Ces villes qui comptent le moins d'habitants en France

Publié par Anouk Dufresne le 2/06/2025
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5 minutes
house between the rocks in meneham village, kerlouan, finistere, brittany (brittany), france
La France compte plus de 35 000 communes, dont une majorité de petites localités rurales. Parmi elles, certaines se distinguent par une population quasi inexistante.

La France est réputée pour la richesse de ses campagnes, ses paysages pittoresques, ses villages blottis au creux des vallées ou juchés sur des crêtes escarpées. Pourtant, derrière cette image de carte postale, une autre réalité se dessine : celle d’un exode silencieux, progressif, mais implacable.

De nombreux villages français se vident, au point de ne plus compter que quelques habitants — parfois une poignée, voire un seul. Ce phénomène interroge sur les mécanismes du déclin rural et les perspectives de redynamisation de ces territoires oubliés.

Un lent effacement démographique

Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France connaît une profonde mutation de son territoire. La révolution agricole, l’industrialisation, puis la tertiarisation de l’économie ont provoqué une concentration des populations dans les villes. Les campagnes, autrefois vivantes ont vu leurs habitants partir, génération après génération, vers les zones urbaines, à la recherche d’emploi notamment.

Dans ce contexte, certains villages n’ont pas résisté. Situés souvent dans des zones de montagne, de moyenne altitude ou enclavées, ils ont été parmi les premiers touchés par l'exode rural. Faute de renouvellement démographique, l’école a fermé. Puis ce fut le tour de la boulangerie, de l’épicerie, du cabinet du médecin. Les services publics, eux aussi, se sont retirés, rationalisant leur présence pour s’adapter à une population en chute libre.

Le cercle vicieux du déclin

À mesure que la population diminue, l’attractivité du village s’effondre. Moins d’habitants signifie moins de ressources fiscales pour la commune, donc moins d’entretien pour les routes, les bâtiments, et encore moins de budget pour développer des projets. La vie locale s’éteint, les derniers habitants vieillissent, et de moins en moins de nouveaux résidents s'installent.

Le phénomène est particulièrement accentué dans certaines régions comme l’Auvergne, la Lozère, les Alpes-de-Haute-Provence ou encore la Creuse. Ces zones souffrent d’un isolement géographique : routes sinueuses, réseau ferroviaire inexistant ou très dégradé, absence de connexion internet haut débit... Autant de freins au maintien d’une population active, à une époque où la mobilité et la connectivité sont devenues essentielles.

Le poids du vieillissement

Autre facteur aggravant : le vieillissement de la population. Les villages les plus dépeuplés sont souvent ceux où la moyenne d’âge dépasse 60 ans. Les jeunes sont partis depuis longtemps, et les naissances sont devenues rarissimes. Les décès, eux, s’accumulent. 

Dans les cas les plus extrêmes, il ne reste plus qu’un habitant, seul détenteur de l’histoire du village, souvent une personne âgée. Ces villages deviennent alors des symboles, à la fois émouvants et troublants, d’un monde en voie de disparition.

Des lueurs d’espoir

Pourtant, tout n’est pas perdu. Certaines régions ont lancé des plans de revitalisation rurale. La montée en puissance du télétravail depuis la crise sanitaire de 2020 a également changé la donne. Des néoruraux, lassés de la ville, cherchent à s’installer à la campagne. L’immobilier y est attractif, les paysages superbes, et la promesse d’une vie plus simple séduit de plus en plus. Mais pour que cette dynamique se concrétise, il faut des infrastructures minimales : une connexion internet fiable, un accès aux soins, une école ou au moins un ramassage scolaire, des commerces de proximité.

Les initiatives locales se multiplient aussi : réhabilitation de maisons anciennes, création de tiers-lieux, développement du tourisme vert, soutien aux agriculteurs ou artisans pour redynamiser l’économie locale. Certains villages trouvent un second souffle, notamment ceux proches de zones naturelles protégées ou d’axes touristiques.

Un enjeu d’aménagement du territoire

Le dépeuplement des villages n’est pas qu’un sujet anecdotique. Il renvoie à une question plus large d’aménagement du territoire. Une France qui se vide en son centre et sature sur ses côtes et dans ses métropoles est une France déséquilibrée. Maintenir la vie dans les petites communes, même les plus reculées, est un enjeu de cohésion sociale, d’équité territoriale, mais aussi de préservation du patrimoine.

Ces villages, aussi minuscules soient-ils, font partie de l’histoire nationale. Ils racontent la France rurale, celle des paysans, des artisans, des communautés soudées par le temps. Leur survie dépendra de la volonté collective d’investir, de soutenir, et de ne pas tourner le dos à ces morceaux de territoire qui, sans bruit, disparaissent.

Dans notre diaporama, découvrez les villages les moins peuplés de France.

Trébons-de-Luchon (Haute-Garonne, Occitanie)

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street view of locronan, a idyllic medieval village in brittany, france

Ce village de 4 habitants bénéficie d'un cadre naturel exceptionnel entre les Pyrénées et la vallée de Luchon. Malgré sa beauté, il peine à retenir ses habitants.

Majastres (Alpes-de-Haute-Provence, Provence-Alpes-Côte d'Azur)

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mountain landscape in the south of france with a steeple in the foreground

Situé à 1 143 m d'altitude, Majastres compte 2 habitants. Son isolement géographique et son relief montagneux expliquent en partie sa faible population.

Caunette-sur-Lauquet (Aude, Occitanie)

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cirq la popie old medieval village on the cliffs scenic view, france

Avec 4 habitants, Caunette-sur-Lauquet est un village pittoresque traversé par la rivière Lauquet. Son patrimoine historique, notamment les châteaux du Pays Cathare, attire les visiteurs.

Baren (Haute-Garonne, Occitanie)

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aerial shot of village in burgundy, france, europe

Ce village de 5 habitants est situé entre les cimes pyrénéennes et la plaine traversée par la Garonne. Son cadre naturel est un atout, mais son isolement limite son attractivité.

Senconac (Ariège, Occitanie)

5/7
leafy town square with fountain in a picturesque village in provence, france

Ancienne commune de 5 habitants, Senconac a fusionné en 2025 avec Caychax pour former la commune nouvelle Caychax-et-Senconac. Son patrimoine naturel remarquable, composé de cinq zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique, témoigne de sa richesse.

Leménil-Mitry (Meurthe-et-Moselle, Grand Est)

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shooting in natural light at 18 135 zoom, at f 56, at

Ce village de 3 habitants est un témoin de l'histoire du maquis lorrain durant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, il conserve son patrimoine tout en faisant face à la désertification.

Rochefourchat (Drôme, Auvergne-Rhône-Alpes)

7/7
village of saint-laurent-le-minier, in the cevennes, crossed by a small river (occitanie, france)

Avec une densité de 0,1 habitant par km², Rochefourchat est le village le moins peuplé de France, abritant une seule personne. Anciennement animé, il est désormais un havre de solitude.

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