Ce pays européen promet des exonérations d'impôts aux retraités travaillant après l'âge légal de départ
“Je suis prêt à travailler aussi longtemps que mon corps me le permettra”, lance Pete Maie, 70 ans, lors d’un entretien d’embauche à Cologne. Ancien militaire, à la retraite depuis cinq ans, il postule pour un emploi de préparateur de colis comme le rapporte nos confrères de BFMTV. Comme lui, plus d’1,1 million d’Allemands âgés de plus de 67 ans sont encore actifs professionnellement. Un chiffre qui devrait croître fortement si la proposition du chancelier Friedrich Merz voit le jour.
En effet, le gouvernement allemand veut inciter les seniors à rester ou revenir sur le marché du travail en leur offrant une exonération d’impôt pouvant aller jusqu’à 2 000 euros par mois. L’objectif ? Alléger la pression sur un système de retraites au bord de la rupture. En 2024, il a coûté 408 milliards d’euros, soit 60 % de plus qu’en 2010. Le vieillissement de la population (un quart des Allemands sont désormais retraités) rend les cotisations insuffisantes pour financer les pensions.
Un âge légal de départ fixé à 66 ans
Longtemps soutenu par une économie florissante et un secteur industriel performant, le modèle social allemand vacille. “L’État providence tel que nous le connaissons n’est plus finançable”, a averti Friedrich Merz en août dernier, annonçant un “automne des réformes”. La hausse progressive de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans d’ici 2031 en est un premier jalon. Mais certaines voix au sein du gouvernement évoquent déjà un possible report à 70 ans, une idée qui divise profondément les syndicats et les partis politiques.
Cette orientation suscite la crainte d’une “réforme brutale”, qui pourrait pénaliser les salariés des métiers pénibles, peu susceptibles de poursuivre une carrière au-delà de 60 ans. L’économiste Johannes Geyer appelle donc à une réforme “plus inclusive”, qui obligerait aussi les entreprises à adapter les postes de travail aux capacités des personnes âgées.
Une mesure symbolique ou réellement efficace ?
L’exonération fiscale, qui pourrait coûter jusqu’à 2,8 milliards d’euros par an à l’État, ne convainc pas tous les experts. “La plupart des retraités qui retravaillent le font d’abord pour se sentir utiles, pas pour gagner plus”, estime Ruth Maria Schüler, spécialiste de l’emploi senior à l’institut IW. Une perception partagée par de nombreux recruteurs, comme Tobias Bell, de l’agence Unique Seniors, qui assure que les seniors sont souvent plus productifs et plus fiables que leurs jeunes collègues, malgré une discrimination encore très présente.
À 65 ans, Rainer Guntermann, lui, n’en doute pas : retraité depuis deux ans, il assemble aujourd’hui des semi-conducteurs à temps plein près de Cologne. Il se dit fier d’être “ponctuel, assidu et jamais malade”, contrairement à ses jeunes collègues “souvent absents”.