Retraite : ces 3 primes vous incitent (déjà) à rester au travail

Publié par Anouk Dufresne
le 23/06/2025
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4 minutes
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François Bayrou a suggéré la création d’une "prime" pour inciter les seniors travailler plus longtemps.

En marge du "conclave" sur les retraites entre le gouvernement, le patronat et les syndicats, le Premier ministre, François Bayrou, a proposé "l’idée" d’une "prime" pour les salariés seniors qui "décident de rester au travail". Une sorte d'"encouragement à l'activité" qui serait "de nature à faire changer le pourcentage des personnes restant au travail".

"C'est une proposition que j'ai faite individuellement à chacun des protagonistes" et "je suis persuadé que tout le monde a à y gagner", a dit le Premier ministre lors d'un déplacement au salon aéronautique du Bourget le 18 juin.

Cette proposition repose sur "l'idée que (pour) un salarié qui aurait atteint ses droits à la retraite, s'il décide de rester au travail, on peut lui verser une partie de sa retraite en plus de son salaire", a-t-il expliqué, commentant une information avancée la veille par La Tribune dimanche

D’après François Bayrou, il s'agirait d'un "encouragement à l'activité" qui serait "de nature à faire changer le pourcentage des personnes restant au travail", conduisant ainsi à "un meilleur équilibre financier" du système de retraite dans son ensemble car "il y a une prime et en même temps des économies puisqu'on ne verse pas la retraite".

Retraite : quelle est cette nouvelle prime que vous pourriez toucher et la condition pour l'obtenir ?

Des dispositifs déjà existants 

Mais des incitations financières pour les seniors qui prolongent leur parcours professionnel, il en existe déjà. Ces dispositifs visent à encourager l’emploi des plus de cinquante ans aux fins d’un système de retraite plus robuste.

La première mesure à connaître est la retraite progressive. Elle permet de réduire son temps de travail — généralement entre 40 % et 80 % — sur les deux années qui précèdent l’âge légal. L’intéressé continue de cotiser et de percevoir une fraction de sa pension. Jusqu’ici peu mobilisée, cette formule suscite aujourd’hui un intérêt renforcé : le gouvernement envisage d’en assouplir les conditions et d’en améliorer la visibilité pour stimuler son usage. L’idée est claire : proposer un pont entre activité et retraite, tout en maintenant le niveau de vie des seniors et leurs droits à pension.

Dans le même esprit, le cumul emploi‑retraite connaît un coup de projecteur. Ce dispositif permet à un retraité de continuer à travailler tout en percevant sa pension. L’enjeu est double : prolonger l’activité pour cotiser davantage et renforcer sa propre pension future. Sous la pression des partenaires sociaux, le gouvernement souhaite que les nouvelles cotisations au titre de ce cumul soient reconnues comme ouvrant des droits supplémentaires à la retraite. Une avancée significative qui transforme le cumul d’un simple complément financier en véritable accélérateur de carrière et de droits acquis.

Troisième levier : la surcote. Si vous partez à la retraite au-delà de l’âge de départ minimum en ayant un nombre de trimestres d’assurance retraite supérieur au nombre de trimestres exigé pour avoir droit à une retraite à taux plein, votre pension de retraite est majorée en fonction du nombre de trimestres supplémentaires que vous avez.

Les trimestres travaillés supplémentaires pris en compte sont les trimestres civils entiers suivant celui au cours duquel vous avez atteint l’âge minimum de départ en retraite. Chaque trimestre civil entier travaillé supplémentaire augmente votre retraite de 1,25 %.

Prolonger les carrières

Ces trois mesures financières, complémentaires, dessinent un véritable système incitatif pour prolonger les carrières. Elles s’inscrivent dans une stratégie visant à répondre à trois défis majeurs : renforcer les coffres des régimes de retraites, valoriser l’expérience des seniors et soulager le système face à l’allongement de l’espérance de vie. 

Mais plusieurs obstacles demeurent. Le cumul emploi‑retraite reste sous‑utilisé (moins de 2 % à 5 % des retraités) en raison d’une méconnaissance du dispositif et d’une complexité administrative persistante. La retraite progressive, elle, pâtit d’un manque d’attractivité et de visibilité.

Du côté des entreprises, l’enjeu est bien sûr de faciliter l’intégration des seniors. Pour cela, des pistes sont à l’étude : exonérations de cotisations pour les contrats seniors, index dédié à l’emploi des plus de 55 ans et formations adaptées. Ces outils ambitionnent de rendre l’embauche plus attractive et de promouvoir le maintien dans l’emploi.

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