Dissolution de l’Assemblée : Emmanuel Macron pourrait-il de nouveau appuyer sur le bouton dès le 8 juillet ?

Publié par Alice Ernult
le 1/07/2025
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3 minutes
Emmanuel Macron
Un an après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le président Emmanuel Macron retrouve, dès le 8 juillet 2025, le pouvoir constitutionnel d’en déclencher une nouvelle. Une hypothèse qui, dans le climat politique actuel, n’a rien d’invraisemblable. Explications avec le politologue et essayiste Thomas Guénolé.

C’était il y a à peine un an : à la suite de la déroute de la majorité présidentielle aux élections européennes, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale. Résultat : une chambre morcelée, un Premier ministre sous tension permanente et une majorité introuvable. Pourtant, malgré ce précédent instable, l’idée d’un nouveau recours à l’article 12 de la Constitution est sur toutes les lèvres.

“À partir du 8 juillet, Emmanuel Macron peut légalement dissoudre à nouveau l’Assemblée”, confirme le politologue Thomas Guénolé. Passé le délai d’un an imposé entre deux dissolutions, le chef de l’État retrouve son entière liberté d’action. Une liberté qui ne dépend d’aucun vote, d’aucun conseil : “C’est un pouvoir discrétionnaire. Il n’a besoin que d’informer la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat. Personne ne peut l’en empêcher.”

Un scénario redouté

Interrogé sur cette hypothèse il y a quelques jours, Emmanuel Macron répondait : “Mon souhait, c'est qu'il n'y ait pas d'autre dissolution”. “Mais mon habitude n'est pas de me priver d'un pouvoir constitutionnel, parce que si des formations politiques décidaient d'avoir une approche totalement irresponsable et de bloquer le pays, peut-être me retrouverais-je dans une situation où je dois utiliser la Constitution”, a-t-il poursuivi.

L’idée d’une nouvelle dissolution agite toute la classe politique. Marine Le Pen l’a évoquée publiquement comme un scénario “dangereux à écarter”. Jordan Bardella, de son côté, appelle le chef de l’État à “redonner la parole au peuple”. À gauche aussi, les débats sur la motion de censure promise par le Parti socialiste fragilisent encore davantage le gouvernement Bayrou, dont la survie politique semble suspendue à l’examen du prochain budget.

Mais la tentation présidentielle d’un nouveau “coup de poker” électoral est à double tranchant. Pour Thomas Guénolé, le risque est clair : “Une nouvelle dissolution pourrait ouvrir la voie à une victoire de l’extrême droite, et donc à sa prise de pouvoir en France”. Un scénario que plusieurs figures politiques, de Michel Barnier à François Hollande, prennent désormais très au sérieux.

L’arme nucléaire de l’instabilité

Car une deuxième dissolution, en si peu de temps, viendrait consacrer l’échec du “nouveau cycle politique” lancé par Emmanuel Macron en 2024. Elle pourrait aussi accélérer les appels à sa démission, déjà portés par certains élus de droite comme David Lisnard, et encourager une présidentielle anticipée, scénario souhaité par la France insoumise.

Mais pour le ministre en charge des relations avec le Parlement, Patrick Mignola, proche de François Bayrou, le chef de l’État reste animé par une volonté de stabilité : “Je ressens chez lui un profond attachement à la continuité politique, alors que le monde est instable”, a-t-il déclaré à La Tribune Dimanche

L’équation reste entière. Dissoudre à nouveau, au risque de plonger le pays dans une nouvelle campagne éclair aux issues incertaines ? Ou préserver un statu quo instable jusqu’au budget d’automne ? Une seule certitude : la décision appartient à un seul homme. Et ce pouvoir, Emmanuel Macron pourra en user dès lundi prochain.

 

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