Nommé ministre de l’Intérieur il y a bientôt trois semaines, Bruno Retailleau continue de détailler sa feuille de route et remet à l’ordre du jour le sujet explosif de la réforme de l'aide médicale d'État.
"La valeur du point ne pourra pas baisser" : Delevoye veut rassurer les Français
"Universalité, justice, égalité", insiste le rapport rendu en juillet 2019 par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Un texte supposé présenter le projet de l’exécutif mais qui n’a eu de cesse de soulever des questions, voire des "zones d’ombre" précise la chaîne d’information en continu BFMTV. C’est sur la base des informations qu’il contient que certains économistes et autres collectifs citoyens ont dénoncé ce qui serait l’objet même de cette drastique évolution de notre système de solidarités intergénérationnelles, rappelle Capital : permettre une baisse des pensions reversées aux Françaises et aux Français ayant mis un terme à leur activité professionnelle.
C’est à cette idée que Jean-Paul Delevoye a souhaité tordre le cou. Dans un entretien exclusif accordé à Ouest France et diffusé quelques heures seulement avant l’annonce du décès de Jacques Chirac, le haut-commissaire est revenu sur plus d’une de ces interrogations. Au premier rang desquelles, la rémunération des futurs retraité(e)s. "La valeur du point ne pourra pas baisser car elle sera indexée sur les salaires. Prenez le régime complémentaire des salariés du privé (Agirc-Arrco) : le point n’a jamais baissé", assure-t-il dans les colonnes du journal local. Ce qui ne signifie pas pour autant que le niveau de revenu des assurées et des assurés soit nécessairement amené à monter. Comme l’indiquait Le Figaro en 2017, la valeur du point n’ayant pas été revalorisée entre 2013 et 2017, les Françaises et les Français ont vu leur pouvoir d’achat baisser plusieurs années de suite.
Si la valeur du point ne baisse pas, faudra-t-il travailler plus longuement ?
"Le système de retraite par points, j’y suis favorable, mais il ne faut pas faire croire aux Français que ça va permettre de régler le problème des retraites. Le système par points en réalité ça permet une chose, qu’aucun homme politique n’avoue. Cela permet de diminuer chaque année la valeur des points et donc de diminuer le niveau de pensions", assénait d’ailleurs François Fillon dans une vidéo reprise en boucle sur les réseaux sociaux, rappelle 20 minutes. Le quotidien nuance cependant le propos : aucun régime n’est en mesure de garantir une hausse systémique des pensions de retraite, assure-t-il.
Si Emmanuel Macron n’entend pas toucher au montant des retraites, sur quel aspect sa réforme va-t-elle se concentrer ? La durée de travail ? Un âge-pivot avait été évoqué par l’exécutif. Pour autant, jure Jean-Paul Delevoye, il ne serait pas obligatoire de cotiser plus longuement. "Le système à points permet à chacun de partir quand il le souhaite, une fois atteint l’âge légal de 62 ans. Et plus la personne retarde son départ, plus sa pension augmente", explique-t-il. "Si vous partez à 65 ans et au-delà, vous aurez une surcote de 5% par un an. C’est un avantage pour ceux qui ont une carrière incomplète ou sont rentrés plus tard sur le marché du travail. Ils n’auront pas à attendre 67 ans pour avoir le taux plein comme aujourd’hui", poursuit-il.
Réforme des retraites : faut-il s’inquiéter pour les femmes ?
La réforme défendue par l’exécutif implique un bouleversement considérable du mode de calcul des pensions et pourrait s’avérer préjudiciable pour les femmes. Parce que, rappelle Ouest-France, leurs carrières sont souvent plus hachées, prendre en compte l’intégralité de leur parcours professionnel plutôt que les 25 meilleures années pourrait contribuer à minorer leur pension.
"Les périodes d’interruption seront financées par l’impôt : maternité, invalidité, chômage… Au final les carrières les plus faibles seront gagnantes", explique de son côté le haut-commissaire. "Aujourd’hui le système favorise ceux qui ont une carrière ascendante au détriment de ceux qui ont une faible progression. Nous voulons corriger ces injustices", poursuit-il.