Réforme des retraites : les incohérences d’Emmanuel Macron depuis 2017
Un passage obligé, dans l’intérêt du pays. Ce sont les éléments de langage utilisés par la majorité présidentielle pour justifier la réforme des retraites, que l’exécutif souhaite présenter aux parlementaires avant l’hiver.
Parmi les mesures les plus controversées du texte que le gouvernement entend faire adopter, c’est le recul de l'âge de départ, à 65 ans en 2031, qui crée le plus de tumulte chez les travailleurs, les syndicats, et l’opposition.
Elisabeth Borne s’apprête ainsi à lancer un cycle de concertations avec les partenaires sociaux, pour mieux faire passer la pilule.
La rumeur d’un “passage en force” a fait des émules : on soupçonne l’usage du critiqué dispositif 49.3, ou encore,une dissolution de l’Assemblée par le président, si toutefois le texte n’était pas adopté.
Car Emmanuel Macron tient à sa réforme des retraites, boudée lors de son premier quinquennat. Cette fois, il compte bien aller au bout des choses.
Pourtant, le texte de 2022 n’a plus grand chose à voir avec celui de 2017, et les promesses de campagne du candidat à l’époque semblent bien lointaines…
Dans notre diaporama, découvrez les 5 revirements, différences et incohérences entre le projet de 2017, et celui de 2022…
Réforme des retraites : que va contenir le texte ?
Le bilan des discussions entre gouvernement et partenaires sociaux devrait être dressé avant Noël, a précisé l’exécutif.
Le texte que le gouvernement souhaite mettre en place prévoit non seulement de repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans (contre 62 actuellement), mais aussi de prendre en compte la pénibilité de certaines carrières et de supprimer certains régimes spéciaux. La mise en place d’une pension minimum est également envisagée.
Mais face à la grogne populaire, le gouvernement pourrait-il faire des concessions, notamment sur l'âge de la discorde ? Ou doit-on se préparer, déjà, à ce fameux “passage en force” ?
La promesse d'un “système universel”
En 2017, Emmanuel Macron parlait d’une réforme des retraites avec, en ligne de mire, la promesse de supprimer les 42 régimes spéciaux qui régissent actuellement le système, pour créer un seul système universel.
Cette option a été enterrée, semble-t-il. Fin 2021, le président évoquait plutôt “un système simplifié avec trois grands régimes, un pour la fonction publique, un pour les salariés, un pour les indépendants”.
La création d’un système à points "plus équitable"
Ce régime universel, promis en 2017, devait fonctionner grâce à un système de points.
En 2019, il confirmait ce projet dans une interview :
“on laisse 62 ans comme âge légal” parce qu’on fait une réforme beaucoup plus large, beaucoup plus profonde, qui est de créer ce nouveau système par points”.
En 2022, cette partie du projet semble avoir été abandonnée.
twitter.com/EmmanuelMacron/status/844243556592160769
Repousser l’âge légal : “Nous n’y toucherons pas”
La promesse est affichée dans la brochure de programme du candidat Emmanuel Macron en 2017 : l’âge légal de départ à la retraité, “Nous n’y toucherons pas”, rapporte le Huffington Post.
En 2019, il réitère dans une interview : “C’est que tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal”.
En 2022, le président souhaite pourtant repousser l’âge de 62 à 65 ans, de façon progressive, dès l’été 2023. La faute au déficit du système des retraites, qui se serait dégradé depuis 2017.
Le montant du minimum retraite
Cette évolution est plutôt positive : en 2017, le minimum retraité envisagé par Emmanuel Macron était de 1000 euros. En 2022, il s’élève à 1100 euros. Une hausse plutôt logique, toutefois, quand on voit à quel point l’inflation galope.
Une nouvelle “philosophie”
En 2017, comme en 2019, l’objectif d’Emmanuel Macron semblait plutôt, selon le Huffington Post, de “réformer les règles des retraites pour en faire quelque chose de plus juste, ou ‘un euro cotisé donne les mêmes droits’”.
En 2022, la priorité semble plutôt de… renflouer les caisses de l’Etat.
“Il nous faut travailler plus et produire plus de richesses dans notre pays si nous voulons protéger, avoir une politique de justice sociale et défendre le modèle social français, sa force et son avenir”, déclarait ainsi le président le 22 septembre dernier.