Yannick Jadot : récit du "plus grand meeting de l'histoire de l'écologie"©Sarah UGOLINI/Planet.fr
REPORTAGE - Face à près de 4 000 personnes lors de son grand meeting au Zénith Paris-La Villette, Yannick Jadot a appelé ses soutiens à "renverser la table" et à "déjouer les pronostics". Planet était sur place pour vous faire vivre cet événement.
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"Le plus grand meeting de l’histoire de l'écologie politique en France". C’est en ces termes qu’a parlé la députée Delphine Batho du grand rassemblement de Yannick Jadot pour son dernier meeting de campagne, qui se déroulait au Zénith de La Villette ce dimanche 27 mars à Paris. Un pari réussi puisqu’entre 3 500 et 4 000 personnes étaient rassemblées autour du candidat écologiste.

La grande famille de l'écologie réunie

Alors que les derniers sondages le donnent en sixième position à deux semaines du premier tour, les écologistes ont souhaité frapper fort pour tenter de déjouer les pronostics dans la dernière ligne droite de cette campagne présidentielle 2022. La grande famille de l’écologie s’était réunie pour l’occasion. Noël Mamère, Dominique Voynet, Eva Joly, l'ancienne ministre de l'écologie Delphine Bato et même Sandrine Rousseau, écartée de l’équipe de campagne en début de mois, étaient présents pour soutenir Yannick Jadot. Planet était également sur place pour vous faire vivre de l'intérieur ce grand meeting. 

C’est dans une ambiance joviale et détendue qu’a commencé le meeting avec une entrée en matière musicale des groupes "Papooz"et "Bab El West" ce dimanche 27 mars au Zénith de la Villette. Pendant que la salle se remplit peu à peu, on voit défiler à l’écran des vidéos de Yannick Jadot le montrant marcher dans sa campagne natale ou raconter les racines de son engagement politique.

Meeting de Jadot : quelques pas de danses sur Ärsenik

Ces vidéos viennent ponctuer un début de meeting présenté par Karima Delli, eurodéputée écologiste, et Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble. Cédric Villani, Julien Bayou ou Delphine Bato se succèderont au micro pour préparer l’entrée en scène de leur candidat. Yannick Jadot fera même la surprise d’entamer quelques pas de danse, lâchant pour un instant du lest et abandonnant le costume de candidat, pour rejoindre au les rappeurs d’Ärsenik qui ont interprété Et si tu kiffes pas. Yael Naim, célèbre interprète de New Soul, avait également répondu présente pour soutenir "l'écologie". 

Yannick Jadot, arrivé symboliquement au meeting à vélo, a fait son entrée de manière assez spectaculaire. Un clip mêlant des images de personnages forts de la lutte pour la protection du climat tels que Greta Thunberg ou Leonardo DiCaprio, à des photos d’ours sur la banquise, de marées noires et de déchets plastiques sur une musique grandiloquente et dramatique, a effet précédé son entrée en scène. S’en suivront des extraits saccadés de discours passionnés de Yannick Jadot qu’on a vu arriver peu à peu, fendant la foule sous les cris de ses fervents supporters scandant “Yannick Président”.

Yannick Jadot : un hommage vibrant à l’Ukraine 

Dès son arrivée, Yannick Jadot s’est voulu solennel dès le début de son discours : “ Mes chers amis, mes chers compatriotes, le moment du choix, de votre choix, est désormais tout proche”. Il a notamment rappelé très rapidement que face à la crise du réchauffement climatique et “ la catastrophe qui se rapproche”, “c’est la survie de l’humanité qui se joue aujourd’hui”. Pour l’eurodéputé, le vote des 10 et 24 avril sera un "choix de civilisation". En pleine guerre en Ukraine, Yannick Jadot a tenu à “saluer l’admirable résistance du peuple ukrainien" et “le courage du président Zélinsky”.

Elizaveta Dmitrieva, franco-ukrainienne, avait avant sa prise de parole fait un long discours très émouvant pour son pays, fustigeant notamment Total pour son maintien de ses activités en Russie. Une prise de parole qui s’est suivie de l’hymne ukrainien. Yannick Jadot a rappelé que tous les réfugiés étaient bienvenus en France et précisé que les pacifistes avaient de la mémoire et que “la lâcheté des uns fait l’impunité des autres”. Le candidat écologiste a ensuite rappelé sa fierté que sa "force politique ait toujours été constante vis-à-vis de Vladimir Poutine". Pour le candidat, “plus que jamais, la paix et le climat c’est le même combat”. 

S’il a donné de la voix pour l’Ukraine , Yannick Jadot n’a pas manqué d’égratigner Jean-Luc Mélenchon à ce sujet en répondant à ceux qui lui reprochent de ne pas crier assez fort et d’avoir une image relativement lisse. "J'entends dire que je ne crierais pas assez fort pour me faire entendre. C’est que je veux m'adresser à l’intelligence des femmes et des hommes, pas à leurs instincts. On ne vote pas en oubliant les ambiguïtés face aux complotistes de la crise sanitaire, en oubliant le soutien à l’intervention russe en Syrie et les contorsions ambiguës sur l’Ukraine", a-t-il taclé. 

Le vote utile, c’est le vote de conviction

 Yannick Jadot.

Yannick Jadot tient à rappeler que "les écologistes ne reculent jamais". Face à ceux qui seraient tentés de voter pour Jean-Luc Mélenchon pour réaliser un "vote utile", de gauche, le candidat écologiste répond que "le vote utile, c’est le vote de conviction". "On ne note pas par défaut en oubliant le passé, on ne vote pas pour ceux qui refusent de qualifier un dictateur de dictateur. Renversez la table, votez pour un autre avenir politique", a scandé le député européen. 

Le candidat écologiste n’a pas manqué de fustiger également le quinquennat d’Emmanuel Macron qu’il a accusé de jouer "une partie de cache-cache dans cette campagne en évitant le débat démocratique". "Le seul débat de Macron dans cette campagne, c’est celui que je lui ai imposé au Parlement à Strasbourg", a lancé le candidat sous les cris de la foule hissant leurs drapeaux verts "Jadot 2022". 

Macron, c'est "l'arrogance de Giscard et la brutalité de Sarkozy"

 Yannick Jadot. 

Bientôt un nouveau mouvement écologiste ?

Emmanuel Macron a été rhabillé pour l’hiver par le député européen. "En 2017, de nombreux Français, notamment de gauche, ont cru élire Mendès-France ou Rocard. Ils ont eu l'arrogance de Giscard et la brutalité de Sarkozy", a lancé Yannick Jadot, invitant les Français à "libérer notre République de l’ingérence des lobbies avec lesquels et pour lesquels Emmanuel Macron a gouverné pendant cinq ans". L’extrême droite a aussi été fustigée par le candidat écologiste qui estime que "Marine Le Pen et Éric Zemmour sont les deux visages d’une même extrême droite". "Il craignent le grand remplacement, mais notre défi c’est le grand réchauffement", a-t-il lancé. 

La gauche n’a pas été non plus épargnée. Pour Yannick Jadot, "l’ancienne gauche se meurt de trop de renoncements et de conformisme". Il estime qu’il "revient à la république écologique de reprendre le flambeau de la gauche française". Le candidat écologiste en a profité pour annoncer que que le vote du 10 avril serait "la première étape de la construction d’un grand mouvement pour le climat et la justice sociale". 

Yannick Jadot lance un appel à la jeunesse

Yannick Jadot a surtout souhaité mobiliser la jeunesse pour sa candidature et pour la politique en général. "Jeunes de France, faîtes irruption dans ce scrutin, venez nous bousculer avec vos envies, avec vos colères, avec vos enthousiasmes. Rejoignez-nous, rejoignez-moi", a scandé le candidat écologiste, les incitant à construire cette "république écologiste". "Jeunes de France, ne laissez personne décider à votre place, ne laissez pas passer cette chance historique de changer vos vies", a-t-il conclu. Selon lui, "un pays qui maltraite sa jeunesse et condamné à décliner et disparaître".

Pour Yannick Jadot, il reste deux semaines pour convaincre, "14 jours pour transformer nos espoirs en victoire". "Demain nous appartient. (...) Alors chez amis, déjouez les pronostics, démodez les étiquettes obsolètes, faîtes taire les chiens de garde du vieux monde. Pour maintenant, pour demain, pour la France, pour l’Europe, pour la solidarité… Le 10 avril votez écologiste. Vive l’écologie, vive la République et vive la France", a conclu Yannick Jadot face à la foule de ce Zénith rempli dans son intégralité, qui a alors repris en cœur d’une seule voix le slogan "Yannick Président". 

Nous avons franchi une nouvelle étape collective

 Benjamin Lucas, porte-parole de Y. Jadot.

Interrogé par Planet.fr, Benjamin Lucas, le porte-parole de la campagne de Yannick Jadot, assure que "ce meeting fera date dans l'histoire de l'écologie politique". "Nous avons franchi une nouvelle étape collective", nous confie le coordinateur national de Générations.

À la sortie du meeting sous un soleil radieux parisien, une fois n’est pas coutume, on entendait des jeunes militants évoquer la performance de leur candidat. S’il semblent satisfaits du contenu dans son ensemble, ils regrettent la répétition de "trop d’éléments de langage" tels que "justice sociale" et auraient apprécié un peu plus de "sincérité et de lyrisme".