Distributeurs de billets : l’Autorité bancaire inquiète IllustrationIstock
Le 10 mai 2023, le directeur exécutif de l'Autorité bancaire européenne a affirmé vouloir entamer des réflexions au sujet du phénomène de "bank run". Des retraits massifs de dépôts inquiètent l'institution. Mais quels sont les véritables risques ? Les banques françaises sont-elles en danger ?
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Depuis quelques mois, les retraits de dépôts se multiplient aux distributeurs de billets et l'Autorité bancaire s'en inquiète. Pour cause, en mars dernier, ces pratiques avaient provoqué la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB). En effet, le 10 mars 2023, des images des files d'attente devant les guichets bancaires ont fait le tour de la toile. 

La seizième banque la plus importante des Etats-Unis venait de s'effondrer. Les startups et les entreprises technologiques étaient les principaux clients de cette banque régionale. Tout est parti de rumeurs selon lesquelles SVB avait raté une augmentation de capital de 2,2 milliards de dollars peu de temps après avoir cédé des obligations. Les clients, apeurés, ont décidé de retirer les fonds qui se trouvaient sur leur compte. La banque s'est alors retrouvée en situation de "bank run", autrement dit de crise de liquidités. 

"Bank run" de SVB : l'inquiétude des autres pays

En quelques heures, 42 milliards de dollars ont été retirés par les entreprises clientes de la Silicon Valley Bank. Quelques jours plus tard, le 15 mars 2023, c'est au tour de la banque du Crédit Suisse de s'effondrer en bourse. Ces évènements inquiètent particulièrement les institutions européennes craignant des scénarios similaires dans leur pays. 

Mercredi 10 mai, François-Louis Michaud, directeur exécutif de l'Autorité bancaire européenne (ABE), a été entendu par la commission des finances du Sénat français. Il a alors affirmé vouloir entamer des discussions pour se préparer au phénomène de "bank run" et mieux prévoir les risques. Les retraits massifs aux distributeurs étant le déclencheur de cet évènement aux Etats-Unis, les agences européennes souhaitent agir au plus vite pour s'en préserver. 

Des pratiques qui posent problème

Lors de l'entretien avec la commission des finances du Sénat, François-Louis Michaud a déclaré qu'"il y [avait] des questions à se poser sur la vitesse de retrait des dépôts", d'après les informations recueillies par l'AFP et retransmises par BFMTV. Il a alors confirmé que des réflexions avaient été entamées à ce sujet pour mieux prévenir ce type d'évènements. "Nous sommes entrés dans un nouveau monde avec des applications numériques qui permettent aux gens de transférer leurs dépôtsbeaucoup plus vite qu'avant", a-t-il ajouté. 

C'est donc la capacité pour les clients à retirer leurs fonds rapidement qui préoccupe les autorités. Mais alors quel est l'objet de ces discussions ? Quelles sont les alternatives envisagées par l'Autorité bancaire européenne ? 

Des méthodes à mettre en place pour échapper au "bank run"

"Si la confiance disparaît, la fuite des dépôts peut être rapide", a précisé François-Louis Michaud. En effet, la situation aux Etats-Unis ainsi que celle du Crédit Suisse ont pris plus d'ampleur à cause de ces retraits de fonds importants à partir de 2022. Il s'agit donc avant tout d'une question de sécurité. Si les clients sentent une faille, ils sont plus à même de paniquer et de se tourner vers une autre banque. 

Néanmoins, il existe "des instruments pour y faire face", a conclu François-Louis Michaud. Parmi les méthodes mises en place, on retrouve la demande de conservation d'un certain pourcentage d'actifs hautement liquides auprès des banques.

Par ailleurs, la secrétaire générale adjointe de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), Evelyne Massé, a également été entendue par le Sénat. "On est en alerte" sur "les éventuelles vulnérabilités des uns et des autres", a-t-elle affirmé.