Messe en hommage à Pétain : le maire fait appel au ministre de l'Intérieur

Publié par Suruthi Srikumar
le 14/11/2025
Messe en hommage à Pétain : le maire fait appel au ministre de l'Intérieur
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Le maire divers gauche de Verdun, Samuel Hazard, a pris un arrêté interdisant la tenue d’une messe prévue samedi 15 novembre en hommage au général Philippe Pétain. L’élu a également sollicité, dans un courrier adressé ce jeudi 13 novembre au ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, le soutien de l’État pour appuyer sa décision.

Le Tribunal administratif de Nancy devait trancher ce vendredi 14 novembre le sort d’une messe en hommage au Maréchal Pétain, initialement interdite par le maire de Verdun. La cérémonie, prévue ce samedi 15 novembre, a été bloquée par le maire de la ville, Samuel Hazard, qui craint des troubles à l'ordre public. L'Association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain (ADMP) a saisi la justice en urgence pour contester cette décision. 

Un arrêté municipal pour risque de troubles à l'ordre public

Samuel Hazard, le maire de Verdun, a pris un arrêté pour interdire la messe, la jugeant "susceptible de générer des troubles à l'ordre public", comme le rapporte L'Union. Dans cette ville au lourd passé symbolique, il a estimé qu'un hommage public à une figure frappée d'indignité nationale en 1945 pour collaboration était inacceptable. "Je n’accepterai jamais qu’une messe soit célébrée à Verdun en hommage à Pétain, frappé d’indignité nationale en 1945 et donc déchu, entre autres, de son grade militaire", a annoncé Samuel Hazard (divers gauche) sur ses réseaux sociaux ce mardi 11 novembre, rapporte Libération.

""Verdun est la cité de l’Universalité. Pétain est l’antithèse de l’Humanité" , a-t-il encore mentionné faisant part de son  "dégoût et de sa très vive colère" . L’élu estime que la célébration religieuse "va générer à l’évidence des troubles à l’ordre public", a-t-il déclaré, ajoutant, selon Libération, avoir sollicité le soutien du ministre de l'Intérieur pour garantir l'interdiction de la messe pour Pétain à Verdun ce 14 novembre", rapporte encore L'Union.

La liberté de culte face au pouvoir de police du maire

Face à cette interdiction, l'Association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain (ADMP) a déposé un recours devant la justice. Selon Libération, les organisateurs invoquent la liberté de culte, un principe constitutionnel fort, arguant qu'il s'agit d'une cérémonie privée pour laquelle ils auraient obtenu l'accord du vicaire apostolique. Le bras de fer juridique revenait donc au juge des référés, qui devait trouver un équilibre entre la liberté de culte et la notion d'ordre public. Pour justifier une telle interdiction, la jurisprudence impose en effet que la menace de troubles soit "réelle et non hypothétique".

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Deux scénarios possibles selon le verdict

Selon BFMTV, l’audience devant le juge des référés du tribunal administratif de Nancy est prévue ce vendredi en fin de matinée. En cas de rejet du recours de l'ADMP, l'arrêté du maire est confirmé et la messe est définitivement annulée. Cette issue signifierait que le juge a estimé le risque de confrontation trop élevé. Les conséquences d'une annulation de la messe pour Pétain seraient alors avant tout la fin de la polémique sur le terrain, à Verdun. 

À l'inverse, si le juge avait suspendu l'arrêté, la messe aurait pu se tenir. Dans ce cas, la justice aurait considéré l'interdiction comme une atteinte disproportionnée à la liberté de culte. Le préfet aurait alors pu être sollicité pour prendre un nouvel arrêté, une démarche cependant complexe à mettre en œuvre dans des délais aussi courts. 

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