Restaurant : œufs en bouteille et légumes précuits bientôt autorisés dans le "Fait Maison" ?
C'est une petite révolution qui se prépare dans les cuisines de l'Hexagone. Ce jeudi 11 décembre, à l'issue des Assises de la restauration, le ministère du Commerce a officialisé une révision majeure des règles culinaires régissant nos bistrots. Face à un secteur en souffrance, l'exécutif a décidé de revoir sa copie pour encourager l'usage d'une mention souvent boudée par les professionnels. Planet fait le point.
Une liste d'ingrédients élargie aux produits semi-transformés
C'était une demande de longue date des syndicats patronaux : la définition du "produit brut" va évoluer pour s'adapter à la réalité du terrain. Jusqu'ici, la règle exigeait une transformation sur place à partir de produits quasi exclusivement bruts. Désormais, il est crucial pour le consommateur de savoir quels produits sont autorisés dans le "Fait Maison" 2025 afin de ne pas être surpris lors de la commande. Concrètement, la liste s'ouvre à des denrées semi-élaborées ou nettoyées en amont.
Selon les informations relayées par Le Figaro, cette nouvelle tolérance concerne les ovoproduits (œufs conditionnés en bouteille, évitant le cassage manuel), les légumes blanchis (déjà précuits), la crème végétale ou encore la chair de crabe. Ces changements, qui seront actés par voie réglementaire, signifient que l'intégration des ovoproduits et légumes blanchis dans la cuisine "Fait Maison" ne sera plus un obstacle à l'obtention du petit logo en forme de casserole.
Pourquoi assouplir les règles maintenant ?
Cet assouplissement des critères du "Fait Maison" pour les restaurateurs répond avant tout à une urgence économique. Le dispositif initial de 2014 a été un échec relatif : jugé trop complexe et restrictif, il n'a pas su séduire. Une distinction importante doit être faite : si une grande majorité de restaurateurs cuisinent majoritairement sur place, nombre d'entre eux estiment que le label actuel est inadapté ou trop lourd à gérer administrativement.
Le contexte est d'autant plus tendu que la profession traverse une crise sévère. Le secteur fait face à une vague inquiétante de fermetures, victime de l'inflation et des difficultés de recrutement. Pour le cabinet de Serge Papin, la démarche se veut pragmatique : "L'objectif, c'est de favoriser la mention ‘fait maison’, faire en sorte qu'elle puisse être reprise en facilitant son usage. On ne diminue pas l'exigence, mais on répond aux pratiques des restaurateurs". L'idée est de permettre aux chefs de gagner du temps sur des tâches chronophages sans sacrifier l'esprit de la cuisine artisanale.
Transparence et qualité : ce qui change pour vous
Si la mesure vise à sauver les meubles côté restaurateurs, elle modifie le contrat de confiance avec le client. Les conséquences de la réforme du label "Fait Maison" au restaurant seront visibles sur les cartes : le logo devrait fleurir plus souvent, offrant une meilleure lisibilité. Cependant, cette généralisation s'accompagne d'une définition moins puriste, posant la question de l'impact de la mention "Fait Maison" sur la qualité des plats servis. La frontière avec la cuisine d'assemblage devient plus tenue, bien que l'objectif reste de marquer une différence nette avec l'industriel pur.
Pour ceux cherchant l'excellence absolue, le gouvernement mise en parallèle sur le titre de "Maître-Restaurateur". Ce label, plus exigeant, va lui aussi être simplifié administrativement pour atteindre 10 000 titulaires d'ici 2027. Les nouvelles règles du "Fait Maison" devront être finalisées prochainement : le projet de décret sur le label "Fait Maison" janvier 2026 devrait entériner ces mesures après une ultime phase de consultation avec le Groupement des Hôtelleries & Restaurations (GHR) en début d'année.