Volvic : l’État dans le viseur pour des prélèvements d’eau jugés excessifs

Publié par Suruthi Srikumar
le 4/07/2025
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3 minutes
L'Etat épinglé
Ce vendredi 4 juillet, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand examine le recours du propriétaire d’une pisciculture accusant l’État d’avoir accordé des autorisations de pompage trop généreuses à Danone pour son usine Volvic. Planet fait le point.

Depuis 2017, les bassins de la pisciculture d’Édouard de Féligonde, à Malauzat, à quelques kilomètres de Volvic (Puy-de-Dôme), ne reçoivent plus d’eau plusieurs mois par an. Le site, classé monument historique, est aujourd’hui à l’arrêt. Selon son propriétaire, le problème viendrait des forages opérés en amont par l’usine Volvic, exploitée par Danone, qui capte l’eau minérale pour son embouteillage.

Ce vendredi 4 juillet, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand se penche sur les conditions d'attribution des autorisations de pompage accordées par l'Etat à Volvic. L’homme d’affaires réclame 32 millions d’euros à l’État, estimant que les autorisations préfectorales de prélèvement ont favorisé Danone au détriment de son exploitation. “C'est une situation explosive à court terme, puisque l'eau ne coulera plus aux sources (...) d'ici 2036 et cela sera donc un assèchement de la pisciculture, mais aussi de 3.600 hectares de terres en aval de chez moi", dénonce-t-il dans un courrier transmis à la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille, rapporte Le Figaro.

Des autorisations controversées

Les autorisations préfectorales en question fixent le plafond de prélèvement annuel à 2,389 millions de mètres cubes. Danone, selon les chiffres officiels, s’en tient tout juste en dessous. En réponse à la sécheresse persistante, ces seuils ont été abaissés de 10 % en 2022, puis de 5 % supplémentaires en avril 2025. Danone, sollicité par l’AFP, a déclaré ne pas commenter “des éléments de dossiers en cours”, mais a souligné avoir réduit ses prélèvements “de -15 % entre 2017 et 2024” et s’être engagé à de nouvelles réductions en cas d’alerte sécheresse. 

Pour l’État, le tarissement des sources est dû avant tout à un “phénomène de sécheresse” lié au dérèglement climatique. C’est l’argument déjà avancé lors d’une première audience en 2022. Deux expertises avaient alors été demandées : l’une hydrogéologique (une analyse des eaux souterraines), l’autre financière, pour évaluer précisément le préjudice.

La justice appelée à trancher dans un contexte sous tension

Le dossier ne se limite pas à un litige entre un particulier et l’administration. Le 27 juin dernier, trois associations environnementales, Preva, Frane et FNE63, ont elles aussi déposé un recours contre les autorisations de prélèvement, dénonçant des conséquences environnementales “excessives”. "Nous avons fait des alertes, nous avons écrit un courrier, nous avons rencontré la sous-préfète. Malgré toutes nos démarches préalables à l'arrêté, nous n'avons pas eu de réponse positive", regrette Sandrine Nolot, présidente de France Nature Environnement Puy-de-Dôme, rapporte La Montagne. 

Trois ans après avoir déjà pointé des “carences” de l’État dans sa gestion du dossier Volvic, le rapporteur public du tribunal administratif devrait, selon un document consulté par l’AFP, recommander cette fois de rejeter la requête de M. de Féligonde. Reste à savoir si les juges suivront cet avis.

 

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