Le récit de l'enfance martyre du "second" accusé du procès de MazanIllustrationabacapress
Après le récit de l'enfance terrible, mais pas totalement vérifié, de Dominique Pélicot en début de semaine et son retrait pour raisons médicales, c'est celui de Jean-Pierre Maréchal, qui est désormais le plus gravement mis en cause juste derrière "le chef d'orchestre" des viols de Mazan, qui a été narré mercredi. Glaçant.

Comme nous le rapportions mardi, Dominique Pélicot avait dû quitter l'audience qui se tenait au tribunal d'Avignon le jour précédent pour raisons de santé. Le septuagénaire souffre en effet de coliques néphrétiques et est même dispensé de comparution jusqu'à la semaine prochaine à cause d'une "surinfection". C'est ce lundi même qu'il devait pourtant s'expliquer...

Les experts sollicités avaient pu évoquer son enfance, apparemment terrible, qui aurait pu selon ses avocates, le pousser à reproduire ce qu'il avait vu à l'époque, des faits commis par son père à l'encontre de sa mère, et même de sa sœur adoptive, handicapée mentale . Une hypothèse qui n'avait pu totalement être écartée par une psychologue interrogée par la défense.

L'enfance de Jean-Pierre Maréchal monte l'horreur d'un cran

Autre accusé que l'on a découvert mercredi : Jean-Pierre Maréchal. Suite à des échanges en ligne avec Dominique Pélicot sur le site que ce dernier utilisait pour "recruter" les violeurs de sa femme Gisèle, il aurait refusé de participer à ces orgies macabres.

Mais devant l'insistance de Dominique Pélicot,il finira par accepter de lui prêter la sienne, une femme d'aujourd'hui 53 ans, en la droguant dans les mêmes conditions ou presque de 2015 à 2020. L'homme de 63 ans s'adonnera lui aussi à des abus sur sa propre femme. Nous vous avons déjà rapporté les faits en détail.

Mais Le Parisien est revenu également sur l'enfance de Jean-Pierre et elle est corroborée par la fratrie Maréchal. Même sa femme, pourtant jusqu'ici épouse aimante, n'était pas au courant. "Comment voulez-vous qu’il s’en sorte après ça ?" Pour elle, il l'avait vécue "heureuse" quoique très pauvre. Il fut élevé dans une ferme aux côtés de neuf frères et sœurs, qui ont donc confirmé l'impensable.

"J’ai été élevé par des cochons, on allait dans les bois…"

Le fils ainé de Jean-Pierre Maréchal a compris que son père mentait sur son enfance : "il enjolivait". Puis de le citer "Il disait en rigolant, 'J’ai été élevé par des cochons, on allait dans les bois…' " Et de conclure : "j'ai l’intime conviction que s’il n’avait pas rencontré cette personne - Dominique Pélicot - il n’aurait jamais fait ça."

Ce que ses frères et sœurs décrivent est terrifiant. Ils parlent d'un père "bestial" qui pouvait attacher les enfants à un arbre toute la nuit révèle le quotidien régional. Et le décrivent comme "une ordure", un "obsédé sexuel" qui les a tous abusés.

Une note dans l'enquête de personnalité réalisée avant le procès précise que les membres de la fratrie "se cachaient dans le clapier à lapin pour lui échapper." La mère de Jean-Pierre Maréchal, alcoolique, était livrée en coma éthylique à des hommes, "parfois devant les enfants" d'après Le ParisienElle mourra d’une cirrhose. Une des sœurs se suicidera, une autre sombrera dans la drogue. 

Attention, nous ne cherchons pas ici à atténuer ses responsabilité dans l'affaire de Mazan, c'est le rôle des médecins et de la justice de trancher. Et citons le psychiatre Laurent Layet, qui l'a expertisé avant les débats : 

"le fait de se décrire comme un suiveur permet de mettre à distance la culpabilité", explique-t-il. Et insiste sur le fait qu'après juillet 2020, un soir ou sa femme s'était réveillée et avait aperçu Dominique Pélicot s'enfuir par la fenêtre de sa chambre à coucher, son mari Jean-Pierre a, qui elle avait demandé alors de ne plus la toucher, avait ensuite rappelé ce dernier pour d'autres séances de viols.  Aujourd'hui, le sexagénaire dit à ses enfants "mériter la mort".