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Il n'était pas encore président de la République quand il s'est engagé dans ce combat. Pourtant, Emmanuel Macron savait déjà qu'il faudrait partir en guerre…
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Cette guerre secrètement orchestrée par Emmanuel Macron : pourquoi il s’en est pris aux Japonais

Tout commence en 2015. Emmanuel Macron, 37 ans, est encore ministre de l’Economie pour le gouvernement de Manuel Valls, sous la présidence de François Hollande. C’est au mois d’avril qu’il décide de lancer un raid économique pour racheter 4,7% du capital de Renault, qu’il possède portant déjà à 15%. Une "blitzkrieg", comme la présente BFM Business dans un long article, que le fondateur d’En Marche justifie à l’époque par la volonté de faire appliquer la loi Florange dans toutes les entreprises où l’Etat est actionnaire. Une loi qui vise à renforcer les actionnaires de long terme au détriment des autres et donc qui favoriserait considérablement l’Etat, plutôt que les alliés de Nissan. Naturellement, ces derniers prennent assez mal l’initiative de la France, indique le site d’information.

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D’après d’anciens conseillers d’Emmanuel Macron et d’Arnaud Montebourg – qui a porté la loi Florange – l’objectif de ce conflit était clair : empêcher la dilution du pouvoir français par rapport aux Japonais. D’autant plus que les fortes performances de Nissan effraient considérablement l’Etat Français.

Ce dernier prône en effet une fusion, qui permettrait théoriquement à Renault de rafler la mise. Le constructeur Français, qui a soutenu le sauvetage de Nissan en 1999 est effectivement actionnaire du groupe japonais à 44%. C’est dans cette idée que l’Etat, suivant la stratégie d’Emmanuel Macron fait voter l’application de la loi Florange et négocie "dans la douleur" des accords de gouvernance en faveur de Renault, poursuit BFM. Renault a ainsi obtenu le pouvoir de nommer des dirigeants et des administrateurs chez Nissan.

"Il doit reconnaître que sa décision d’augmenter la participation dans Renault a probablement impacté la perception japonaise de l’alliance et renforcé les craintes selon lesquelles c’est l’Etat français qui a le contrôle ultime de Nissan", a estimé pour sa part Max Warburton, analyste pour AllianceBernstein, un gérant de fond américain. Le chef de l’Etat n’a "certainement aucun regret", a assuré un conseiller de l’Elysée.

Depuis, Emmanuel Macron a été élu président de la République, mais la guerre se poursuit : son gouvernement suis la route qu’il a tracé et a sommé, en mai dernier, Carlos Ghosn de prendre les mesures nécessaires pour consolider l’alliance. D’après la chaîne d’information la chute du PDG de Renault ferait d’ailleurs partie d’une réponse réfléchie depuis trois ans par les Japonais. "Les grandes batailles se préparent longtemps à l’avance", concluent nos confrères.

Cette guerre secrètement orchestrée par Emmanuel Macron : Carlos Ghosn, l’autre ennemi

Dans cette guerre d’influence pour le contrôle de l’alliance Renault-Nissan, les Japonais ne sont pas les seuls ennemis d’Emmanuel Macron. Carlos Ghosn, PDG du groupe Français fait également figure d’opposant. D’après BFMTV, "personne ne fait confiance au patron" de Renault au sommet de l’Etat. "Cela faisait des années qu’il justifiait son maintien en faisant croire que c’était lui ou le chaos face à Nissan. Et rappelait à l’Etat qu’il n’était qu’un petit actionnaire minoritaire", explique un ancien dirigeant du groupe automobile dans les colonnes du site d’information.

Avec le futur président de la République, les rapports ne sont pas plus sereins. Entre les querelles d’égos, évoquées par le magasine Capital, et la volonté de Carlos Ghosn de protéger les alliés japonais, les relations ne sont pas au beau fixe. Toutefois, après le raid, Emmanuel Macron prendra tout de même le temps de l’avertir personnellement et avant la presse comme les autres acteurs du marché, par courtoisie.

Pour autant, chez Renault, c’est Carlos Ghosn qui fait la loi, rappelle BFM. Et c’est une situation que l’Etat ne saurait tolérer puisque ce dernier s’oppose frontalement à Emmanuel Macron, refusant d’handicaper les japonais qui, si la loi Florange s’appliquait, ne disposeraient d’aucun droit de vote en dépit du fait qu’ils détiennent 15% du capital du constructeur français.

C’est précisément pour mettre fin à l’hégémonie du grand patron qu’Emmanuel Macron souhaite faire appliquer la loi Florange. "Le ministre de l’Economie veut se positionner et rééquilibrer le rapport de force avec le PDG de Renault. Avec des droites de vote double, il pèsera et Carlos Ghosn ne fera plus la loi", écrit la chaîne d’information en continu, pour qui Emmanuel Macron "sait bien que les grandes batailles se préparent à l’avance".

Cette guerre secrètement orchestrée par Emmanuel Macron : et si Renault avait perdu ?

D’après Capital, Renault serait ressorti de l’accord de "stabilisation" conclu en 2015 par Emmanuel Macron. En effet, pour gérer la véritable crise diplomatique engendrée par l’attitude de l’Etat Français. Ce dernier a du accepter de plafonner les droits de vote de Renault à 18% pour tout ce qui constitue un choix "non stratégique"…

Mais surtout, le groupe français a du promettre de ne s’opposer sous aucun prétexte aux décisions du conseil d’administration de Nissan, lors des assemblées générales. Cette condition répond aux craintes d’ingérence française formulées par Nissan. Pour Loïc Dessain, directeur général de Proxinvest, une société de conseil aux actionnaires, il s’agit d’un "abandon des droits de Renault sur son principal actif." "Renault n’a absolument plus aucune liberté sur l’exercice de son droit de vote chez Nissan.", estime-t-il dans les colonnes du magasine spécialisé en économie.