directs des ménages. Suppression de la taxe d’habitation, IFI, PFU… Pour compenser les allégements de cotisations sociales et des réformes fiscales engagées depuis 2017, la CSG des ménages a été augmenté et a lourdement impacté leur budget.

Impôts : "Nous restons malgré tout très au-dessus du niveau qu’il conviendrait d’atteindre"

"On peut se réjouir de voir que les prélèvements obligatoires ont (un peu) diminué en France ces dernières années, mais nous restons malgré tout très au-dessus du niveau qu’il conviendrait d’atteindre", a expliqué au Figaro Agnès Verdié-Moliné, la directrice générale de la Fondation Ifrap.

"La moyenne des pays de l’OCDE est de 35 % du PIB: à 45,9 % en 2020 en France, nous en sommes encore loin. Par ailleurs, la légère baisse des impôts dont peut se féliciter le gouvernement concerne les entreprises (à hauteur d’un point de PIB depuis 2017) et peu les ménages, voire pas du tout pour un certain nombre d’entre eux. En ce qui concerne la fiscalité des ménages, la Fondation Ifrap s’est intéressée à l’ensemble des impôts directs payés par les Français."

Vidéo du jour

Ceux-ci ont d’ailleurs explosé. Les chiffres ci-après l’attestent…

Impôts directs : "Il n’y a pas eu une baisse, mais bien une nette hausse depuis l’élection d’Emmanuel Macron"

L’ensemble des impôts directs suivants a été passé à la loupe, en se basant sur les chiffres de l’Insee : impôt sur le revenu, CSG et prélèvements sociaux, taxe foncière, taxe d’habitation, prélèvements sur les capitaux mobiliers, ISF (IFI à partir de 2018), droits de succession et de donation.

"Il apparaît que les impôts directs des ménages sont passés de 250,6 milliards d’euros en 2017 à 275,6 milliards en 2019. Soit une hausse - et non une baisse ! - de 25 milliards d’euros, dont 15,1 milliards pour les 20 % des ménages les plus aisés, soit ceux qui appartiennent aux deux derniers déciles de revenu disponible brut", détaille Agnès Verdié-Moliné dans les colonnes du quotidien économique.

"Si l’on regarde maintenant le poids des impôts directs par rapport au revenu disponible brut des ménages, on s’aperçoit, là encore, que celui-ci est passé de 18 % en 2017 à 18,7 en 2019 (et en points de PIB de 10,9 % à 11,4)."

Ainsi, entre 2017 et 2019, les 10% des ménages les plus riches (dernier décile), ont vu grimper les montants de CSG (+ CRDS et autres prélèvements sociaux) de 8,6 milliards d’euros.

Quid des retraités ?

Impôts directs : les retraités touchés de plein fouet

Si la diminution de 24,9 milliards d’euros des cotisations sociales des salariés est venue compenser l’augmentation des impôts directs évoquée précédemment, "tous les Français n’en ont pas profité dans les mêmes proportions : les ménages gagnant plus de 2000 euros par mois (soit ceux des deux derniers déciles), et notamment parmi eux les retraités, ont été touchés de plein fouet par l’augmentation massive de la CSG destinée à financer la baisse des cotisations", alerte la directrice générale de la Fondation Ifrap.

D’autre part, la disparition de la taxe d’habitation, aura forcément une répercussion sur la taxe foncière, dans les années à venir. "Tous les Français finiront par payer davantage."