D'ici 2100, la température moyenne dans le nord de la France sera comparable à celle de la région de Montpellier actuellement. La faute au réchauffement climatique.
L’expression a été utilisée jusque dans la classe politique. Mercredi 17 juin, Jean-Luc Mélenchon a critiqué la notion de "privilège blanc", affirmant que les personnes qui l’utilisent "n’ont jamais vu un blanc pauvre". La notion n’est pas nouvelle, mais est revenue dans le débat avec les manifestations contre les violences policières, des deux côtés de l’Atlantique. Dans une lettre publique relayée par France Inter au mois de juin, Virginie Despentes la remettait en avant, écrivant : "Le privilège, c'est avoir le choix d'y penser, ou pas. Je ne peux pas oublier que je suis une femme. Mais je peux oublier que je suis blanche. Ça, c'est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l'humeur". L'expression est pourtant loin de faire l'unanimité. Dans une tribune publiée par Le Monde quelques jours plus tard, la députée socialiste Corinne Narassiguin qualifiait le "privilège blanc" d'"ineptie dangereuse". Selon elle, "c'est vouloir plaquer l'histoire des États-Unis sur l'histoire de France, sans respecter ni l'une ni l'autre".
"Privilège blanc" : "Inviter les gens à prendre conscience d'une réalité sociale"
Que signifie donc réellement cette notion de "privilège blanc" ? Elle désigne le statut préférentiel dont bénéficieraient les personnes blanches et leurs avantages, dont elles n’ont pas forcément conscience. Ce "privilège" est aussi de ne pas avoir à s’en préoccuper. Comme l’explique Gwénaële Calvès, professeure de droit public, l'expression est un peu compliquée à définir, car il s'agit surtout d'un "un mot d’ordre". Pour trouver l’origine du terme, il faut remonter trente ans en arrière. En 1988, Peggy McIntosh publie une liste de 46 "privilèges de la ‘Blanchité’". La professeure d’études féministes y affirme notamment qu’elle peut, en tant que Blanche, "allumer la télé (…) et voir des gens de ma race largement représentés", ou encore qu'on ne lui demande "jamais de parler pour toutes les personnes de [sa] race".
Selon Gwénaële Calvès, Peggy McIntosh "voulait faire comprendre aux Blancs américains qu’ils bénéficiaient de toute une série d’avantages dont ils ne se rendaient pas compte, car pour eux ils allaient de soi". C’était, d’après la professeure de droit public,"une manière d’inviter les gens à prendre conscience d’une réalité sociale". Cette notion a-t-elle aujourd'hui un sens en France, trente-deux ans plus tard ? Qui sont ceux qui l'utilisent ?
"Privilège blanc" : "Il y a un réel problème de traduction"
Qui sont ceux qui emploient cette notion de "privilège blanc" ? "Ce sont des militants qui veulent prendre modèle sur les techniques de lutte contre le racisme engagées aux États-Unis", nous explique Gwénaële Calvès. "Cela témoigne de la puissance de ce modèle, mais c’est une transposition qui, selon moi, ne peut amener qu’à une impasse, car les situations des États-Unis et de la France sont vraiment trop différentes" et elles ne peuvent pas être comparées.
Originaire des États-Unis, ce "mot d’ordre" peut-il s’exporter vers la France ? Interrogée par Ouest-France, la sociologue Claire Cosquer, estime qu'"il permet de mettre en lumière non plus seulement les victimes d'un système raciste, mais aussi ceux qui en bénéficient, y compris involontairement". De son côté, Gwénaële Calvès explique qu'"il y a un réel problème de traduction" : "En anglais, le terme de ‘privilège’ désigne un avantage, une chance, un atout. En français il désigne le fait d’être au-dessus des lois, de bénéficier d’un droit qui est refusé aux autres", précise-t-elle.
La professeure de droit public décrit un mot "très péjoratif" et rappelle que "ce n’est pas pour rien que la Révolution française a décidé l’abolition des privilèges". "En qualifiant de ‘privilèges’ des droits élémentaires, comme le droit à ne pas avoir peur de la police, par exemple, on fait dire aux mots le contraire de ce qu’ils veulent dire", conclut Gwénaële Calvès. Il faudrait alors recentrer le débat...
"Privilège blanc" : "Il faut remettre au centre de la discussion le principe d'égalité"
La notion de "privilège blanc" fait débat, certains chercheurs, penseurs, sociologues, estimant que la question est ailleurs, que le terme n'est pas le bon. "La notion de privilège dresse les gens les uns contre les autres", estime Gwénaële Calvès, "alors qu’il faudrait tous aller dans le même sens". Auprès de Planet, la professeure de droit public rappelle que "l’objectif poursuivi est celui de l’égalité entre les citoyens et d’éradication des violences policières". "Il faut remettre au centre de la discussion le principe d’égalité : l’égalité des droits, l’égalité des chances", conclut-elle.