Emmanuel Macron étudiant : "Il avait un côté caméléon très frappant"

Il est facilement identifiable malgré le nombre de personnes présente sur ce cliché grand angle. C'est celui de la promotion Léopold Sédar Senghor 2002-2004 de l'ENA (où figuraient aussi Amélie Oudéa-Castéra, Gaspard Gantzer et Boris Vallaud, notamment) l'ancienne école nationale de l'administration, devenue par la propre volonté d'Emmanuel Macron l'Institut national du service public (INSP) depuis le 1er janvier 2022. A propos de scolarité et de hautes études, nous avons retrouvé un article paru dans Le Parisien-Aujourd'hui en France Magazine du 23 janvier 2015. Celui qui était alors ministre de l'Economie du gouvernement de François Hollande avait fait l'objet d'une enquête sur son parcours d'étudiant et sa personnalité. Agrémenté de témoignages croustillants de ses anciens "camarades."
Un parcours qui le mènera des jésuites à l'ENA
Sa scolarité se passe d'abord dans sa ville d'Amiens, où il va jusqu'en première au lycée privé catholique jésuite La Providence. Puis il quitte le nid (pour l'éloigner de Brigitte d'après la légende) et finit en terminale au prestigieux lycée Henri IV à Paris. Son bac scientifique en poche avec mention "très bien" en 1995, il s'inscrit en classe préparatoire (hypokhâgne puis khâgne) dans le même établissement avant ses 18 ans avec pour objectif d'intégrer l'Ecole normale supérieure, l'ENS (il essayera deux fois sans succès de passer le concours d'entrée). C'est de là que proviennent la plupart des propos recueillis par le quotidien (ce sera ensuite l'IEP, ou Sciences Po, un cursus en philosophie à Paris-Nanterre Université puis, l'ENA).
Un jeune homme "à part" avec de la "prestance"
L'étudiant Emmanuel Macron est décrit ainsi respectivement par l'auteure de cet article de 2015, Christine Monin, et Yannick Papaix, deux "anciens khâgneux" qui étaient dans la même classe. "Septembre 1995, rentrée des classes. Il arrive en retard, pantalon, pull-over et manteau noirs, la crinière épaisse, indisciplinée, une sacoche à la main. S'excuse dans un sourire et va s'asseoir au deuxième rang. Le jeune Macron a des allures de poète et un certain panache", écrit la première. Faut-il comprendre ici qu'il en fascinait déjà certains - "Il était charmant, assez beau gosse", confiait une élève anonyme - ou que le "en même temps" était déjà une habitude ? Christine Monin fait alors une remarque pertinente : il n'aura plus du tout le même style en rentrant chez Rothschild en 2008 !
Emmanuel Macron avait déjà "un côté caméléon très frappant"
S'adapter à toutes les situations comme si de rien n'était, le jeune Macron savait déjà faire. Jean-Baptiste de Froment, également dans la même classe prépa, se souvient : "Il avait un côté caméléon très frappant. Il savait adapter son discours à son interlocuteur et s'entendre avec des élèves aux origines et aux personnalités différentes." Tiens tiens, ça nous rappelle quelqu'un ! Reste que tous le trouvaient "sympathique", "brillant mais pas arrogant." En revanche, la camaraderie ne semblait pas être son truc (il n'avait aucun ami proche parmi les 48 autres élèves, ne participait pas aux fêtes !).
Un étudiant au profil solitaire et un camarade moyen
Une ancienne étudiante de Sciences Po, en cours avec le Président en amphithéâtre, avait, le 8 mai 2017, posté ce commentaire sur son compte Facebook : "Chaque semaine, il me tapait sur l'épaule pour me demander de me taire." Elle trouvait alors qu'Emmanuel Macron était "bien trop sérieux et rabat-joie !" Yannick Papaix, à nouveau : "Il cultivait une part de mystère, une vie parallèle dont on ne savait rien. Il était beaucoup plus adulte que nous, sans doute parce qu'il était déjà en couple avec son ancienne professeur de français (une femme de vingt ans son aînée)." Nous ne reviendrons pas sur ce dernier point. Tout cela confirme des propos recueillis par le Figaro le 31 mai 2017 peu après son élection. Un ancien de la Providence à Amiens, parlait du Président, alors lycéen, ainsi : "Non pas qu'il ait été du genre torturé. Au contraire, il était très bien dans sa peau. Mais, sans jamais s'isoler, il ne se laissait pas complètement absorber par la sociabilité adolescente." Un autre témoignage de Jean-Baptiste de Froment sur France Inter, en octobre 2016, est édifiant à ce sujet : "Au lycée, Emmanuel Macron était perçu comme celui qui dînait avec des profs. Il avait une capacité assez étonnante à discuter sur un pied d'égalité avec des gens qui avaient quarante ans de plus que lui. On avait le sentiment qu'il avait une sorte d'attirance pour la société des gens âgés, dont il avait envie de faire partie."
Un "Mozart de la finance" mauvais en maths et en économie
"Certains d'entre nous étaient des graines de technocrates qui visaient l'ENA. Pas lui. Il avait un profil très littéraire et un intérêt sincère pour la poésie" témoignait au Parisien un autre élève anonyme. Il n'était paradoxalement pas bon maths, du tout : il suivait un cours de maintien. Et l'économie n'était pas non plus son fort. Cela paraît incroyable mais ces faits sont bien réels ! Un autre témoignage finit par juger que ce n'était pas "le plus sérieux." Puis : "Je me souviens du jour où le professeur de philo rendait nos copies de concours blanc. Arrivé au milieu de la pile, il interpelle Emmanuel, qui devait avoir 7 ou 8/20. 'Cette copie frise la nullité, c'est indigne de vous'. Emmanuel ne s'est pas démonté." Par la suite, le Président se mettra avec succès au piano, voudra être acteur via la classe libre du cours Florent (il a passé un casting et n'a pas été pris pour un film avec Jean-Pierre Marielle), puis romancier. Mais, conclut proche en fin d'article, "Nous discutions économie. Il défendait les théories de Keynes contre l'ultra-libéralisme." Il n'était alors pas engagé politiquement. Encore du moins.
A tous ces témoignanges plutôt élogieux, nous opposerons ceux qu'un journaliste de Marianne, Etienne Campion, a compilés dans une biographie non officielle intitulée Emmanuel Macron : le Président toxique, chez Robert Laffont. Pour vous donner un avant-goût, il y est question d'un tricheur, d'un menteur et autres amabilités.