Réforme des retraites : les 6 mensonges de l’exécutif depuis le début du débat

Publié par Sarah Rost
le 09/03/2023
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Le mouvement social contestant la réforme des retraites portée par le gouvernement Borne se poursuit et prend de l’ampleur. En parallèle, le processus d’adoption du texte suit inlassablement son cours. Plusieurs fausses vérités ont été communiquées par l’exécutif depuis le début des contestations : on fait le point.

Ce mardi 7 mars a vu l’une des plus importantes mobilisations interprofessionnelles contre la réforme des retraites depuis le début du conflit social : 3,5 millions de manifestants ont foulé les pavés à travers tout l’Hexagone d’après le chiffres de la CGT. Selon le ministère de l’Intérieur, ils étaient 1,8 million, comme le rapportent nos confrères du Monde. Outre les cortèges s’étant emparés des artères de nombreuses villes de France, des actions de blocage ont également été recensées : ronds-points occupés, blocages d’expéditions de carburants ou encore coupures d’électricité étaient de la partie.

Les grèves dans plusieurs secteurs ont été reconduites, notamment celui des transports. Le lendemain, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, a été l’occasion de poursuivre les manifestations, mettant l’accent sur les conséquences rétrogrades de la réforme sur la précarité des femmes dans le monde du travail.

Réforme des retraites : la rue se fait entendre et l’exécutif ne bronche pas

Face à un mouvement social prenant de plus en plus d’ampleur, la stratégie de l’exécutif reste de marbre : ni le président Emmanuel Macron, ni la Première ministre Elisabeth Borne ne se sont prononcés à l’issue de la journée charnière qu’était la mobilisation historique du 7 mars. L’objectif des syndicats est très clair : la grève jusqu’au retrait total de la réforme. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s’est adressé au gouvernement peu avant le départ du cortège ce mardi 7 mars : "On ne peut pas être sourd face à ce mouvement social", a-t-il dit selon nos confrères d’Ouest-France.

En parallèle des mobilisations, ce mercredi 8 mars au soir, le fameux article 7 portant sur le recul de l’âge légal de départ à la retraite était adopté par le Sénat. Le vote des sénateurs Républicains a été, sans surprise, le levier permettant à la majorité de l’emporter. Il reste donc 4 jours aux sénateurs pour examiner et adopter les 13 articles restants. Une nouvelle journée de mobilisation a été annoncée par l’intersyndicale pour ce samedi 11 mars, et une autre encore pour le 15 du mois, date de tenue de la commission mixte paritaire.

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Ci-dessous, vous pouvez retrouver la liste de toutes les communications faites par les membres de l’exécutif ayant été qualifiées de, au mieux, peu claires et induisant en erreur ou, au pire, mensongères.

Conséquences de la réforme sur les femmes

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© ANDBZ/ABACA

Lors de la présentation du projet de réforme, la Première ministre Elisabeth Borne mettait l’accent sur le fait que la réforme en question rendrait le système de retraite plus juste socialement. Cependant, une fois le contenu du texte révélé, il n’a pas fallu longtemps à l’opposition et aux médias pour se rendre compte du fait que les femmes seraient impactées négativement de manière disproportionnelle par cette réforme. Une injustice qui a d’ailleurs été confirmée par le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester : "Les femmes sont un peu pénalisées par ce report de l'âge, on n'en disconvient absolument pas."

Les syndicats responsables de la sécheresse

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© Stevens Tomas/ABACA

A l’annonce de la volonté des syndicats de "mettre la France à l’arrêt" le 7 mars, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a joué la carte de la culpabilisation des grévistes. En effet, il disait le 1er mars, à la fin du conseil des ministres : "Mettre le pays à l'arrêt, c'est prendre le risque d'une catastrophe écologique, agricole, sanitaire, voire humaine dans quelques mois." Une déclaration qui a fait bondir l’opposition et les syndicats par son absurdité, comme le rapportent nos confrères de France 24.

Pension minimum de 1 200 euros

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© Stevens Tomas/ABACA

Au  début de la communication des membres du gouvernement sur la réforme des retraites, ces derniers avaient laissé entendre que la totalité des retraités toucheraient une pension équivalente à 85% du SMIC, soit 1 200 euros. Or, le texte de la réforme stipule en réalité que seules les personnes ayant eu leur carrière complète au SMIC bénéficieront de cette pension minimum.

Le nombre de personnes concernées par la pension minimum à 85% du SMIC

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Suite à la prise de conscience du grand public de la réalité des faits de cette mesure, plusieurs membres du gouvernement Borne se sont prononcés sur le véritable nombre de personnes qui en bénéficieraient. Les semaines passant et les experts dénonçant la mauvaise foi dont faisaient preuve ces représentants, les chiffres officiels ont beaucoup évolué. Le 11 janvier, Olivier Véran avait en effet dit sur le plateau de Franceinfo : "Deux millions de retraités actuels qui ont une retraite inférieure à 1 200 euros verront leur retraite majorée à 1 200 euros bruts par mois." Le 13 février, le ministre du Travail Olivier Dussop, chiffre à 1?8 million le nombre de bénéficiaires. Il affirme également que 200 000 nouveaux retraités bénéficieront de la mesure chaque année. Ce chiffre passe ensuite à 40 000, pour finir à entre 10 000 et 20 000 personnes, comme on peut le lire dans un communiqué du ministre en question, datant du 23 février.  

Elisabeth Borne au sujet des surcotes

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© Blondet Eliot/ABACA

Ce lundi 6 mars, la Première ministre Elisabeth Borne réaffirmait sur le plateau de France 5 le fait que les surcotes, permettant de gonfler le montant des pensions de retraites, ne seraient aucunement affectées par la réforme, comme le rapportent nos confrères de Marianne. En effet, afin de toucher la même surcote, il faudra, après l'entrée en vigueur de la réforme, travailler 2 ans de plus. Des faits vérifiables dans les textes de loi en nette contradiction avec les dires de la Cheffe du gouvernement.

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Une réforme "de gauche" qui ne ferait aucun perdant

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Le samedi 4 mars, Olivier Dussopt avait qualifié dans le quotidien Le Parisien le projet de la réforme comme un texte "de gauche" et qui ne ferait, selon lui, pas de perdants. Or, il est évident après examination du projet et témoignages au cas par cas que c’est très loin d’être le cas. De plus, la justification de l’exécutif quant à la nécessité de cette réforme a été depuis le début du débat qu’il était nécessaire que les Français travaillent plus : n’est-ce pas là le premier facteur à impact négatif du texte ? Quant à l’affirmation selon laquelle ce texte serait un projet "de gauche", elle s’inscrit dans le discours gouvernemental à présent largement démenti selon lequel cette réforme serait porteuse de justice sociale.  

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