De nombreux séniors rencontrent des difficultés avec le numérique, ce qui compromet leur accès aux démarches administratives et aux aides sociales.
Ca y est : l'argent liquide est de retour ! Après des années de baisse, les espèces retirées dans les distributeurs automatiques de billets (DAB) sont reparties à la hausse en 2023. Selon les données du GIE Carte Bancaire citées par Les Echos, les sommes retirées au premier semestre 2023 étaient en hausse de 5% par rapport à un an plus tôt. Le nombre de passages au DAB a quant à lui connu une hausse plus modeste (+1%). Mais pourquoi ce retour en force des espèces en France ?
Si les Français vont un peu plus souvent retirer du cash et ont un peu plus d'argent dans les poches c'est à cause de l'inflation. On retire davantage parce que les prix ont augmenté mais ce n’est pas la seule explication. Selon le GIE, les Français s'appuient davantage depuis quelques mois sur les espèces pour gérer leur budget.
Les espèces accentuent "la douleur de payer"
Le paiement par carte, le sans-contact, le smartphone c’est très pratique, mais ça éloigne les consommateurs de la réalité de l’argent. À l’inverse, les espèces accentuent un phénomène que les psychologues appellent "la douleur de payer". "Casser un billet", se délester de 20 euros est plus "douloureux" ou en tout cas plus palpable que de dépenser la même somme en passant simplement sa carte sur un terminal.
Cette inclination à privilégier le cash depuis quelques mois est aussi nourrie par un nombre croissance de contenus sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, on dénombre pas moins de 1,3 milliard d'occurrences pour le hashtag "Cash Stuffing", littéralement "bourrage d'espèces" en français.
Une méthode qui séduit particulièrement les jeunes
L’idée ? Remplir chaque début de mois des enveloppes de billets de banque : une pour l’alimentaire, une pour les loisirs, une pour les restos etc. Et de ne pas dépenser plus d'argent que se contiennent les enveloppes. Une sorte d'auto-plafond de paiement pour différents types de dépenses. Une méthode qui séduit particulièrement les jeunes et pas seulement français puisqu’au Royaume-Uni les paiements en cash ont encore plus fortement progressé , de l'ordre de 7% en un an.
Mais, est-ce que cet attrait conjoncturel pour les espèces se poursuivra une fois l’inflation revenue à des niveaux "normaux" ? Rien n'est moins sûr. Cet attrait pour le cash est un symptome d'une perte de confiance que l'on retrouve durant les périodes de crise . Durant la dépression de 2008, la demande d'espèces s'était accrue avant de refluer la décennie suivante. La tendance de fonds sur une longue période, c'est en effet l’abandon progressif des espèces au profit de modes de paiement plus simples. Entre 2016 et 2022, la part des transactions en cash est ainsi passée de 68% à 50%.
Cette évolution on la constate dans toute l'Europe. Dans certains pays comme le Danemark ou la Finlande, les espèces ont même quasiment disparu. Les espèces ne disparaîtront peut-être jamais en France, les Français y sont attachés. Mais ils devraient à l’avenir de plus en plus payer leur baguette de pain par carte...