Tableaux de maîtres, millions, domaines… Qu’est devenu le trésor du richissime comte de Paris ?Henri d'Orléans (1933-2019) et Micaela Cousino, comte et comtesse de Paris (titre de courtoisie)abacapress
Henri d'Orléans, comte de Paris et prétendant au trône de France vient de mourir. Il laisse derrière lui une fortune historique… Ainsi que le riche récit d'une famille brisée par la haine et les querelles d'héritage.
Sommaire

Le somptueux trésor du comte de Paris : Henri d’Orléans, "chef de la Maison de France" vient de mourir

Henri d’Orléans, comte de Paris et prétendant au trône de France vient de mourir à 85 ans. C’est son fils, Jean de France, le duc de Vendôme, qui a annoncé son décès le 21 janvier, date anniversaire de la décapitation de Louis XVI. La famille d’Orléans descend d’ailleurs du dernier roi de France, Louis Philippe 1er, né en 1773 et mort en 1850, qui a régné entre 1830 et 1848.

A lire aussi :Mais au fait, où sont passés les millions d’Emmanuel Macron ?

La mort d’Henri d’Orléans survient 20 ans après celle de son père, Henri d’Orléans, qui s’est éteint en 1999.Il lègue, indique Le Figaro le titre de courtoisie de comte de Paris à son fils Jean, âgé de 53 ans. Ce dernier lui succède d’ailleurs comme "chef de la Maison de France", poursuit le journal généralement marqué à droite. Sauf disposition contraire prise avant son décès, figurent également parmi ses héritiers directs ses filles Marie d’Orléans – dite princesse d’Orléans – et Blanche d’Orléans – dite Mademoiselle de Valois – ainsi que ses fils François d’Orléans, le comte de Clermont et Eudes d’Orléans, duc d’Angoulême.

Toutefois, l’héritage de la famille d’Orléans ne se limite pas à un seul titre d’attente et a fait couler beaucoup d’encre par le passé. La fortune familiale fut, en effet, l’une des plus impressionnantes d’Europe…

Le somptueux trésor du comte de Paris : "je ne vous laisserai que la haine et des larmes pour pleurer"

"Je ne vous laisserai que la haine et des larmes pour pleurer", avait assuré Henri d’Orléans, grand-père de Jean de France et père de son homonyme qui vient de décéder, à ses propres enfants avant sa mort. Le comte de Paris s’est donc évertué, rapporte Le Figaro à flamber l’intégralité de ce qu'il possédait de la fortune des anciens rois de France. Et ce qu’il ne pouvait dépenser, il l’a donné, explique le quotidien.

Pourtant, en 1940, l’homme hérite d’une fortune colossale, estimée à… 400 millions d’anciens francs soit près de 150 millions d’euros aujourd’hui, révélait L’Express  en 1999. Cet imposant patrimoine, constitué entre autres par Louis-Philippe et la branche cadette des Bourbons comportait de nombreux tableaux de maîtres, de luxueux meubles, d’inestimables bijoux, mais aussi des propriétés ainsi que des actions, poursuit le magazine. A l’époque, Henri est également propriétaire de la plus grosse propriété foncière de France, de saphirs, de diamants de certaines œuvres précieuses et uniques comme le tableau de Louis XIII Par Philippe de Champaigne ou un album de sanguines réalisées par Louis XIV enfant.

Un magnifique capital qu’il fait le choix de dilapider. A sa mort, en 1999, ses onze enfants ne récupèrent "que" 40 millions de francs, soit 6 millions d’euros environ rappelle Libération. Auxquels s’ajoutent "‘six mouchoirs monogrammés, une paire de pantoufles’ et les derniers hectares de l’antique duché de Guise", précise L’Express.

Le somptueux trésor du comte de Paris : guerres successorales et génération sacrifiée ?

"Le comte de Paris avait compris que sa famille allait se disputer son héritage sur sa dépouille. Il avait une vision historique de la France et souhaitait que ses biens restent auprès de la Nation", avait expliqué Stéphane Bern à propos de celui mort en 1999. Le journaliste évoque d'ailleurs une "génération sacrifiée". L’homme considérait en effet ses enfants comme des "crétins".

"Le comte de Paris a fait onze enfants, mais il leur a coupé les ailes avant de leur reprocher de ne pas savoir voler. Ces enfants ont été élevés dans l’opulence, mais quand ils sont devenus majeurs, ils n’avaient jamais appris de métier", poursuit l’animateur radio. Les descendants d’Henri (1908-1999) sont moins tendres à l’égard de feu leur père.

"Je crains qu’il ne veuille faire de son échec personnel celui de toute la famille", estimait pour sa part Jacques d’Orléans, évoquant la volonté de son géniteur de rétablir la monarchie en France.

Le somptueux trésor du comte de Paris : une âpre bataille juridique pour récupérer les biens donnés

Ce qu’il n’a pu vendre, Henri d’Orléans, mort en 1999, l’a gracieusement donné à la fondation Saint-Louis. Ce fut notamment le cas du portrait de Louis XIII par Philippe de Champaigne, de celui d’un jeune Louis XIV ou des carnets de dessin du Roi-Soleil. Ils ont longtemps été gardés dans les coffres de Munigarde, l’un des services du Crédit municipal de Paris.

Pourtant, après une longue bataille judiciaire – 12 ans de procédure – les héritiers d’Henri dOrléans, dont Henri d’Orléans décédé ce lundi 21 janvier, ont pu récupérer les biens cédés par leur père. En effet, le Comte de Paris les avait cédés par voie de donation en juin 1976 à la fondation dont il était d’ailleurs le créateur.

Or, les juges ont estimé que le don était nul, faute d’autorisation administrative ou d’acte notarial, rappelle Le Figaro.

Cependant, le prince Jean d’Orléans s’est opposé au jugement, désireux de profiter lui aussi de ce mirifique héritage. "Jean demande aujourd’hui l’application du testament de sa grand-mère. Il est aujourd’hui lésé par cette transaction", expliquait son avocat, Me Jacques Trémolet de Villers, dans les colonnes du quotidien. Et pour cause : à cette époque, la presse évoquait un leg de plusieurs dizaines de millions d’euros, de quoi réveiller l’appétit financier du petit-fils, assure le journal.

Une réaction qui irrite particulièrement l’un des avocats du reste de la famille. "Leur neveu, qui a déjà touché environ 2 millions d’euros, n’est guidé que par l’appât du gain. On est bien loin des vertus royales et des principes républicains qu’on a tenté de lui inculquer dans la famille !", s’agaçait à l’époque Me Olivier Baratelli.

Un conflit successoral qui, pour Stéphan Bern, signe la fin de la famille. "Leur seul projet c’est de faire l’argent. Les derniers trésors de la famille risquent de disparaître : ça sera un enterrement de première classe pour les Orléans", s'insurge-t-il devant les micros de Libération.