Réforme des retraites : le gouvernement peut-il sortir gagnant ? Illustrationabacapress
Alors que la mobilisation des Français gagne en ampleur, le gouvernement tient, coûte que coûte, à faire voter la réforme des retraites. De quelle manière l'exécutif va-t-il pouvoir se sortir de ce bras de fer ?
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Depuis la présentation du texte de la réforme des retraites le 10 janvier, les Français sont en colère contre un gouvernement qui souhaite leur imposer une retraite tardive et une hausse de la durée de cotisations. Après deux journées de mobilisation réussies, la lutte continue entre l’exécutif et les Français. Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour un gouvernement proche de l’impasse ? De quelle manière pourrait-il sortir gagnant de cette crise ?

Réforme des retraites : une mobilisation qui ne faiblit pas

Le 31 janvier, la seconde journée de mobilisation contre la réforme des retraites a connu un grand succès avec, selon les autorités, 1,3 million de personnes dans les rues, et 2,8 millions d’après la CGT. Il s’agit donc d’un record pour une réforme sociale depuis 1995 et une longue bataille qui s’engage pour l’exécutif. Si les Français semblent plus que jamais déterminés à faire valoir leurs droits, le gouvernement doit faire face à un climat particulièrement tendu et mettre en place les arbitrages nécessaires.

Comme le rapporte Le Parisien, il devient difficile pour l’exécutif de savoir où se positionner et comment organiser sa communication autour de cette réforme des retraites impopulaire. La Première ministre, Elisabeth Borne, l’a elle-même affirmé ce lundi soir “ce n’est pas simple de défendre cette réforme”. La stratégie de communication du gouvernement semble donc s’orienter vers un appui franc et massif de cette réforme, qui doit être votée envers et contre tout. Dans cette optique, l’exécutif pourrait se fermer à toutes négociations pour faire passer le projet de loi en force grâce à l’appui de l’article 47.1 de la Constitution.

Réforme des retraites : un exécutif inflexible

D’après ses propres mots, prononcés sur Franceinfo, Elisabeth Borne a fermé la porte à un éventuel changement concernant l’âge légal de départ à la retraite en précisant que le seuil de 64 ansn’était plus négociable”. Interrogé à La Haye en conférence de presse, Emmanuel Macron a confirmé ce discours en affirmant que “quand [Elisabeth Borne] dit quelque chose, elle le dit avec de bonnes raisons et je la soutiens”. Il a ajouté que la réforme des retraites était “indispensable quand on se compare en Europe” et nécessaire pour “sauver notre système”.

Cette détermination de la part du gouvernement laisse présager de discussions houleuses lors de l’étude du texte de la réforme des retraites. Elle sous-entend également de lourdes difficultés à obtenir un accord avec les syndicats et à créer un climat de débats serein. Alors que l’opposition se prépare à déposer des milliers d’amendements, les perspectives semblent réduites pour faire plier le gouvernement ou, tout au moins, arracher des modifications au cœur du projet.

Réforme des retraites : des négociations possibles sur certains sujets ?

Actuellement débattu depuis lundi en commission de l’Assemblée nationale, le texte de la réforme des retraites doit être étudié à partir du 6 février dans l’Hémicycle. Le gouvernement s’est toutefois dit prêt à “enrichir le texte” au Parlement, malgré une communication déterminée à faire voter ce projet de loi contesté. Des points de négociation peuvent ainsi se dessiner, notamment sur la retraite des femmes et les trimestres liés à la maternité. Comme le souligne 20 Minutes, Pieyre-Alexandre Anglade, député Renaissance et président de la commission des Affaires européennes, s’est, dès lors, prononcé dans ce sens.

Dans la liste des possibles relectures, le gouvernement pourrait également revoir sa copie sur les carrières longues, notamment pour un départ à taux plein après 43 ans de cotisation. Toutefois, comme le confirme Pieyre-Alexandre Anglade, “cette mesure coûte assez cher, et la Première ministre a rappelé que l’équilibre du système est le socle de la réforme”. Il faudra donc patienter pour savoir comment le gouvernement va pouvoir se sortir gagnant de ce sujet aussi épineux que disputé.