Coronavirus : un patient guéri est-il immunisé ?AFP
De nombreuses questions entourent encore le Covid-19. Celle de l'immunité est particulièrement importante.
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Le Covid-19 n’a pas encore livré tous ses secrets. De nombreux pays se battent actuellement contre ce virus encore inconnu il y a quelques mois. Plus de 4 000 personnes sont mortes en France depuis le début de la pandémie et le pays est sous cloche depuis le 17 mars afin de freiner la propagation du virus. Pour l’heure, les mesures de confinement mises en place par le gouvernement s’étendent jusqu’au 15 avril mais elles pourraient bien être rallongées. Le Conseil scientifique, consulté par Emmanuel Macron, préconise en effet un confinement de six semaines. Alors que le confinement est loin d’être terminé, certains veulent déjà parler de l’après, du "déconfinement". Que se passera-t-il dans les prochaines semaines ? Personne n’a, encore, la réponse. D’autant plus qu’une question se pose de plus en plus : que se passe-t-il une fois qu’on est guéri du Covid-19 ? Sommes-nous immunisés ?

Covid-19 : peut-on être immunisé ?

La question n’a pas encore de réponse définitive. Comme pour de nombreuses interrogations autour du Covid-19, les scientifiques manquent encore de données précises et assez nombreuses pour pouvoir y apporter un "oui" ou "non" certains. Pour autant, les résultats de premières études tendent à montrer qu’une personne infectée puis guérie serait ensuite immunisée contre le virus. Le 16 mars dernier, un article paru dans la revue Nature Medicine montrait l’existence d’anticorps chez les personnes présentant des symptômes légers de la maladie.

Mais, pour d'autres chercheurs, l’immunisation induite par le virus chez certaines personnes ne serait pas toujours protectrice d’une nouvelle infection. Interrogée par Sciences et Avenir, Morgane Bomsel, directrice de recherche au CNRS, explique : "Il y a forcément une réponse immunitaire induite par l’infection. La question est de savoir si elle va être protectrice ou pas, et combien de temps elle va durer".

Nous n'avons pas non plus le recul nécessaire sur la capacité que pourrait avoir le virus à muter. Une personne atteinte par la première version du virus pourrait être contaminée une deuxième fois si jamais il mute. Mais, selon l'étude de deux chercheurs italiens, le virus mute peu, ce qui est une bonne nouvelle. Si immunisation il y a, combien de temps est-elle effective ?

Covid-19 : combien de temps durerait l’immunisation ?

Si immunisation il y a, comme tendent à le montrer certaines études, combien de temps durerait-elle ? Auprès de 20 Minutes, le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, rappelle lui la présence d’anticorps dans le sang d’un grand nombre de patients. "Mais on sait encore peu de choses sur ce point : si une personne contaminée guérit et développe des anticorps, on ignore aujourd’hui combien de temps dure cette immunité. Un mois, un an, toute la vie ? On n’en a aucune idée", précise-t-il.

Problème, cette réponse, dont nous ne disposons pas encore, est essentielle pour la levée du confinement. Si tous les patients guéris sont immunisés, alors ils pourront reprendre une vie normale sans risque de contaminer de nouvelles personnes. "Cette question de l’immunité va soulever beaucoup d’autres questions sur les conditions de levée du confinement, afin d’éviter la très redoutée deuxième vague du virus", ajoute le Dr Davido auprès de 20 Minutes.

De nombreuses inconnues demeurent autour du Covid-19. Pour beaucoup de scientifiques, la seule manière d’assurer une protection sur le long terme est l’administration d’un vaccin, qui ne serait pas disponible avant neuf à 18 mois. En attendant, certains pays misent sur "l’immunité collective".

Covid-19 : le problème de "l’immunité collective"

L’immunité collective face au coronavirus Covid-19 est-elle possible ? Certains pays misent ou ont misé sur cette stratégie, pourtant qualifiée de dangereuse par les scientifiques. C’est en effet un pari risqué qui consiste à ne pas mettre en place de mesures de confinement et de laisser les citoyens contracter le virus afin qu’une immunité collective se développe.

Mais cela demande du temps, explique à 20 Minutes Jean-Stéphane Dhersin, mathématicien et spécialiste de la modélisation des épidémies. "Pour le Covid-19, on estime que le taux de reproduction tourne autour de 2,5. Ce qui veut dire que les 1 000 premières personnes infectées vont transmettre à 2 500 personnes. Si on ne fait rien, cette courbe augmente de façon exponentielle, explique-t-il au quotidien. Une fois que la moitié de la population est immunisée, un malade va contaminer en moyenne 1,24 personne. Et si 60% de la population a été en contact avec le virus, vous ne le transmettez plus qu’à une seule personne. Quand vous arrivez à un taux de reproduction de 1, l’épidémie ne se propage plus".

Attendre que plus de la moitié de la population soit contaminée par le Covid-19, c’est prendre le risque de laisser mourir un très grand nombre de personnes, particulièrement les plus vulnérables. C’est aussi prendre le risque de saturer les services hospitaliers. De nombreux pays, notamment la France, ont décidé de ne pas s'y risquer.