Affaire Emile : comment la disparition du garçon a entraîné la plainte d'un voisinAbacapressabacapress
La plainte d'un voisin du hameau où a disparu le jeune Emile en juillet donne un éclairage cru sur le drame qui a bouleversé un village auparavant paisible.
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Près de 70 jours. Les semaines défilent impitoyablement depuis la disparition du jeune Emile, 2 ans, le 8 juillet dernier au Hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Hautes-Provence) où il séjournait chez ses grands-parents. Pourtant les enquêteurs patinent. En attendant l’affaire pèse comme le plomb sur le hameau, autrefois plutôt paisible, qui vit maintenant au rythme des allers et venues des gendarmes. Interrogés par le Point, des habitants confient avoir été auditionnés durant les dernières semaines : “Des questions types sur nos emplois du temps, pour confirmer qu'on était avec telle ou telle personne le jour des faits”.

Un voisin "accro" à la vitesse

Alors que l’enquête se porte régulièrement sur les habitants du coin, l’affaire a galvanisé les suspicions des uns et des autres, à tel point qu’un jeune homme aurait déposé plainte pour “dénonciation calomnieuse” relate Le Point. Le média révèle que l’homme a été auditionné à deux reprises par les enquêteurs, après que des habitants du hameau ont signalé aux autorités qu’il roulait trop vite avec son tracteur. Une information déjà abordée par Le Parisien en juillet. Fils d’une famille d’agriculteurs, il est connu dans le village pour être accro à la vitesse, et aurait d’ailleurs causé deux accidents ces dernières années : l’un avec un buggy en 2021, et l’autre avec un engin agricole en 2022. “Au Vernet, cela en fait un coupable idéal”, avait même déclaré un habitant auprès de BFMTV, le 21 juillet. Il a depuis été mis hors de cause mais les dénonciations de ses voisins et les on-dit ont envenimé les relations de sa famille avec le voisinage. 

97 hectares passés au crible

Après avoir ratissé les 97 hectares qui entourent le domicile familial, ouvert la porte des maisons du hameau et procédé à plusieurs auditions parmi les voisins et le proches, l’enquête est au point mort, et se heurte jour après jour à cette impossibilité : comment un enfant de 2 ans a pu tout bonnement s’évaporer dans la nature sans laisser de trace, pas même une odeur détectable par les chiens des équipes cynophiles ? Pas plus tard que lundi 11 septembre et mardi 12 septembre, les policiers étaient de retour sur le terrain pour fouiller les abords d’une maison dans le cadre d’une enquête désormais élargie au faits criminels d”enlèvement, arrestation, détention et séquestration arbitraire sur mineur de moins de quinze ans”. “Ce cadre procédural offre plus de souplesse” aux enquêteurs, justifie Emmanuel Merlin, procureur-adjoint, à l’AFP.

Une dalle suspecte

Munis d’un marteau-piqueur, les enquêteurs ont procédé à la destruction d’une grande dalle en béton, posée au cours de travaux menés par une entreprise de BTP cet été. Cet été, un sonar avait détecté une anomalie sous la dalle, mais rien. A ce jour, de nombreuses théories sont encore étudiées par les enquêteurs, de la plus farfelue à la plus logique, mais aucune n’a encore débouché sur une ébauche de réponse. Emile a-t-il été enlevé, attaqué par un animal, est-il mort lors d’un drame familial ou renversé sur la route, a-t-il été kidnappé, ou est-il tombé dans un relief escarpé de la zone ? Pour l'instant, les montagnes du Vernet gardent jalousement leur secret.