"Macron n'est plus dedans" : la baisse de moral du président depuis sa réélectionabacapress
Le président de la République, semble-t-il, fait face à un coup de mou. Faut-il penser qu'il sera moins pressé à l'occasion de ce second mandat ? Moins actif ?
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Les complications s’enchaînent et se suivent. Depuis sa toute première élection, laquelle lui a immédiatement ouvert les portes de l’Elysée, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de se jeter la tête la première dans les ennuis ; dont certains lui reprochent même de les avoir parfois engendrés. Difficile, par exemple, de ne pas penser aux Gilets Jaunes qui, longtemps, ont défié le président de la République. Ensuite, il y a eu la crise sanitaire… laquelle n’est toujours pas terminée, comme en témoigne aujourd’hui encore la huitième vague que documente régulièrement Planet.

Pour autant, rien de tout cela ne semblait avoir usé le président de la Républiqu e. Il a parfois pu apparaître "livide", ou "agité", certes, mais l’ambition réformatrice était là. Désormais, certains parmi ses proches s’interrogent, observe Europe 1 sur son site. Le chef de l’Etat aurait perdu "la combativité qu’il avait il y a encore quelques mois", informent nos confrères. Plus rien, aujourd’hui, ne saurait le stimuler. Pas même le traditionnel conseil des ministres, dont-il doute désormais de l’utilité. "Écouter ses ministres parler, ça le gave", abonde d’ailleurs un membre du gouvernement dont le nom n’est pas communiqué.

Emmanuel Macron "fatigué" : ce qui pèse vraiment sur le président

Les confidents du chef de l’Etat interrogés par la radio confirment : il ne serait tout simplement "plus dedans". Et cela n’a rien de bien étonnant… puisque le centre de gravité du pouvoir ne se trouve plus véritablement au Château, ni même à Matignon : il s’est déplacé désormais, à bien des égards, vers le Palais Bourbon où siègent les députés. Faute d’une majorité forte, le président de la République doit désormais apprendre à jouer de compromis.

"Emmanuel Macron a pratiqué pendant cinq ans un pouvoir auto-défini comme jupitérien. Il était l’homme-orchestre, au pouvoir omniscient et omniprésent. Dorénavant, cette vision du rôle présidentielle est contestée par l’électorat", observe d’ailleurs Sylvain Boulouque, historien politique, spécialisé dans l’histoire des communistes et des anarchistes sur qui il a écrit plusieurs ouvrages tels que Mensonges en gilet jaune (ed. Serge Safran) ou Le peuple du drapeau noir, une histoire des anarchistes (ed. Atlande)

Mais qu’est-ce que cela traduit, au juste, pour la suite du quinquennat ?

Macron "plus dedans" : coup de mou passager ou nouvelle organisation pour le quinquennat ?

D’aucuns pourraient penser que la situation actuelle résulte d’un simple "coup de mou" du président. Pour autant, force est de constater que les résultats des législatives ont été décevants pour Emmanuel Macron, aujourd’hui privé de sa majorité absolue. "Il y a de quoi se sentir désavoué par l’électorat, ce qui est en partie vrai. Ne bénéficier que d’une majorité très relative aura une conséquence directe sur sa façon de gouverner. Cela déstabilise déjà sa mécanique du pouvoir", poursuit le chercheur, qui enseigne à l'Université de Nanterre.

"En soi, deux options s’offrent maintenant au chef de l’Etat", poursuit Sylvain Boulouque, avant de détailler : "Il peut soit faire une alliance avec Les Républicains, comme il a d’ores et déjà commencé à le faire sur un certain nombre de sujets pour mener certaines de ses réformes sociales (ou anti-sociales, c’est selon), comme celles des retraites. Pour des questions touchant davantage au sociétal, comme l’inscription de l’IVGdans la constitution ou l’euthanasie, il se tournera davantage vers la gauche".

En somme, Emmanuel Macron va devoir de nouveau jouer du fameux "en même temps". Pourtant les choses sont différentes aujourd’hui. "Il n’a plus tout à fait la main sur ce en même temps, qui sera forcément plus horizontal qu’il n’a pu l’être et qui se jouera au gré des alliances ainsi que des recompositions politiques. Il n’est plus tout à fait le maître des horloges qu’il était", assène l’enseignant.

D’autres présidents ont-il souffert du même blues de second mandat ?

Usure du pouvoir : Emmanuel Macron est-il le seul ?

L’usure du pouvoir qu'éprouve aujourd’hui Emmanuel Macron est-elle comparable à celle que certains autres chefs d’Etat ont pu ressentir ? Pour l’historien, oui, dans une certaine mesure. 

"On a observé des phénomènes similaires avec d’autres présidents mais pas avec tous ceux qui ont été élus une deuxième fois. De Gaulle, par exemple, n’a pas fait montre d’une fatigue particulière… Quand bien même sa situation était assez différente. Dans le cas de Mitterrand, il serait malhonnête de ne pas faire état de sa maladie, qui semble l’avoir fatigué davantage que la pratique du pouvoir à proprement parler compte tenu du nombre de réformes structurelles qu’il a mené au cours de son deuxième mandat. Chirac, en revanche, a vu son pouvoir s’effriter après la contestation sociale en réponse à la réforme du CPA", rappelle ainsi Sylvain Boulouque.

Emmanuel Macron fera-t-il face, comme Jacques Chirac avant lui, à un nouveau mouvement social inédit ? Difficile à dire : la naissance spontanée de ces derniers les rend extrêmement difficiles à prévoir, affirme le spécialiste.