Emmanuel Macron : à J-1 de son émission spéciale, que peut-il annoncer ?

Publié par Matthieu Chauvin le 9/05/2025
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6 minutes
emmanuel macron addressing a live interview on french tv - paris aj
Mardi 13 mai, une émission spéciale intitulée "Emmanuel Macron - les défis de la France" sera diffusée en direct sur TF1 à partir de 20h10. Elle devrait durée heures, durant lesquelles le président répondra en direct aux questions de Gilles Bouleau et annoncera sans aucun doute des mesures fortes. Quelles seront-elles ?

Mardi 13 mai, dès demain donc, le président de la République se prêtera au jeu des questions et réponses face à Gilles Bouleau (et probablement Léa Salamé du service public), l'indéboulonnable présentateur du journal de 20h de TF1. L'émission spéciale, intitulée "Emmanuel Macron - les défis de la France", devrait démarrer aux alentours de 20h10 et durer deux heures environ (ce qui a déplus aux fans de Koh-Lanta, déprogrammée pour l'évènement). Un communiqué précise que le pensionnaire de l'Elysée donnera l'occasion à "plusieurs personnalités issues de la société civile" d’interroger le chef de l’Etat, qui "répondra également aux téléspectateurs."

Emmanuel Macron bousculé sur des sujets de société ?

On sait ainsi d'après les informations du Figaro qu'il sera confronté à la Secrétaire génarale de la CGT Sophie Binet sur les retraires, au maire de Béziers Robert Ménard sur la sécurité ou à l'essayiste Agnès Verdier-Molinier sur les finances publiques. Ce par séances de 15 minutes. Il sera aussi interpellé par le youtubeur Tibo InShape et, en vidéo, par l'ancien journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot et dont la voix sera reconstituée par l'intelligence artificielle, sans doute sur la question de la fin de vie. Cela pourrait être aussi un moyen de faire plusieurs annonces. Mais lesquelles. Plusieurs hypothèses circulent.

Le Premier ministre François Bayrou déjà désavoué

François Bayrou a accordé un long entretien au JDD paru le dimanche 4 mai, dans lequel il a envisagé de soumettre la question du déficit de l'Etat  à référendum. "convaincu que les partis politiques représentés à l’Assemblée se sont discrédités", interprète le journal. On peut y lire la raison du Premier ministre d'évoquer ce référendum sur "Un plan d'ensemble de redressement des finances publiques qui demandera des efforts à tout le monde [...] Je pense que la question est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens. Je n’écarte donc aucune possibilité."

Certes, sauf que comme le dicte la Constitution, seul le président de la République peut décider d'un référendum et seul les parlementaires peuvent voter un budget. Une initiative qui n'a pas plu à Emmanuel Macron. Un de ses proches, déclarait en off au Monde, le dimanche même : "Tant que le plan évoqué par le premier ministre n’est pas connu, il est difficile de se prononcer, que ce soit sur le plan juridique, sur celui de l’opportunité politique, [ou] sur la question du fond et de l’intérêt." De la langue de bois pour ne pas mettre de l'huile sur le feu ?

Un recentrage sur la France ?

Emmanuel Macron a été très pris par la diplomatie et la politique internationale ces derniers jours. Il doit jongler avec les gesticulations dévastatrices de Donald Trump, le conflit isarélo-palestinien, la guerre en Uktraine et depuis le début de la semaine les velléités entre l'Inde et la Pakistan. Le week-end du 4 mai, il était au Vatican. Lundi, il donnait une conférence pour faire venir en France les chercheurs (américains surtout). Mercredi, il rencontrait le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, puis recevait le président syrien "par intérim" Ahmed al-Charaa dans la polémique, due au passé djihadiste du tombeur de Bachar al-Assad. Vendredi enfin, il signait à Nancy un accord avec la Pologne : un traité de "coopération renforcée", incluant une "assistance mutuelle" en cas "d'agression armée." Dans la foulée, il partait en train pour Kiev rencontrer Volodymy Zelensky. Aussi, le Président va-t-il recentrer les débats sur la France et les préoccupations de nos compatriotes ?

Tentons de répondre à cette question dans notre diaporama ci-dessous en essayant de deviner les sujets qu'il va aborder ou les annonces qu'il prévoit de faire.

Un référendum à trois temps

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unrecognizable male voter holds in his hand a ballot above the ballot box

Ce n'est pas une valse, mais bien un référendum à trois temps que devrait (la tendance est très forte en ce sens) proposer Emmanuel Macron aux Français. Il s'agirait de répondre à trois questions le même jour, sur le même bulletin. Des hésistations persistent encore sur les thèmes de ces questions, nous allons le voir ci-dessous.

Revoir le rythme scolaire

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children with rucksacks jumping in the park near school pupils with books and backpacks outdoors

Depuis longtemps, Emmanuel Macron est convaincu que les élèves français ont trop de vacances scolaires. Il est vrai que nous sommes parmi les chanceux dans ce domaine. Mais paradoxalement, la durée annuelle de cours est elle la plus élevée du continent. Aussi, la question du rythme scolaire pourrait être intégrée au référendum. Il s'agirait de :

- réduire la durée des vacances scolaires (celles d'été notamment) ;

- réduire les heures de cours dans la journée (en commençant plus tard le matin par exemple, pour les collégiens et lycéens).

Si ce sujet est exclu du référendum, il fera l'objet d'une Convention citoyenne.

Le réarmement de la France

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Il est déjà en cours mais à grande échelle, le réarmement de la France coûterait des centaines de milliards d'euros  et creuserait un peu plus le déficit. Aussi, avant de lancer cette entreprise qui semble inéluctable, le Président souhaiterait avoir l'aval des Français, sachant que cela demanderait un effort collectif. Pourrait aussi figurer dans le référendum la question du retour au service militaire.

Une réorganisation territoriale

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facade of the town hall of heyrieux, city of heyrieux, department of isère, france

Peu avant les législatives de 2024, relate Maire Info, Emmanuel Macron déclarait : "Il nous faut déconcentrer beaucoup plus rapidement mais il nous faudra supprimer un échelon territorial pour ramener plus de simplicité et de liberté sur le territoire". Les collectivités territoriales sont un gouffre pour le budget de l'Etat. Il s'agirait de fusionner certaines des 36 000 communes que compte le pays, dont certaines manquent de moyens.

Mais RTL info (Belgique) rappelle que le dernier référendum sur le sujet avait eu lieu en avril 1969 à l'intitiative du Général De Gaulle et que face au "non", il avait immédiatement démissionné...

L'immigration

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europe gate - european union flag, european union flag image

Mardi 6 mai, le ministre de l'Intérieur Bruno était l'invité matinal de Cnews. Il a mis une certaine pression sur son Président en déclarant : "Tant qu’il n’y aura pas de référendum en matière d’immigration, on ne pourra pas reprendre totalement les rênes." Il souhaite pour cela changer la constitution. "Quand la loi ne protège pas les Français, il faut changer la loi. Sur l’immigration, pour reprendre le contrôle, il faudra une révision de la Constitution qui nous permette de faire un référendum." 

Mais il y a peu de chances qu'Emmanuel Macron cède sur ce point.

L'aide à mourir

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woman and teenager girl holding hands close up cropped shot adult person, psychotherapist, mother giving support, care, compassion to young teen kid, helping to cope with depression, problem

Emmanuel Macron est favorable a la loi débattue en ce moment sur la "fin de vie" qui parle "d'aide à mourir" et non d'euthanasie ou de suicide assisté. Loi que François Bayrou a scindé en deux, remettant l'accent sur les soins palliatifs. Mais l'intervention prévue mardi soir de Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot et qui souhaite pouvoir décider du jour de sa mort, pourrait pousser le Président à prendre clairement position et à placer l'aide à mourir dans le référendum.

Une réponse aux droits de douane américains

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pouring whiskey from bottle into glass on wooden barrel against black background, closeup

Même si les décisions finales de l'administration Trump concernant l'augmentation des droits de douane ne seront effectives qu'en juillet après négociations, le Président pourrait annoncer une série de surtaxes de 25 % sur les produits américains importés : le bois, les motos, des produits plastiques, des équipements électriques, ou encore des produits cosmétiques, en plus des produits à base d’acier et d’aluminium...

Même le bourbon, sur lequel la France avait reculé, pourrait finalement être taxé.

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