Perte auditive : comment la technologie transforme l’accès aux aides auditives

Longtemps associée au grand âge, la perte auditive touche aujourd’hui une population de plus en plus jeune. Pourquoi ? L'exposition permanente aux bruits forts, les concerts, les trajets en transports avec les écouteurs vissés dans les oreilles, les appels passés au volume maximal… Autant de pratiques qui, cumulées au vieillissement naturel, préparent le terrain à une dégradation progressive de l'ouïe.

D'après les projections 2024 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 2,5 milliards de personnes seront atteintes d'une perte ou d'une déficience auditive en 2050...  Soit une personne sur quatre. "Plus de 1 milliard de jeunes adultes risquent une déficience auditive permanente évitable, car ils ont des pratiques d’écoute non sûres", précise le rapport.  Et pourtant, les solutions pour mieux entendre restent encore trop peu adoptées.

Perte d'audition : un parcours médical complexe

Aujourd’hui encore, la majorité des aides auditives nécessitent un parcours médical complexe : consultation ORL, devis, appareillage sur mesure, coût élevé... Ce qui peut représenter plusieurs milliers d’euros par oreille. Bien que la réforme 100 % Santé ait permis un meilleur remboursement pour certains modèles, de nombreux patients renoncent encore à s’équiper. Par pudeur, par déni, ou tout simplement par manque de moyens. Le taux d'équipement reste faible comparé au nombre de personnes concernées. Toujours selon l'OMS, près de 700 millions de personnes auront toutefois besoin de ces services de réadaptation d'ici 2050.

Une révolution en vente libre

Fort heureusement, les lignes bougent. Depuis quelques années, et plus encore aux États-Unis, les aides auditives en vente libre changent la donne. Vendues en pharmacie ou sur internet, ces aides auditives simplifiées permettent de corriger une perte auditive légère à modérée sans passer par un médecin.

Leur prix, souvent compris entre 200 et 800 euros, reste bien plus accessible. Des marques comme Sony, Jabra, ou Lexie proposent désormais des modèles discrets, rechargeables, connectés à une application pour un réglage personnalisé.

Les nouveaux codes de l’aide auditive

L'exemple le plus marquant de cette tendance est peut-être Apple. Depuis plusieurs années, les AirPods Pro disposent d’un mode "transparence adaptative" qui  amplifie les sons ambiants tout en atténuant les bruits agressifs. Sans être des aides auditives au sens réglementaire, ces écouteurs s’en rapprochent pour de nombreux utilisateurs.

Résultat : certaines personnes s’équipent d’AirPods comme elles achèteraient une solution auditive d’appoint. Moins de stigmatisation, un prix (relativement) abordable, une technologie déjà familière… La démocratisation est en marche, même si elle soulève également des questions de régulation et de précision clinique.

Le diagnostic et le suivi médical restent primordiaux

Attention toutefois : si ces nouvelles options facilitent l’accès à l’équipement , elles ne remplacent pas un diagnostic médical. L’avis d’un audiologiste reste crucial pour évaluer précisément le degré de perte auditive, identifier ses causes et proposer une solution adaptée. Les aides en vente libre sont prometteuses, mais ne conviennent pas à toutes les pertes auditives. Le risque ? Sous-équiper une oreille qui aurait besoin d’une correction plus poussée.

Les technologies auditives connaissent un bouleversement sans précédent. Entre la vente libre, les innovations des géants de la tech et la volonté de déstigmatiser les troubles auditifs, les solutions se multiplient et deviennent plus accessibles.  Pour que mieux entendre devienne vraiment simple et universel, il faudra continuer à innover, à sensibiliser… et, surtout, à lever les freins sociaux et médicaux encore trop répandus.