Veuve noire de l’Isère : comment Manuela Gonzalez a hérité de ce surnomPhoto prise lors du procès de Manuela Gonzalez en 2014.AFP
Manuela Gonzalez a été condamnée à 30 ans de réclusion en 2016 pour l'homicide de son mari, mais son passé qui lui a fait hériter de ce surnom. Deux des hommes qu'elle fréquentait ont été tués, trois ont été étrangement intoxiqués.
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La veuve noire de l’Isère était en blanc.

Lorsqu’elle arrive devant les juges en 2014, Manuela Gonzalez porte du blanc, ce qui détonne avec son surnom, que l’on connaît désormais bien plus que son nom. Au moment de faire face à la justice, Manuela Gonzalez est âgée de 54 ans et son histoire ressemble à un roman d’Émile Zola.

Avec ses cheveux bruns savamment coiffés et ses lunettes rouges, la monitrice d’autoécole est une quinquagénaire dans l’air du temps. Elle dit alors être une femme "comme tout le monde", mais les faits pour lesquels elle est jugée disent le contraire : son mari est mort dans un incendie volontaire il y a huit ans et elle est la principale suspecte. En tout, cinq hommes qu’elle a fréquentés – maris ou amants – sont morts ou ont failli perdre la vie dans d’étranges circonstances les 30 dernières années. "Je continue à dire que je suis innocente des faits qui me sont reprochés, et on sera là pour le démontrer", explique-t-elle alors, rapportait Le Monde en 2014.

Veuve noire de l’Isère : la mort de son mari en 2008

Les juges décideront finalement de sa culpabilité, la condamnant à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son dernier mari, Daniel Cano. Le corps calciné de ce chaudronnier de 58 ans avait été retrouvé en 2008 dans sa voiture garée à une centaine de mètres du domicile conjugal de Villard-Bonnot dans l'Isère. Manuela Gonzalez est alors formelle, il s’agit d’un suicide, mais l’autopsie révèle la présence de nombreux médicaments dans l’organisme du défunt.

Un point attise d’autant plus la curiosité des enquêteurs : un mois avant cette découverte, Daniel Cano avait miraculeusement réchappé à un incendie qui s’était déclaré au milieu de sa chambre à coucher. Son épouse faisait alors la cuisine au rez-de-chaussée et mettait le sinistre sur le dos du chien, qui avait fait tomber une bougie. Une série de malchances ? Par le passé, les amants ou compagnons de la quinquagénaire ont eux subi des intoxications suspectes...

Veuve noire de l’Isère : un passé qui pose question

Une "personnalité originale, voire étrange (…) très difficile à cerner". C’est en ces termes que le psychologue Gérald Poussin a décrit Manuela Gonzalez en 2014, rappelle Le Monde. Une femme qui "reste en partie un mystère" et qui aurait essayé "de se présenter sous un jour favorable". C’est aussi son passé qui interroge : son premier époux, avec lequel elle s’est mariée à l’âge de 17 ans, a passé trois mois à l’hôpital après avoir absorbé une forte dose d’anxiolytiques en 1983.

En 1984, c’est son amant qui était à son tour hospitalisé, victime d’une overdose après avoir ingéré un dérivé de la morphine. En 1989 et 1991, deux de ses compagnons ne s’en sont pas sortis, asphyxié par du gaz d’échappement ou victime d’un incendie. Soupçonnée, elle a à chaque fois échappé à la justice.

Veuve noire de l’Isère : des tensions dans son couple

Manuela Gonzalez a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés. Le décès d’un de ses amants avait été considéré comme un suicide et elle avait bénéficié d’un non-lieu pour le second. Si elle a été condamnée en appel à 30 ans de réclusion criminelle pour l’assassinat de son dernier époux Daniel Cano, aucune preuve matérielle n’a pu être avancée.

Quel aurait bien pu être son mobile ? Comme l’explique Le Monde, les gendarmes avaient découvert au cours de leur enquête qu’il existait des tensions entre Daniel Cano et son épouse, qui était une adepte des jeux d’argent. Selon Europe 1, ce dernier bénéficiait d’une assurance-vie de 100 000 euros.