Emmanuel Macron aime-t-il se confronter au danger ? Pour tenter d'éviter l'enlisement, le chef de l'État est sur tous les fronts. Il n'hésite pas à provoquer les échanges rugueux.
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Emmanuel Macron tend-il (trop) la perche pour se faire battre ? Certains de ses déplacements et prises de parole pourraient semer le doute. À mi-mandat, le président de la République a déjà connu de multiples frondes sociales.

Après un an de crise de gilets jaunes, les tensions ne sont pas prêtes de faiblir. En témoigne le prochain mouvement de grève de grande ampleur contre la réforme des retraites, le 5 décembre prochain. Pour désamorcer la bombe, le chef de l'État n’hésite pas à prendre des risques, jugés inutiles par ses proches. Il consulte le moins possible ses collaborateurs, et va à l’encontre du danger, en se confrontant par exemple à des ouvriers furieux, note Le Figaro.

Emmanuel Macron : il n’hésite pas à plonger dans l’arène sans filet, contre l’avis de tous

Cette stratégie, Emmanuel Macron l’avait déjà utilisée entre les deux tours des présidentielles 2017. Il s’était rendu à l’usine Whirlpool d’Amiens, qu’il considère comme une "scène matricielle", selon un conseiller : "Il avait alors déboulé sur le parking de l’usine, au milieu des ouvriers en colère, pour ne pas laisser Marine Le Pen, sur place quelques heures avant, remporter le duel médiatique."

Une décision prise contre l’avis de ses collaborateurs et des services de protection.

"C’est pas les mecs de la sécurité qu’il faut écouter, avait-il assuré, dans un extrait immortalisé par les caméras de TF1. Je ne serai jamais en sécurité parce que le pays, il est comme ça aujourd’hui. Il faut prendre le risque. Il faut aller au cœur à chaque fois. Si vous écoutez les mecs de la sécurité, vous finissez comme Hollande. Peut-être que vous êtes en sécurité mais vous êtes mort."

Emmanuel Macron : "Il aurait pu se prendre une beigne à tout moment."

Deux ans et demi plus tard, c’est en tant que président qu’il retrouve les ouvriers de Whirlpool, alors ex-usine Whirlpool après la faillite du repreneur. Une plongée dans l’arène sans filet qui donne d’ailleurs des sueurs froides à ses équipes.

"Il est allé chez des ouvriers chauffés à blanc par Ruffin, tout aurait pu arriver", déclare un de ses proches. Un ministre précise : "Il aurait pu se prendre une beigne à tout moment." Cela n’a pas été le cas. Emmanuel Macron a d’ailleurs tenu à rappeler ce qu’il avait annoncé lors de sa première visite : "Moi, j’ai dit la vérité à Whirlpool. (…) Est-ce que j’ai dit : on va tous vous sauver, on va garder l’entreprise ? Non. J’ai dit : ceux qui vous disent ça vous mentent."

Mettra-t-il en place le même "commando" pour la fronde sociale du 5 décembre ?

Emmanuel Macron : il s’entoure "de gens qui bousculent le statu quo"

Le président s’entoure également de personnalités à fort caractère. "Des gens qui bousculent le statu quo, qui savent que l’administration est capable de tout broyer", dévoile l’un de ses proches. Marquant habituellement ses désaccords par des absences, le chef de l'État n’hésite pas à provoquer. "Ils me tueront peut-être d’une balle, mais jamais d’autre chose", aurait-il lancé, dans des propos rapportés par Cécile Amar et Cyril Graziani dans Le Peuple et le Président.

Bien qu’inquiet par le mouvement social du 5 décembre prochain qui gagne la France, Emmanuel Macron n’abdique pas.

Nouvelle méthode pour déminer les réticences déclenchées par la réforme des retraites ? Rester ferme dans la position première du gouvernement, qui consiste à mettre fin aux régimes spéciaux, au nom de la “justice sociale”, sans toutefois trop brusquer. Quelques souplesses restent envisageables.