Hierapolis : le mystère de la "Porte des enfers" enfin résoluRuines de l'ancienne cité de HierapolisIstock
L'antique cité de Hierapolis abrite une ancienne grotte romaine du nom de Plutonium, aussi appelée la "Porte des enfers". Des archéologues se sont penchés sur son cas et sont parvenus à en dénicher les mystères.
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Une cavité vieille de 2 200 ans. L'ancienne cité de Hierapolis, en Turquie, abrite Plutonium, une antique grotte romaine qui a pendant longtemps caché ses secrets, rappelle GentSide. Les Romains la considéraient comme étant une porte menant vers l'inframonde (monde souterrain). D'après la légende, les animaux mouraient lorsqu'ils y pénétraient, mais les prêtres qui les menaient au sacrifice étaient épargnés.

Il y a de cela huit ans, en 2012, un groupe d'archéologues de l'université de Salento a redécouvert cette "Porte des enfers". Après de nombreuses recherches, les scientifiques sont enfin capables d'expliquer ces mystères, mais il faut tout d'abord revenir aux premières analyses faites à l'époque pour comprendre.

La grotte émet des vapeurs mortelles

Les phénomènes observés étaient déjà très particuliers. Comme expliqué précédemment, les prêtres emmenaient des taureaux destinés à être sacrifiés en guise d'offrande. Ces animaux étaient conduits dans une "arène" de la grotte Plutonium qui relâchait des vapeurs opaques. Les taureaux perdaient alors la vie en suffoquant, tandis que les religieux en ressortaient indemne. Strabon, un historien grec, pensait que cette "immunité" était dû à la castration des prêtres. Il a d'ailleurs écrit : "Cet espace est empli d'une vapeur si opaque et dense qu'il est tout juste possible de voir le sol. Tout animal qui y pénètre connaît une mort subite".

De plus, le géographe témoignait également de ses propres expériences : "J'y ai envoyé des moineaux et ils ont instantanément rendu leur dernier souffle avant de tomber". Une constatation qui fait écho avec notre époque, puisqu'encore aujourd'hui les oiseaux qui s'approchent un peu trop près des "Portes de la mort", meurent suffoqués. Comment expliquer alors ce phénomène ?

Des observations effectuées sur place

Le volcanologue Hardy Pfanz estime que le coupable se situe sous terre. En effet, la cause de ces vapeurs opaques serait due à une fissure géologique court sous la surface de la région. Elle relâcherait une quantité importante de dioxyde de carbone.

Accompagné de plusieurs personnes, Hardy Pfanz s'est d'ailleurs rendu sur place pour mesurer la concentration du gaz. Il a alors découvert un lac de CO2 recouvrant le sol de l'arène à 40 centimètres de hauteur. Les vapeurs toxiques qui s'échappent, semblent très concentrées à l'aube avant d'être dissipées par le soleil pendant la journée.

Existe-t-il plusieurs "Portes des enfers" ?

Cependant, la grotte Plutonium est protégée du vent et de la lumière, ce qui explique que la concentration de C02 ne descend pas sous les 86%. De ce fait, le volcanologue pense que les prêtres faisaient leur rituel tôt le matin, ou au coucher du soleil pour obtenir un effet plus spectaculaire, indique GentSide.

"Tandis que le taureau se tenait dans ce lac de gaz avec sa bouche et ses narines entre 60 et 90 centimètres de hauteur, les prêtres (galli) se tenaient debout en veillant bien à garder leur nez et leur bouche au-delà du niveau toxique de ce souffle de mort infernal", développe Hardy Pfanz dans un article. Ce phénomène naturel, donc, laisse penser qu'il existe d'autres "Portes des enfers" qui fonctionnent sur un mécanisme similaire.