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Il promet à ses victimes "le retour de l'être aimé". Certaines y ont laissé des plumes.

C'est une affaire dite de "délinquance astucieuse" comme on en voit rarement au tribunal. Ce mercredi 17 juillet, le tribunal de Toulouse a condamné un homme à une peine de deux années d'emprisonnement pour des faits d'escroquerie en récidive commis en 2013 et 2015. Ces faits ont été commis au préjudice d'un toulousain âgé de 51 ans. En 2013, celui-ci était dévasté par un chagrin d'amour. Désespéré, il décide de répondre à une petite annonce lui promettant "le retour de l'être aimé" sous sept jours.

A l'origine de cette annonce, un homme se présentant comme "marabout" et répondant au pseudonyme de "maître Diakité". En Afrique sub-saharienne, le terme de "marabout" renvoie à une sorte de prêtre, magicien ou sorcier, souvent éminemment respecté. La première séance est facturée 300 euros. Mais les séances se succèdent. L'être aimé ne revient pas, et le toulousain se refuse à perdre espoir. Quand au marabout, il a trouvé la victime idéale, un filon inépuisable. S'ensuivront alors retraits d'argent liquide, virements de compte à compte et mandats cash à destination de Guinée, pays d'origine de "maître Diakité". Au total, ce dernier parviendra à escroquer à sa victime 96 200 euros. Car "l'être aimé" finira par revenir, mais seulement le temps d'un week-end. Croyant être près du but, le toulousain dépensera alors toutes ses ressources dans cette affaire. Ruiné, il s'aperçoit de la supercherie et prévient la police.

Arnaque au marabout : une escroquerie assez courante ?

Alors en voyage en Guinée, Diakité est condamné par contumace à dix-huit mois de prison ferme avec mandat d'arrêt. A son retour à Paris, il est interpellé par la police des frontières mais assure ignorer qu'il est recherché. Faisant appel de sa décision, il est condamné en deuxième instance à deux ans d'emprisonnement dont un an avec sursis et mise à l'épreuve. L'année de prison ferme restant est donc aménageable. Cette peine, plus clémente qu'en première instance, était conforme aux décisions du ministère public. En effet, l'état de santé du prévenu s'est considérablement dégradé du fait d'un AVC le laissant partiellement paralysé. L'homme est père de dix enfants, mais ne semblait même plus s'en souvenir lors de son procès.

Maître Diakité a toutefois été condamné à rembourser et indemniser sa victime, profondément choquée et se retrouvant sans ressources.

Cette escroquerie, certes particulièrement prolifique, n'en demeure pas moins un cas non isolée. Lorsque une population pauvre venue d'Afrique rencontre une population riche, profondément marquée par la détresse sentimentale, affective et spirituelle, de tels larcins sont susceptibles d'arriver. Comme souvent, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à de telles escroqueries. Comme le relate BFMTV, en 2017, à Saint-Raphaël, un couple dépressif s'était vu soutirer quelques 4 000 euros par un faux marabout. En un mot: prudence !