Sur le plateau de LCI, l'éditorialiste André Bercoff a affirmé que "les migrants" touchent 600 euros dès lors qu'ils arrivent en France. Selon lui, ils ont aussi droit à 875 euros de retraite, sans même avoir cotisé. Ces propos ne reflètent pas la réalité.

Retraites & aides : les migrants sont-ils mieux lotis que vous ?

"Un migrant qui arrive en France reçoit 600 euros par mois", s’agaçait André Bercoff, le 29 novembre 2019, devant les micros de LCI. "Il faut savoir que ceux qui n’ont jamais cotisé pour leur retraite, puisqu’on parle de retraite, et qui arrivent en France, sans jamais avoir cotisé et travaillé en France reçoivent aujourd’hui 875 euros par mois, et en couple 1 100 euros par mois", a poursuivi l’éditorialiste tandis que Soazig  Quéméner, rédactrice en chef politique chez Marianne, pointait certaines de ses imprécisions. Elle n’est pas la seule à avoir souligné les approximations du journaliste : Libération y consacre tout un article.

Si le quotidien ne répond pas à la question hautement politique du journaliste, qui souhaite savoir "de qui on s’occupe en priorité", il revient néanmoins sur les chiffres avancés par André Bercoff. La réponse est sans appel : les propos de l’éditorialiste sont erronés. Les "migrants" ne touchent pas d’aide, c’est le propre des demandeurs d’asile. Ces derniers perçoivent en effet l’ADA (aide aux demandeurs d’asile). Il s’agit d’une subvention qui représente 426 euros mensuels (14,20 euros par jours) pour celles et ceux que l’Etat ne peut pas loger dans un centre et de 204 euros (6,80 euros par jours) pour les autres. Dans un cas comme dans l’autre on est loin des 600 euros avancés par l’éditorialiste.

D’autant plus, rappelle Libération, que cette aide n’est pas spécifique à la France — quoique les modalités exactes de son application varient selon les pays. Elle est aussi appliquée en Angleterre et en Allemagne, par exemple, où les montants sont parfois moins élevés mais les avantages (nourriture, vêtements, etc) plus conséquents.

Par ailleurs, note encore le quotidien national, cette aide n’est pas versée ad vitam. Dès lors que la demande d’asile est traitée, elle prend fin.

Retraite : quid des 875 euros que perçevraient les migrants ?

Plus que les seuls 600 euros d’aides prétendument accordés aux migrants, André Bercoff fustige ces immigrés qui pourraient prétendre à une retraite de 875 euros sans même avoir travaillé ou cotisé en France. Là encore, ses propos sont inexacts. 

Il existe bel et bien une aide qui correspond approximativement à celle décrite par l’éditorialiste. Il s’agit de l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Plus couramment appelée… "minimum vieillesse".

Cette aide ne concerne donc pas que les migrants, mais l’intégralité de celles et ceux qui sont jugés démunis selon les critères fixés par l’Etat. Ce qui comprend les contribuables qui perçoivent moins de 868 euros par mois (et non 875), une fois à la retraite. Celles et ceux-là perçoivent la différence, de telle sorte à toucher précisément ce minimum.

Par ailleurs, il importe de préciser que cette aide n’est ouverte aux étrangers que sous condition : ils doivent être en situation régulière, évidemment, mais aussi détenir un titre de séjour autorisant à travailler depuis 10 ans au moins. Ils n’y ont donc pas accès de façon systématique.