Xavier Dupont de Ligonnès : une enquête ouverte contre ses prochesAFP
Emprise psychologique, interdiction de nourriture, captation financière… D'après les informations du Parisien, la mère et la sœur de Xavier Dupont de Ligonnès sont suspectées d'abus de faiblesse.
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"Un groupe de prière fermé", de nouveau suspecté par la justice. Il s’agit de Philadelphie, une alliance d'inspiration catholique traditionaliste, créé dans les années 1970 par Violette, surnom de la mère de Xavier de Dupont de Ligonnès. Le groupe, désormais dirigé par Christine, la sœur de l'auteur présumé du quintuple meurtre de sa famille (son épouse et ses quatre enfants) en 2011 à Nantes, présente des risques de dérives sectaire. C’est ce qu’indiquent les témoignages d'une famille reçus par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Ainsi, Le 24 novembre 2019, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Versailles pour "abus de faiblesse en état de sujétion psychologique visant un mouvement d'inspiration catholique, traditionaliste, radical et apocalyptique", rapporte Le Parisien.

Xavier Dupont de Ligonnès : dénonciation de pratiques étranges

D’après les informations du quotidien, l’été dernier, Olivier et Fabien B., deux frères trentenaires de l'est de la France, se sont plaints à l'Association de défense des familles et de l'individu (Adfi) Alsace pour dénoncer des pratiques étranges. Olivier B., qui assure avoir appartenu à Philadelphie par le passé, indique avoir été forcé de payer les factures téléphoniques de Christine Dupont de Ligonnès.

Les frères B. ont également précisé que leurs parents étaient depuis 20 ans sous l'emprise psychologique de Geneviève Dupont de Ligonnès, porteuse de la parole divine, et de sa fille Christine, présentée comme l'élue.

Rupture familiale, privation de nourriture, choix de musique… Mère et fille auraient au fil du temps exigé, au nom de Dieu, des signes d’allégeance.

Les deux frères s’interrogent aussi sur la disparition des économies de leurs parents. En effet, lors du décès de leur mère, le 31 janvier 2019, leur père, selon eux très affaibli psychologiquement, n’avait pas les moyens nécessaires pour offrir des funérailles à son épouse. Ils ne savent pas non plus où est passé leur argent, notamment celui de la vente de leur seul bien immobilier, d’une valeur de 250 00 euros. S’ils ont saisi le juge des tutelles, leur père, a de son côté déposé une main courante contre ses deux fils, les accusant de manipulation.

Xavier Dupont de Ligonnès : les ressources de la famille ont-elles été aspirées par le groupe ?

Selon la Miviludes les faits "étaient suffisamment précis et circonstanciés" pour être signalés au procureur de la République. "La Mission a été relativement étonnée que le groupe puisse être encore actif et que ses adeptes soient toujours sous l'influence des inspirations et recommandations (voire les injonctions) des deux femmes, malgré les révélations qui ont suivi l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès", indique Anne Josso, secrétaire générale de la Miviludes, au journal Le Parisien.

En plus de vérifier si les ressources de la famille ont été données au groupe de prière, les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles devront aussi déterminer s’il existe d’autres victimes.

Xavier Dupont de Ligonnès : "une sombre histoire de vengeance personnelle" ?

D’après Stéphane Goldenstein, l’avocat de la famille Dupont de Ligonnès et de Jean-Michel B, "il s'agit d'une sombre histoire de vengeance personnelle. Après avoir tenté de faire hospitaliser d'office leur père, deux des fils tentent désormais de le faire placer sous tutelle alors que celui-ci n'a aucune altération de ses facultés mentales. Pour moi, il n'y a pas plus de secte que d'or en barre", assure-t-il dans les colonnes du Parisien.

Il ajoute que la "Miviludes devrait vérifier la crédibilité des dénonciations qu'elle reçoit avant de les porter sur la place publique comme elle l'avait fait déjà en 2011."

Par ailleurs, à la suite des premiers signalements envers Philadelphie en 1995, un rapport circonstancié avait été dressé sur les exigences de Geneviève Dupont de Ligonnès. Le document, auquel le quotidien a eu accès "fait état de déscolarisation d'enfants, de prières adressées à Lucifer, d'encouragement à l'adultère et de rupture familiale". Il est inscrit que "ces messages personnels doivent être détruits pour ne pas laisser de preuves".