Vol record à Chambéry : un retraité de 98 ans dépouillé de 3 millions d'euros par de faux policiers

Trois millions d’euros en or et en liquide, subtilisés en pleine journée dans un appartement du centre de Chambéry : c’est l’un des plus gros cambriolages jamais recensé en Savoie. Le tout, sans effraction ni violence. Une affaire révélée par Le Dauphiné libéré, digne d’un film de cinéma, et qui met en lumière un mode opératoire redoutable.

L’appartement visé n’est ni une banque, ni une bijouterie. Rien à voir avec le hold-up spectaculaire de 2003 à Courchevel, où le gang des Pink Panthers avait raflé 1,4 million d’euros, comme le rappelle le Parisien. Ici, le décor est sobre : un immeuble sans prétention, habité par un couple nonagénaire, en apparence sans histoire.

Le 23 juillet, vers 8h30, deux hommes en uniforme de police se présentent à la porte du couple, prétextant une inspection suite à de prétendus cambriolages dans l'immeuble. “Il était écrit en gros police sur leurs vestes”, se souvient le retraité de 98 ans. Méfiant, Roland (le prénom a été changé) leur demande s'ils sont de vrais policiers. 

“On ne pouvait pas imaginer que c’était des fausses cartes”

“J’ai essayé d’être prudent en leur demandant s’ils n’étaient pas de faux policiers. Ils m’ont aussitôt présenté leurs cartes professionnelles avec leur identité. On ne pouvait pas imaginer que c’était des fausses.” Roland ouvre alors la porte, sans savoir qu’il vient de sceller la perte de sa fortune.

Les escrocs lui demandent de vérifier si rien ne manque chez lui. Roland les conduit dans son bureau, où sont cachés 22 lingots d’or. “22 lingots d’or, ça prend très peu de place. Beaucoup moins que l’équivalent en billets de banque. Donc j’avais pu les mettre dans mon bureau, tout simplement”, explique-t-il.

Le métal précieux, estimé à 2,5 millions d’euros, est rangé sous une étagère. Une autre fortune, 600 000 euros en liquide, dort dans la penderie. “J’ai bien un coffre-fort à la banque”, reconnaît Roland. “J’aurais dû mettre ces lingots à l’abri, mais j’ai été négligent.” Il regrette amèrement sa confiance.

Mis en confiance, dépossédé en silence

“Ça a tardé parce que j’ai encore beaucoup de travail pour l’avenir, des biens à vendre… Ça ne devait pas être là. On n’est plus à l’époque où on mettait nos économies sous le sommier. Je regrette de ne pas avoir fait attention.” À cela s’ajoute une montre Piaget en or, également subtilisée.

Alors que Roland discute sur le balcon avec l’un des faux policiers, l’autre vide les tiroirs. Sa femme, dans le salon, ne se méfie pas non plus. En moins de 30 minutes, les malfaiteurs repartent, les poches pleines. Avec une ironie glaçante, ils leur recommandent même de bien verrouiller la porte d’entrée.

L’enquête s’oriente vers des proches du couple

Roland découvre la disparition quelques instants après leur départ. Trop tard. Les voleurs ont déjà pris la fuite, croisant de peu une vraie patrouille intervenue pour un fait divers sans lien. L’enquête est désormais entre les mains de la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS).

Les enquêteurs, selon Le Parisien, s’intéressent au cercle proche des victimes. Le personnel médical ou les aides à domicile pourraient avoir transmis des informations précieuses sur les habitudes du couple ou la présence d’espèces et de métaux précieux au domicile.

“On peut se faire arnaquer à tout âge”

“Maintenant il va falloir que j’oublie, que je pense à autre chose. Dieu merci, on n’a pas été agressés physiquement. À mon âge ça ne me mettra pas en difficulté”, temporise Roland. “ Moi qui suis resté prudent toute ma vie, je me suis finalement fait avoir. On peut se faire arnaquer à tout âge.”