100 000 logements, coloc “Alzheimer”, aides… l’Igas réclame les grands moyens pour affronter le vieillissement de la population
Plus de temps à perdre. D’ici 2050, la France devrait compter pas moins de 4 millions de personnes ayant atteint un âge avancé, et donc susceptibles de se retrouver en situation de dépendance. Dans cette perspective, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), un organisme lié au ministère de la Santé, a publié un rapport passé fin mars 2024 un rapport passé quelque peu sous les radars. Pourtant, les messages qu’il contient n’ont rien d’anodin.
La France a-t-elle les moyens de prendre le “virage domiciliaire”?
Ses auteurs constatent une “politique domiciliaire” menée par les pouvoirs publics, qui se traduira entre autres par une diminution “de 4 à 5 points de la part de bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie vivant en établissement”. Or cette politique, également qualifiée de “virage domiciliaire”, visant à maintenir le plus longtemps possible les personnes âgées chez elles, les pouvoirs publics ne semblent justement pas y être préparés.
Saturation des établissements, fragilité des services, dégradation des conditions de vie, pénibilité des métiers, risques de maltraitance, accroissement des inégalités “notamment vis-à-vis des femmes”, inégalités territoriales… Le tableau dressé se révèle des plus sombres. Dans de telles conditions, comment gérer le passage vers le troisième et le quatrième âge de la génération du “Baby Boom”, née juste après la Seconde Guerre mondiale ? Et comment le faire en maintenant ces personnes à la maison, alors que les générations suivantes sont bien moins nombreuses ?
“Les conditions ne sont pas encore réunies pour réussir"
D’un point de vue strictement budgétaire, l'équation semble loin d’être résolue. D’autant qu’“une politique centrée sur le domicile ne représente pas nécessairement une source d’économie pour les finances publiques”, notent au passage les rapporteurs. “Les conditions ne sont pas encore réunies, pour réussir dans les 20 ans à venir, une politique domiciliaire en France”, jugent-ils.
Sans doucher tout espoir pour l’avenir, ils laissent toutefois la porte ouverte à une politique pour le grand âge. De leur enquête menée auprès de plus de 400 personnes et s’appuyant notamment sur un cas d’étude au Danemark, l’Igas a tiré des recommandations. En voici 10 parmi les plus marquantes.
Revoir la terminologie
Exit le "virage domiciliaire", l'Igas préconise seulement le "renforcement du soutien à domicile". Cela n'a rien d'un changement de surface, car c'est toute la stratégie qu'il faudrait revoir.
Interroger le niveau des plafonds d'aide
Maintenir des personnes à domicile, cela suppose des soins : infirmers, aide-soignants, aides à domicile, etc. Autant de postes de dépenses élevés que tout le monde n'est pas en mesure de financer.
Revoir les méthodes de comptabilité
L'Igas recommande de créer un "tableau de bord national et territorialisé" des structures existantes, prenant en compte les taux d'occupation, etc.
Prévenir la perte d'autonomie
Pour cela, l'Igas recommande de former les personnels soignants et travaillant dans le domaine médico-social.
Préserver et rénover le parc existant
L'Igas suggère "d'amplifier" le mouvement de rénovation "initiées avec le Ségur".
Des soins sur place
Il est suggéré d'obliger les “domiciles alternatifs” à disposer d’un “SAD” : service d’aide à domicile intégré ou du moins d'être conventionné avec l'un d'eux.
Des Ehpad comme “chez soi”
L'Igas préconise de créer les conditions pour que les résidents d'Ehpad puissent y vivre comme "chez eux".