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Pour éviter l’hécatombe après les fêtes de fin d’année, l’anticipation est de mise. Voici le message qu’entendent faire passer Abhijit Banerjee et Esther Duflo, deux prix Nobel d’économie 2019, dans une tribune parue dans le journal Le Monde, ce samedi 26 septembre 2020.
"Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 augmente régulièrement depuis le début du mois d’août, et cela plus rapidement en France que chez ses voisins. Certes, de plus en plus de tests sont réalisés. Mais, le taux de positivité augmente aussi. Il est donc indéniable que l’épidémie progresse… vite", constatent-ils.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement a annoncé des restrictions fortes pour faire reculer l’épidémie, au sein des territoires en alerte renforcée et maximale. La fermeture anticipée ou partielle des bars et restaurants selon les zones, vécu comme une "punition collective", a d’ailleurs provoqué la colère des élus et des professionnels.
Coronavirus : un confinement généralisé les 3 premières semaines de décembre
Or, selon les deux Prix Nobel, "la perspective d’un reconfinement, même local, est un repoussoir et l’on sent une résistance forte à limiter les activités, en particulier les plus lucratives". Fort de ce constat, il préconise une mesure bien plus radicale.
D’après eux, il faut "décréter un confinement dans tout le territoire pour la période de l’Avent, disons du 1ᵉʳ au 20 décembre, en demandant aux familles de rester chez elles et de ne pas anticiper les vacances en se précipitant chez les grands-parents".
Cela demande un effort collectif.
Covid-19 : un effort collectif pour sauver Noël
"Les citoyens responsables vont bientôt faire face à des dilemmes cornéliens entre leurs différents devoirs, et il est déraisonnable de ne pas les guider dans ces choix", assurent-ils. "Les rassemblements familiaux, avec leurs longs moments de convivialité autour d’une table (sans parler des cantiques et des chansons à boire), sont malheureusement propices aux contaminations."
Ils expliquent que la difficulté réside en la protection des personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques. "Tant que l’épidémie touche surtout ceux qui sont jeunes et en bonne santé, elle n’est pas particulièrement meurtrière et ne conduit pas à une augmentation rapide des hospitalisations", rappellent-ils.
Les rassemblements traditionnels de fin d’année en France pourraient alors se transformer en moment de forte propagation du coronavirus chez les personnes âgées. Ils prennent l’exemple de fêtes américaines : "Aux États-Unis, les longs week-ends du Memorial Day fin mai et du 4 juillet, jour de l’indépendance, ont été suivis de pics de contaminations."
Ils prévoient ainsi "une recrudescence catastrophique de la maladie − et donc des hospitalisations et des décès − chez les personnes âgées après Noël. Leurs enfants et petits-enfants risquent, malheureusement, de les contaminer".
Une telle mesure n’aboutirait-elle pas cependant à une catastrophe économique, lorsqu’on sait que la période des fêtes de fin d’année représente une part importante du chiffre d’affaires de nombreux commerces.
Reconfinement à Noël : comment éviter un nouveau désastre économique ?
Certes, le "coût pour l’économie serait important, mais moins que d’avoir à annuler Noël ou qu’un reconfinement dans des circonstances bien pires quinze jours plus tard", jugent les économistes. Ils conseillent ainsi d’anticiper les achats et cadeaux de Noël en novembre et de garder les magasins ouverts pour les commandes en décembre.
Les autorités devraient ensuite, d’après les prix Nobel, prévoir une grande campagne de tests dès la sortie du confinement. "C’est une solution qui a le mérite de prendre, pour une fois, de l’avance sur le virus, d’être claire, uniforme et transparente. Elle pourrait, de plus, être perçue comme le prix à payer pour une récompense immédiate, un effort collectif pour sauver Noël…", concluent-ils.