Pénurie de carburant : le scénario pessimiste des prochains jours

Publié par Eléonore Bounhiol
le 15/10/2022
fuel shortage - rouen
abacapress
Il va certainement falloir encore beaucoup de patience aux automobilistes de l’Hexagone avant d’espérer un retour à la normale côté carburant. Si le président Emmanuel Macron assurait lui-même il y a quelques jours que la situation devrait s’améliorer nettement en début de semaine prochaine, dans les faits, cela s’annonce bien compliqué… Voire, impossible, selon les principaux acteurs du secteur. Mais alors, quand pourra-t-on enfin faire le plein sans encombre ? Le point sur ce qui vous attend.

Le sujet est brûlant depuis maintenant près de deux semaines. Aux quatre coins de l’Hexagone, c’est le brans-le-bas de combat pour les automobilistes qui cherchent, en vain, à remplir leur réservoir. En cause : une grève d’ampleur dans plusieurs raffineries du groupe TotalEnergies, notamment. Les stations services sont difficilement approvisionnées : certaines sont même complètement à sec.

Vendredi 14 octobre, 28,5% des stations-service étaient "en rupture d'au moins un produit" et "en difficulté", selon la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Et dans certaines régions, ce pourcentage explose encore davantage, jusqu’à 75%.

Pourtant, le gouvernement se veut rassurant depuis le début de la crise. 

Lors de son allocution télévisée mercredi soir, dans la nouvelle émission politique de France 2, L’Evènement, le président Emmanuel Macron assurait même un retour à la normale "dans le courant de la semaine qui vient".

Pénurie de carburant : des signes d’amélioration en fin de semaine ? 

Vendredi, la Première ministre Elizabeth Borne notait pour sa part des “signes d’amélioration” dans les dépôts, grâce, notamment, à la libération des stocks stratégiques et de plusieurs réquisitions. Mais qu’en est-il vraiment ? Et surtout, comment la situation risque t-elle d’évoluer dans les prochains jours, alors que la grève vient d’être reconduite et qu’un “mardi noir” de mobilisation se profile ?

Peut-on vraiment espérer un retour à la normale dans les prochains jours, ou devra-t-on patienter encore plusieurs semaines ? Les acteurs du secteur sont loin d’être optimistes.
Dans le diaporama qui suit, découvrez leurs prévisions et ce qui vous attend, point par point, pour les jours qui viennent. 

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Une reconduction de la grève samedi

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vote to continue the strike at the totalenergies refinery - gonfreville
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Crédit : Maunoury/ANDBZ/ABACA

Samedi 15 octobre, la grève soutenue par la CGT a été reconduite sur l’ensemble des sites TotalEnergies. Le mouvement doit se poursuivre au moins jusqu’à mardi. 

En revanche, la grève a été levée en fin de semaine dans les deux raffineries du groupe Esso-ExxonMobil, à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, et à Gravenchon, en Normandie, après la conclusion d’un accord salarial mardi.

Mais cela ne veut pas forcément dire que le carburant va désormais couler à flots… 

Des mesures insuffisantes ?

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fuel shortage - paris
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Crédit : Urman Lionel/ABACA

Pour faire face à la crise, qui touche des millions de Français, le gouvernement a pris ces derniers jours une série de mesures, pour tenter de faire affluer davantage d’essence dans les stations de l’Hexagone. 

L’exécutif a notamment ordonné la réquisition de personnel dans certains sites, mais aussi la libération des stocks stratégiques de carburant. 

Autre point : le ministre des Transports Clément Beaune a pris deux arrêtés pour permettre aux camions-citernes de circuler ce week-end, notamment pour approvisionner les stations. Le texte autorise aussi à dépasser la durée maximale de conduite journalière.

Mais ça n’est pas gagné pour autant. Sur BFM TV, Francis Pousse, Président national Distributeurs Carburants et Energies Nouvelles chez Mobilians, s’inquiète : "même si les camions pourront rouler, il y a toujours la règle des 48 heures de repos. En plus, tous les dépôts ne sont pas ouverts. Cela fait beaucoup de contraintes".

Une "journée noire" mardi 18

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rally in support of refinery strikers - paris
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Crédit : Ait Adjedjou Karim/ABACA

Surtout que le mouvement de grève devrait se poursuivre vraisemblablement jusqu’à mardi 18 octobre, après que les syndicats aient appelé à une journée de mobilisation interprofessionnelle. De nombreux secteurs devraient être touchés, et notament, les transports, ce qui rendra fort probablement difficile la livraison de carburant en station. 

Un retour à la normale “impossible”

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fuel shortage - paris
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Crédit : Urman Lionel/ABACA

Dans un tel contexte, il semble difficile, pour les acteurs du secteur, de croire à un retour à la normale dans le courant de la semaine. 

"Même si le mouvement de grève s'arrêtait lundi, je ne pense pas que vous pouvez refaire fonctionner les installations du jour au lendemain. Il y a un peu de procédures de sécurité le temps d'organiser les livraisons. Donc, dire que la semaine prochaine tout est réglé, je pense que c'est rajouter de l'huile sur le feu en termes de mécontentement de la population", a expliqué Vincent Gautheron, membre de la commission exécutive confédérale de la CGT, sur BFM TV. 

Francis Pousse abonde dans le même sens : “C'est impossible qu'un retour à la normale (...) arrive la semaine prochaine, tout simplement parce qu'une raffinerie, c'est cinq à dix jours pour redémarrer”, a-t-il déclaré sur la chaîne d’information. 

Pénurie de carburant : encore deux, trois semaines de galère ?

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french oil workers vote to continue strike - paris
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Crédit : Poitout Florian/ABACA

Mais alors, quand peut-on espérer un retour à la normale ? Et bien, pas de sitôt, à en croire les spécialistes. 

Sur BFM TV, Francis Pousse table sur au moins 15 à 20 jours

Esso-ExxonMobil, dans un communiqué, semble tout aussi pessimiste, bien que la grève sur ses sites soit désormais levée. L'entreprise assure :

 "Les unités des deux raffineries d'Esso Raffinage seront progressivement redémarrées selon les protocoles de sécurité nécessaires et de façon à minimiser les nuisances". Au cours des deux à trois prochaines semaines, "les productions des deux sites n'auront pas retrouvé leur niveau optimal". 

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